DEUXIEME PARTIE
QUELLE EST NOTRE ORIGINE ? QUEL PROJET DE DIEU POUR NOUS ?
QUESTION 13: Comment expliquer mon existence personnelle et celle de l'univers?
REPONSE: Parmi les hommes il y a deux catégories :
-
- ceux qui nient avoir été créés par une Volonté Toute Puissante appelée DIEU, mais ne peuvent expliquer comment ils existent. Ils se disent « athées » c'est-à-dire « sans Dieu », ou « agnostiques » s’ils déclarent ne pas connaître…tout simplement, comment et pour quoi ils existent !
- ceux qui, partant de la certitude qu’ils ont d’exister, de la certitude qu’ils sont à la fois « matière » et « esprit », du principe que « rien ne se crée tout seul», disent : « je suis, donc Dieu est… ».
En même temps que nous avons la certitude d’exister, nous avons celle d’avoir eu un « commencement », ce qui induit la nécessité d’une « création » et d’un « pouvoir créateur » reconnu à Celui qu’on appelle Dieu, à qui nous devons notre création et le maintien dans l’existence, quelle que soit notre « vision de Dieu »! Cf à ce sujet la question /réponse n°18 concernant notre « Relation au Divin ». Il y a, en effet, des divergences sur la façon de concevoir Dieu et de vivre sa relation à Lui. Certains croient en Dieu, mais sans plus de précision. Ce sont les "déistes". Le chrétien croit en un Dieu d’Amour, Créateur de l’univers et donc de l’homme et qui désire le Bonheur de celui-ci !
QUESTION 14: Que pouvons-nous savoir de la création?
REPONSE : En ce qui concerne la création, c’est à la science que l’on demande « comment » l’univers a été formé, pas à la Bible. C’est à Dieu, à travers la Bible, que l’on demande « pour quoi » il a créé l’univers, et non à la science qui, elle, n’a pas compétence pour cela !
LE COMMENT DE LA CREATION
Il faut se méfier des slogans simplistes qui n’expliquent rien, du genre : « l’homme descend du singe… ». Il faut aussi relativiser les découvertes successives, souvent contradictoires d'ailleurs, concernant l’histoire de l’humanité et qui demandent une confirmation logique et durable !
Il est étonnant, par exemple, qu’on nous parle de dates d’apparition des premiers hommes sans nous avoir précisé qui est l’homme et ce qui différencie l’homme des animaux supérieurs (à savoir, l’existence, en lui, de « l’esprit »).
Même les magnifiques découvertes scientifiques modernes concernant l'univers, s'avèrent incapables d'assouvir notre soif de connaissance!
Il faut savoir que plus ces connaissances augmentent et plus nombreuses sont les questions restant à résoudre !
C'est une évidence, qui ne doit pas, d'ailleurs, freiner notre désir de découvrir.
Même ce qui est scientifiquement établi à l’heure actuelle pour la partie accessible de notre univers, pourrait être remis en question quant à son universalité, par de nouvelles découvertes. Ainsi, au niveau des « trous noirs », il semble que les lois « physiques » qui régissent notre monde ici-bas ne s’y appliquent peut-être pas vraiment !
Tout cela doit nous rendre très prudents vis-à-vis de toutes les théories proposées successivement sur la « création ». Sinon, on risque de se voir contredit par les faits, comme certains responsables dans l’Eglise l’ont été lors de « l’affaire Galilée », pour avoir manqué de prudence. C'est à cette prudence que nous a invités le concile Vatican 2, avec le document « Dei Verbum » sur l'interprétation de la Parole de Dieu!
Actuellement, la plupart des scientifiques admettent un « big bang », à l’époque initiale de l’existence de l'univers, à partir duquel s’est produite une « évolution ». On nous affirme aujourd'hui que des quantités de "big bang" se produisent !
Certes…mais dans l'évolution de l'univers, on est frappé par la survenue de phénomènes absolument imprévisibles au départ, tels que l’apparition de la vie.
C'est ainsi que, il y a trois milliards d'années, l’apparition de la vie sur terre, avec toute sa complexité, eut été totalement imprévisible!
On ne pouvait prévoir les lois qui régiraient la biologie car les lois naturelles ne sont pas antérieures aux réalités de l’univers, mais découlent de ces réalités elles-mêmes.
Il y a, dans l’univers et au cours du temps, une complexité croissante. Force est de constater que l’avenir ne découle pas automatiquement du passé !
Cela évoque une « création continue » opérée par Dieu, une intervention de la part d’un « pouvoir d’intervention intelligent » (intelligent design), agissant dans un but déterminé!
On trouvera dans le Tome 2 de "Réponses chrétiennes à quelques questions" au chapitre 3 les principales théories avancées pour essayer d'expliquer le "comment" de la création.
Cf aussi le complément à la Réponse 14, sur le "comment de la création".
QUESTION 15: Quel est le "pour quoi" de la création? Cf SCHEMA N°3 (Projet de Dieu)
REPONSE: C’est la grande question débattue dans l’humanité depuis qu’elle existe. Le Créateur seul peut y répondre et nous communiquer cette réponse. Il en résulte qu'il nous faut d'abord répondre à la question " qui est Dieu, quel est son projet sur nous ? ", pour ensuite, à la lumière de ce Plan de Dieu, connaître notre origine et notre destinée.
Les différentes religions donnent chacune leur réponse.
Ici s'opposent, en fait :
- Les religions "révélées", affirmant que Dieu s'est exprimé, vis-à-vis de ses créatures humaines, sur ce qu'il est, sur son projet pour l'humanité. Mais il y a désaccord entre les différentes religions révélées, sur la véracité des "révélations" avancées par les autres.
Le christianisme, lui, est basé sur la révélation juive de "l'Ancien Testament" complétée et accomplie pleinement par le CHRIST JESUS et développée dans le Nouveau Testament.
La réponse au "pour quoi" de la création, fournie par la Révélation chrétienne, sera abordée avec la troisième partie de cette catéchèse : "quelle est notre destinée"?
- Les religions non révélées, qui, elles, expriment les convictions des hommes concernant le "Créateur". Ces convictions proviennent de "l'ordinateur cérébral personnel" des fondateurs de ces religions (leur cerveau) et non du Créateur lui-même, qui seul peut répondre à la question du "pour quoi" il crée et qui peut seul révéler cette réponse aux hommes.
Il faut, ici, évoquer la particularité du boudhisme initial du Boudha Gautama, qui se situe hors de toute "révélation divine", puisqu'il n'admet aucune Divinité spécifique détentrice d'un pouvoir créateur. Cette doctrine vise seulement à délivrer l'homme de la souffrance en suivant la "voie" découverte par son fondateur grâce à une "illumination" qui n'est donc pas une "révélation divine" à proprement parler, mais qui a relevé peut-être, en partie, de l’Esprit Saint !?.
QUESTION 16: Quelle vision de Dieu ont les hommes.
REPONSE: C'est le propre des religions de répondre à cette question, mais chacune de façon différente.
VISION CHRETIENNE DE DIEU: DIEU EST AMOUR
On peut consulter le schéma n°3 : Dessin d'un cercle sur lequel trois points figurent le Père, le Fils, l'Esprit, que l'on réunit par trois traits dessinant un triangle entre les trois Personnes divines, dans lequel les termes « DIEU » et « AMOUR » évoquent Dieu lui-même. Ainsi on voit bien que, sur le cercle, aucune des Personnes n'est devant ni derrière les deux autres.
Chacune des trois Personnes Divines possède l’entière divinité et une entière personnalité dans l’Unité de Dieu. Cela est le mystère de la Sainte Trinité, inaccessible à la raison humaine.
La Trinité divine est SOURCE de l'AMOUR du fait de la relation d’Amour entre ces Trois Personnes Divines.
L' AMOUR, en Dieu, n'est possible que parce que Dieu est Un et Trine…ce qui n'est pas le cas du Dieu de l'Islam, dont la majesté est affirmée très positivement, mais dont la présence d'une seule Personne en Dieu, exclue la possibilité de relation d’Amour….avec une Autre Personne, puisqu’il est seul !
D'où vient la certitude que Dieu est Amour?
De la même façon que nous bénéficions (tous) de la certitude d'exister, communiquée à notre esprit par l'ESPRIT de Dieu, nous pouvons avoir, par la même voie, communication, au niveau de notre esprit, de la certitude qu'il est notre Père ( cf Rm 8, 15-17), tout comme la certitude que Christ est vivant (ressuscité). C’est cela même qui a été donné à Paul sur le chemin de Damas (Ac 9, 1-25).
Cette certitude est l’assise même de la FOI chrétienne, basée alors non plus sur une simple croyance en Dieu, issue de convictions de notre raison, mais sur une confiance absolue en son Amour et en ce qu'il nous révèle.
Par contre, en aucun cas, nous ne pouvons donner le caractère de certitude à ce qui vient seulement de notre "ordinateur cérébral matériel", de notre raison, et ne peut être que conviction!
Or, certains, par ce qu'ils ont bénéficié de la communication, par l'ESPRIT de DIEU, de la FOI en l'Amour de Dieu, vont inventer ensuite des choses qui ne viennent que d'eux-mêmes (et de leur vanité parfois), aux quelles ils donnent le "label Esprit Saint" avec beaucoup de toupet: c'est là l'origine des "gnoses".
La vision chrétienne de Dieu exige que nous définissions ce qu’est l’Amour.
L'AMOUR … QU'EST-CE ?
Sa définition est capitale pour entrer dans la connaissance de Dieu et de son Plan.
L'amour n'est pas un sentiment…mais comporte une expression sentimentale! Il est un double mouvement de la volonté, nous faisant à la fois sortir de nous-même pour « donner » et nous ouvrir à l'autre pour « accueillir ».
Les deux mouvements de l'Amour sont :
- Le DON : je donne à l'autre tout ce dont il (elle) a besoin légitimement pour son BONHEUR… et que je puis lui donner, même si cela exige des sacrifices de ma part!Il faut donc définir le Bonheur, qui est la correspondance entre ce pour quoi je suis certain d’avoir été créé et ce que je réalise concrètement dans ma vie. Le BUT ultime de ma vie, c'est la participation à l'AMOUR EN PLENITUDE de la Trinité divine dans le Royaume, à ce qu'elle vit de toute éternité entre le Père, le Fils et l'Esprit. Dans notre vie, les objectifs réalisés progressivement et concrètement en vue de ce BUT représentent déjà des bonheurs (partiels, mais appréciables!). Dans cette recherche du Bonheur, il y a une tension vers l'Absolu.
- L' ACCUEIL de mon BONHEUR par l'intermédiaire de l'autre et non plus par moi tout seul. Ainsi, si j'entre dans le sacrement de mariage, je remets « la clé de mon Bonheur » entre les mains de l'autre. C'est l'acceptation d'une dépendance d'amour vis-à-vis de l'autre (humain) et de "l'Autre"(divin) qu'est le Seigneur, réalisable dans les différents états de vie.
Cette acceptation de dépendance d’Amour est manifeste dans le premier sacrement reçu, celui du Baptême, mais aussi dans les autres et dans certaines options choisies pour notre vie. Le terme de"dépendance" peut paraître ambigü. Aussi faut-t-il préciser que c'est une dépendance d’Amour et non d’esclavage. C’est en fait la reconnaissance du besoin que nous avons de l'autre pour gagner notre bonheur!
De plus, la « révélation chrétienne » nous montre que Dieu, de son côté, a réalisé, en la personne du Christ, vis-à-vis de l’humanité, une dépendance d’Amour. Il s’agit donc, entre l’homme et Dieu d’une merveilleuse interdépendance d’Amour !
SOURCE DE NOTRE AMOUR
C'est Dieu, ce n'est pas nous. En Dieu, et parce qu'il est UN et TROIS PERSONNES, il y a une circulation d'Amour éternelle, infinie qui est sa propre Source d'Amour.
Pour comprendre notre relation indispensable à la Source d'Amour qu'est Dieu, il faut utiliser ici le "schéma 4" de ce que nous sommes, à savoir, un simple « vase d'argile », selon Paul, mais destiné à être rempli d'amour s'il est branché sur la Source de l'Amour donc sur Dieu.
Notre vase est relié à Dieu par un branchement sur lequel se trouve la vanne de notre liberté. C'est notre liberté qui assure ouverture ou fermeture par nous de ladite vanne (cf aussi chap. 2, P. 15 du Tome 1 de "Réponses chrétiennes à quelques questions").
Si nous sommes bien branchés sur la source de l'Amour et notre vanne ouverte, notre vase, rempli d'un amour véritable, débordera d'amour sur le prochain!
Sur le canal conduisant à notre vase sont branchés des canaux accessoires par lesquels nous apportons d'autres éléments de remplissage de notre vase.
Certains éléments ne sont que des produits concurrents de l'Amour que, dans notre illusion, nous envoyons vers notre vase pour le remplir si le flux venant de la Source de l'Amour a été tari par notre fermeture volontaire partielle ou totale de la vanne. Il s'agit des convoitises de toutes sortes, prétendant remplacer l'Amour pour l'obtention du Bonheur. Ainsi pour le Pouvoir, l'Emprise, l'Argent, la Gourmandise dans ses différentes modalités : alimentaire, sexuelle, intellectuelle…!
D'autres canaux accessoires ont été prévus par Dieu lui-même, dans son Plan. Mais certains canaux sont devenus incertains quant à leur apport. Ainsi celui de la sexualité humaine qui peut tout autant apporter soit un renforcement efficace de l'Amour si la sexualité est vécue selon le Plan de Dieu, soit du refus de l'Amour en cas contraire !
Ceci confirme donc que, en l'absence de branchement efficace sur la Source de l'Amour qui est Dieu lui-même, nous ne pouvons "rien faire", comme nous l'a rappelé Jésus ! Au contraire, si nous nous branchons à plein sur l'Amour de Dieu, le flux emplissant notre vase se renforcera aussi par notre apport personnel d'Amour. Celui-ci vient des canaux accessoires et nous pourrons déborder d'Amour sur le prochain, pour correspondre au Projet de Dieu.
NB Ce paragraphe est développé dans le compléments à question /réponses n°16.
QUESTION 17 : QUELLE EST LA VISION DE DIEU PAR LES RELIGIONS NON CHRETIENNES
REPONSE : Cette vision est très variée selon les différentes religions, mais elle reflète surtout la personnalité de leurs fondateurs.
Ainsi pour l'Islam, dans lequel est soulignée la Toute Puissance divine, mais aussi, en écho, l'utilisation de la force, recommandée pour la diffusion de la doctrine et l'élimination des opposants. Cela correspond bien à la personnalité de Mahomet telle qu'elle se montre à travers le Coran, l'histoire de sa vie et celle de sa fin (cf « les derniers jours de Muhammad » de Hela OUARDI).
Quand le "Divin" se répartit en une multitude de "dieux", comme dans l'hindouisme, la vision de ceux-ci reflète les traits mêmes de la personnalité de ceux qui les adorent, aussi variés qu'il est possible dans leur comportement. Dans ce cas, se vérifie la formule bien connue selon laquelle "Dieu fit l'homme à son image…mais l'homme le lui a bien rendu"!
Le Judaïsme et le christianisme se situent dans une même tradition, inséparables en fait l'un de l'autre, le second représentant la suite logique et l'accomplissement du premier.
QUESTION 18: Quelle est notre relation fondamentale à Dieu résultant de notre « Vision de Dieu » ? (Cf SCHEMA N° 5 sur les variétés de relation à Dieu).
REPONSE: Pour entrer en relation, il faut un vis-à-vis. Par conséquent, l'homme qui se dit athée ou agnostique ne peut entretenir de véritable relation avec Dieu, ni répondre à la relation que Dieu a avec lui puisqu'il nie Dieu.
Notre relation fondamentale à Dieu dépend du choix profond que nous faisons concernant la façon d'obtenir notre bonheur :
Soit nous acceptons, comme Dieu nous le demande au début du Livre de la Genèse, que notre BONHEUR nous vienne par l'Amour, basé sur la confiance en Lui, nous sommes alors avec Dieu dans une relation d'Amour basée sur cette confiance. C'est la FOI!
Soit nous refusons cette offre et prétendons trouver notre bonheur par nous même, en dehors, voir en opposition avec l'Amour. Dans ce cas, nous sommes alors, vis-à-vis de Dieu, dans la méfiance et certainement pas dans l'Amour : nous croyons peut-être en Dieu, mais nous n'avons pas la Foi! C’est ce que Satan a toujours suggéré à l’humanité : la méfiance cf Gn 3, 1-5.
Comment se présente notre PIETE, qui est l’expression, dans notre vie concrète, de la relation fondamentale que nous avons avec Dieu?
Si nous sommes dans la religiosité, qui est une disposition pour les "sentiments religieux", en dehors d'une religion définie, alors notre piété a une tonalité affective très forte. Il y a une importante participation par le corps. Les sentiments y sont fortement manifestés. Celui qui est dans la religiosité est très sensible à son environnement, à l'univers et aux forces de celui-ci, bénéfiques ou maléfiques, qu'il s'agira, dés lors, de neutraliser, ou de se concilier, selon les cas.
D'où la propension au "magique", qui n'est autre que l'utilisation de "pouvoirs occultes, concurrents de celui de Dieu", pour les mettre au service de désirs parfois légitimes (magie "blanche"), parfois mauvais (magie "noire"), mais de toutes façons en opposition formelle à Dieu, dont la toute-puissance est ainsi contestée, pour le moins, ou, au pire, niée au profit de celle du Mal (magie noire).
Il va sans dire que ce genre de piété baigne dans la peur, en particulier celle des esprits mauvais, auxquels on a ainsi donné prise sur soi et à la dépendance desquels on ne peut plus, croit-on, se soustraire. D'où le danger d’un enfoncement progressif dans ces pratiques magiques.
Dans ce cas, en effet, même si l'on proclame bien haut croire en un seul Dieu, ayant pour corollaire l'affirmation de la Toute-puissance de Dieu et cela au niveau de l'intelligence psychique, logique....on se comporte, au niveau psycho affectif, comme quelqu'un qui doute de la Toute-puissance de Dieu, ou qui doute, pratiquement, de la "justice miséricordieuse" de Dieu, puisque ce dernier "l'abandonne à la vindicte des ennemis". Il y a là une opposition, assez caractéristique de cette religiosité, entre ce qu'affirme la personne et qui vient de sa"raison" et ce qu'elle ressent au niveau de l’âme et qu’elle vit.
La personne de ce type est souvent très influencée par un milieu socio culturel favorisant, sociologiquement "chrétien", mais non "converti" en fait. C'est dans le cadre de cette "religiosité" que l'on voit le plus cette distorsion entre une affirmation d'appartenance chrétienne et un comportement niant une adhésion réelle à la Bonne Nouvelle et plutôt une pratique de "double religion".
La seule "pratique religieuse" pourrait donner le change lors d'un examen superficiel des choses! C’est ainsi que l’on voit certaines familles de "bons chrétiens" se livrer à des pratiques de sorcellerie notoire! Lorsque c'est la "religiosité" qui prime, il y a tendance à donner la première place à tout ce qui est "ressenti" et non à ce qui est "raison".
Si nous sommes dans les "croyances" La piété y a un caractère beaucoup plus "réservé". En raison de la participation importante du travail de la raison dans les analyses et les synthèses, au niveau de l'intelligence psychique, il y a une prise de distance avec l'affectif. Il y a même souvent une suspicion systématique vis à vis de toute manifestation affective chez soi-même et chez les autres.
Cela peut aboutir au rejet de toute personne exprimant ses sentiments, et jugée, de ce fait, dénuée du minimum d'intelligence pour comprendre les élaborations savantes, érigées par des "croyants" intellectuels, en systèmes rigoureux de pensée. Rien d'étonnant, dés lors, s'il y a incompréhension irréductible entre ces "intellectuels" et les personnes plus « affectives ».
Que ces personnes soient dans la "religiosité", comme on vient de le voir, ou dans la "foi", comme on va le voir! Ce qui domine, en fait, dans la "piété" résultant des "croyances", c'est la suprématie de la "raison" par rapport à l'affectif.
A la limite, tout ce qui n'est pas immédiatement explicable par la "raison" est a priori suspect.....et certains vont même nier tout caractère miraculeux dans les actions du Christ, ou, tout au moins réduire tout miracle à sa plus simple expression.
Cette "piété" désincarnée, car volontairement coupée de la composante affective, considère souvent avec méfiance toutes les personnes qui ont besoin d'exprimer, très légitimement en fait, ce qu'elles ressentent au niveau de leur affectivité. C’est une source d’incompréhension !
Dans le cadre de la "foi"
Comme on l'a vu, la "piété", (qui est le vécu de la personne dans sa relation au Divin), intéresse la globalité de la personne, à partir de cette certitude de l'Amour de Dieu. Cette certitude habite l'esprit et diffuse, de là, dans l'âme et dans le corps. Ici, il n'est plus question de peur, mais de relation amoureuse avec Dieu, à travers tout ce qui relève de l’esprit, de l’âme dans ses deux composantes, ainsi que du corps. A ces deux derniers niveaux, on rejoint les mêmes moyens d'expression que dans la "religiosité" : les sensations, les impressions sensorielles, les émotions...peuvent être intenses. Elles peuvent s'accompagner de mouvements, de perte du tonus postural avec même chute à terre, ainsi que de larmes, de rire, de soupirs parfois bruyants.
Mais tout cela se fait dans la paix, la simplicité, sans recherche de démonstrations exagérées. Cette ambiance est différente de celle qui caractérise la religiosité, car elle vient de l’esprit et n’est pas une simple « sensiblerie » !
Les "fruits", d'ailleurs, sont nettement différents : libération, absence de peur, discrétion et humilité, simplification, équilibre psycho affectif et corporel....avec influence favorable, en retour, sur la vie spirituelle.
C'est dans ce cadre que l'on observe le "repos dans l'esprit", le "parler en langues", les manifestations vraies de la « bénédiction du Père »… toutes manifestations qui, du moment qu'elles sont d'origine spirituelle, comporteront de bons fruits.
Un autre caractère de différenciation entre les manifestations vécues dans le cadre de la Foi et celles provenant de la"religiosité" consiste, pour ces dernières, en répétition de manifestations du même type, comme stéréotypées, chez une même personne, avec demandes réitérées de "prière" pour le même problème persistant et sans aucun progrès apparent sur le plan spirituel.
Un tel caractère doit faire hautement suspecter un blocage dans la religiosité, avec, sans doute, une conception magique de la relation à Dieu! (Cf aussi le Complément à la réponse 18 sur la piété).
NB On trouvera plus de détails concernant cette question dans le tome 1 de "Réponses chrétiennes…" au chap. 9