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7 septembre 2018 5 07 /09 /septembre /2018 15:25

 

                                   LA  SOUMISSION

Réflexion à partir des textes du 21ème Dimanche ord. B

 

Il y a plusieurs sortes de soumission. Notre vie est remplie de la plus évidente, qui est la soumission aux nécessités de la vie courante : se nourrir, mettre son réveil pour le lendemain matin, mettre les poubelles au bon moment et selon la couleur  …etc   etc ! Mais nous croulons journellement sous tous les règlements accompagnant cette sorte de soumission. Ils sont  issus de lois qui nous dépassent et qui sont promulguées sans notre accord, voir même en plein désaccord avec notre conscience. Certes, nous admettons qu’il faut des règlements, mais ni excessifs ni illégitimes. A l’opposé, certains hommes politiques ou certains «  philosophes » préconisent le rejet de tout règlement. Une telle exagération  nous mènerait à une anarchie dévastatrice ! En fait, ce qui nous met mal à l’aise, c’est la conviction que ceux qui édictent des quantités effarantes de règlements exercent un  pouvoir illégitime car ils se sont aproprié le droit de déterminer le Bien et le Mal, droit qui n’appartient qu’à Dieu !

Au contraire, Jésus, dans cet évangile de Jean (6, 60-69), nous invite à une autre sorte de soumission que celle évoquée plus haut : une soumission à l’Amour, par amour. Dans cette autre sorte de soumission, le « soumettant » et le « soumis » doivent être tous deux animés par l’amour !

 

Il ne s’agit plus de soumission à l’autorité auto proclamée des détenteurs du pouvoir humain.

 Dans la soumission à l’Amour et par amour, c’est l’Amour, en la personne du Dieu unique et trinitaire, qui sollicite notre soumission, mais après nous avoir montré combien il nous aime, par l’envoi parmi nous  du Fils, le Verbe fait homme, pour nous rétablir sur le chemin de l’amour et du Bonheur. Cette preuve d’amour entraîne, pour nous, la nécessité d’y répondre par une confiance totale et donc par une soumission de toute notre personne à ce Dieu unique et Trine qui est la Source même de l’amour !

Dans ce même passage de l’évangile de Jean du 21ème dimanche ordinaire B (Jn 6, 60-69), Jésus dévoile la condition nécessaire pour arriver à la « vie éternelle », c'est-à-dire au Bonheur du Royaume. Cette condition, c’est de passer par lui, concrètement, pour parvenir au Père et donc, pour cela de « manger sa chair et boire son sang » ! Mais comment faire comprendre à ces disciples qui suivaient Jésus, que sa chair serait sous les apparences du pain et son sang sous celles du vin ? Cela ne leur sera révélé  qu’à la dernière Cène, le jeudi Saint, avec l’offrande que Jésus fait, de son corps, de son sang, de sa vie, pour le salut du monde! Pas étonnant que certains des disciples (la plupart ?)  n’aient entendu que le sens littéral strict des paroles de Jésus. Leur « raison raisonnante » les plonge alors dans l’horreur d’une dégoûtante anthropophagie ! Pour prendre la distance nécessaire vis-à-vis du sens littéral des paroles de Jésus, il fallait la  confiance  totale de Pierre, découlant d’une soumission d’amour envers « le Saint, le saint de Dieu : Jésus ! ». 

Cette croyance de Pierre en la filiation divine de Jésus, assortie de la confiance  totale en l’Amour de Dieu entraîné alors la magnifique affirmation de FOI ;  « à qui irions nous ? Tu as les paroles de la Vie éternelle… ».

C’est sans doute progressivement que ceux qui sont restés avec Jésus comprendront  que communier au corps et au sang du Christ n’est pas prendre emprise sur Jésus. Mais, bien au contraire, pour celui qui le reçoit, c’est ouvrir son corps, son âme, son esprit, bref, sa personne toute entière à Jésus pour que la vie « naturelle » y soit changée en Vie Surnaturelle !

Le lien peut être alors établi avec le magnifique passage d’Ephésiens 5 où Paul nous introduit d’emblée dans la « soumission d’amour » qui s’applique à tous, hommes ou femmes : « soyez soumis les uns aux autres » ! C’est la règle pour tous, sans exception !

Ensuite, selon les capacités de chacun, selon la saine répartition des compétences dans le couple, la « soumission d’amour » s’exerce différemment. Le fameux « femmes, soyez soumises à vos maris », cauchemar des féministes, devient, certes une exigence de l’amour, mais pour le bénéfice de cet amour et non pour un esclavage hors de question ! Et quand on compare avec ce qui est exigé des hommes (alors que leur sainteté n’est pas plus évidente que celle des femmes…loin de là !), on reste confondu par la capacité que Paul attribue aux hommes, à savoir, la capacité « d’aimer leur femme comme le Christ a aimé l’Eglise » et de livrer leur vie pour elle ! Le « soumettant », celui qui soumet, devient donc, parce qu’il est mu par l’amour, celui qui donne à l’autre tout ce qu’il peut pour un vrai Bonheur et qui accueille de l’autre son propre bonheur, dans la confiance d’un amour véritable.

On retrouve là les deux « volets » caractéristiques de l’amour véritable qui, dans cette « soumission par amour » est le fait, aussi bien, de celui qui « soumet » que de celui qui « se soumet »

Ainsi, la soumission « dans l’amour et par l’amour » induit-t-elle la relation d’amour nécessaire entre chacun de nous et Dieu d’une part et entre chacun de nous et son prochain d’autre part. On retrouve là l’exigence rappelée par jésus au légiste qui lui demandait comment parvenir au Bonheur du Royaume (Lc 10, 25-28) ! C’est bien cette sorte de soumission qui ressort des textes de la Parole du 21ème dimanche ordinaire B !

 

Michel  ANDRE, diacre  jeannemichel.andre@gmail.com

BLOG  http://puzzlebondieu777.over-blog.com

 

 

 

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 14:19

PROBLEME DES "MANIFESTATIONS"

                        (AU  COURS  DES ASSEMBLEES  DE  PRIERE)

 

                 DEFINITION ET PRESENTATION  DE  LA  QUESTION

Dans le Larousse, rien qui définisse ce qui retient ici notre attention, à savoir ces réactions survenant chez certaines personnes, lors de circonstances telles qu'un rassemblement, une rencontre pour louer le Seigneur et qui tranchent sur les réactions apparentes des autres participants. On pourrait dire qu'il y a alors deux groupes d'individus :

  • ceux qui participent "de façon habituelle"
  • ceux qui "manifestent"

Mais on pourrait distinguer aussi et en particulier dans les assemblées de prière :

  • ceux qui détestent les "manifestations", les condamnent et les fuient
  • ceux qui les constatent et cherchent leur signification avant de les juger
  • ceux qui les recherchent et, parfois même,…courent après.

!

            CIRCONSTANCES  DE  SURVENUE  DES  MANIFESTATIONS

 

Elles sont variées, mais évoquent toujours une relation entre le spirituel et le matériel, entre Créateur et créatures. Ainsi en est-t-il de la prière et en particulier de la prière de louange au cours de laquelle se rencontrent Dieu et ses créatures spirituelles (humaines et angéliques).

La réaction résultant de cette rencontre a un effet positif ou négatif selon la disposition de ceux que rencontre la Puissance de Dieu. Ainsi, la louange de Dieu, exprimée par les hommes, si elle est sincère, favorise une réaction se manifestant dans la paix. Au contraire le refus  d'adoration ou la présence d'obstacles à celle-ci, catégorique ou de fait, consciente ou inconsciente, favorise une manifestation désordonnée. Il y a, en effet, dans ce dernier cas, une sorte de choc avec affrontement!

Mais ce n'est pas seulement lors de la prière que peuvent se produire des "manifestations". C'est aussi le cas de tout ce qui peut mettre en contact Créateur et créatures, comme, par exemple, le simple fait d'entrer dans une église!

Cette rencontre, entre Dieu et sa créature humaine, provoquant un choc, va révéler:

  • soit une concordance de la créature avec Dieu
  • soit une non concordance ou opposition, partielle ou très nette!

Les manifestations résultant alors de cette rencontre seront évidemment différentes dans ces deux cas.

Les "manifestations" se produisent avec prédilection au sein de groupes, mais toute rencontre entre Dieu et une de ses créatures, même personnelle, en dehors d'une démarche communautaire, peut aussi entraîner des manifestations.

 

              QUI  INTERVIENT  DANS  LES  MANIFESTATIONS ?

 

Ce sont :

  1. La Puissance de Dieu, directement agissante sur la personne.
  2. La personne qui manifeste, reconnaissable et bien individualisable.
  3. Des "êtres spirituels", amis ou ennemis de Dieu.

      Si ce sont des amis de Dieu, ils interviennent dans le cadre de la communion des saints

      et dans le même sens que Dieu. Mais si ce sont des ennemis de Dieu, il s'agit de

      créatures complices de Satan.

 

 

 

 

 

  • Dans le cas d'ennemis de Dieu, la présence de ceux-ci signe une infestation maligne, dans l'un de ses trois stades que sont l'oppression, l'obsession ou la possession. Dans l'oppression, l'esprit malin reste extérieur et ne peut que tourmenter la personne, sans possibilité de s'introduire en elle pour diriger ses actes. En cas d'obsession, par contre, il y a eu "ouverture de porte" par l'intéressé (par le biais du spiritisme, de la magie, ou par autre mode d'introduction favorisée par la personne). L'Ennemi, déjà à l'intérieur, peut essayer d'influencer négativement la personne (et l'entourage). C'est ainsi qu'il est classique d'entendre, chez un "manifestant", une modification subite de la voix, qui évoque celle d'une personne décédée, comme par exemple celle du grand père. Un tel phénomène, destiné à brouiller les cartes et à faire peur à l'entourage, marque alors l'empreinte du "Menteur".
  •  Dans certains cas, d'ailleurs, cette relation va, malheureusement, jusqu'au degré d'infestation maligne appelé "possession". La personne qui manifeste, dans ce cas, est "possédée" par un être spirituel relevant du Mal avec lequel elle a passé un contrat de dépendance. Il en résulte, pour la personne possédée, l'impossibilité d'exprimer vis-à-vis des tiers autre chose que ce que lui dicte le Mal. Seule, dans ce cas, relativement rare, la prière impérative, au nom de Jésus, par un exorciste patenté (et non auto proclamé) peut libérer la personne possédée des manifestations caractéristiques de la possession (décuplement des forces physiques, paroles incompréhensibles, ou révélations scandaleuses d'événements passés).
  • L'action d'êtres spirituels sur une personne présentant des "manifestations" peut aller dans les deux sens: Celui de la concordance ou celui de l'opposition vis-à-vis de Dieu.
  • On vient de voir les effets possibles de l'opposition d'esprits malins vis-à-vis de Dieu. Les effets de la concordance des " bons esprits" avec Dieu, seront envisagés plus loin. Mais il faut bien insister sur le fait qu'une manifestation ne signifie pas du tout que la personne concernée soit automatiquement "habitée" par un "esprit", qu'il faille "déloger". Si tel s'avérait être le cas, après  confirmation du "diagnostic", une intervention dans ce sens ne doit jamais être envisagée que par quelqu'un d'autorisé et compétent pour le faire!

 

  1. Enfin, un certain nombre de personnes, dans une assemblée, peuvent réagir au déclanchement d'une "manifestation" dans le groupe, par un désir d'intervention d'aide, a priori sympathique…mais pas toujours opportun! De plus, il peut y avoir, chez d'autres, un désir inconscient, poussant à l'imitation et donc à la  simulation, par eux, à leur tour, de manifestations spectaculaires Il s'agit, dans ce cas, le plus souvent, de manifestations hystériques, c'est-à-dire de simulation "inconsciente" involontaire. Ce phénomène explique comment les "manifestations" ont tendance à se répandre dans un groupe, par une sorte de contagion!

      Il peut alors s'amorcer un cercle vicieux amplifiant de plus en plus de "manifestations"

       chez les uns et les autres.

      Mais, à l'inverse, il est certain que la concordance avec Dieu du plus grand nombre

      de participants à une assemblée, dans une prière de louange sincère, a une influence 

      bénéfique sur tous les participants, qu'il y ait ou non des "manifestations"!

 

             En conclusion, parmi les "intervenants" dans les manifestations, il y a :

  • Dieu
  • La personne manifestante
  • Les créatures spirituelles influençant cette dernière personne (la manifestante) et qui, étant amies ou ennemies de Dieu, agissent en deux sens opposés!
  • Et toutes les personnes humaines alentour, dont la seule présence a un impact sur les "manifestations". C'est dire l'importance de "l'animation" des groupes de prière par des personnes connaissant ces problèmes et reconnues compétentes par l'Eglise pour diriger ces groupes dans une louange authentique. On ne saurait s'instaurer de soi-même dans cette responsabilité qui peut avoir des incidences sérieuses et potentiellement néfastes!

 

                                 DESCRIPTION  DES  MANIFESTATIONS

 

 Les manifestations s'expriment dans et par les différentes parties de notre personne : corps, âme, esprit, mais particulièrement dans celles qui ont un rôle relationnel objectif important, dont en premier lieu le corps.

Il faut souligner la diversité des manifestations, à la fois dans l'intensité et la qualité et provoquant :

  • Soit de l'agitation, avec une mobilité exagérée, des gestes incontrôlés, une respiration bruyante, des cris, l'évocation de sensations intenses de palpitations, striction etc…! Bref, la personne ne se contrôle plus et peut perdre l'équilibre, mais généralement sans conséquence. On a vu, ci-dessus, qui intervenait pour provoquer cela!
  • Soit, au contraire, de la douceur, avec un certain calme et détachement par rapport à l'entourage, allant jusqu'à l'état de "repos dans l'Esprit". Il peut s'y joindre le vécu d'une relation personnelle inexprimable avec Dieu! Dans ce dernier cas, la relation à la fois douce, forte et tranquille, se double de l'acquisition spontanée, sans intervention de la "raison raisonnante", non pas de simples convictions, mais de certitudes indiscutables, comme celle de la "présence de Dieu", de son AMOUR infini, de sa Miséricorde ..., le tout débouchant sur un "ravissement" indescriptible et indéfinissable. Cet état de BONHEUR est en totale opposition avec l'agitation terrorisante du premier type de réaction et montre l'action de forces qui sont en concordance avec Dieu!

 

 

       COMMENT  EXPLIQUER  LA  PRODUCTION  DES  MANIFESTATIONS ?

 

A la lumière des descriptions précédentes, on comprend que les manifestations viennent du déclanchement de forces qui s'affrontent et dont certaines sont :

  • en opposition à Dieu, quand les manifestations comportent une agitation
  • en concordance avec Dieu quand elles oeuvrent dans la douceur!
    1. La première de ces forces est la Toute Puissance de Dieu et son Amour infini, cherchant à entraîner les humains vers le BONHEUR du Royaume…"déjà là". Pas étonnant, dés lors, que cette force, émanant de la Toute Puissance de Dieu, puisse se mobiliser à l'occasion de la louange des fidèles rassemblés…! Cette force positive rencontre alors les personnes humaines présentes, qui, elles, sont porteuses d'éléments à la fois positifs et négatifs vis-à-vis de cette Puissance de Dieu qui se déploie. S'il y a prédominance d'éléments négatifs, entrant alors en conflit avec la Force bienfaisante de Dieu, avec l'Amour, il peut se produire  des manifestations, qui seront d'autant plus violentes que des "complices du Mal" ("esprits impurs") se mettent de la partie, sous l'influence d'infestation maligne et surtout s'il y a eu une "ouverture de porte", comme dans les cas d'obsession par exemple!
  1. Par contre, si la Toute Puissance de Dieu et son Amour rencontrent, chez un vrai disciple de l'Amour, des éléments positifs, la convergence qui en résulte (même imparfaite) avec le désir de Dieu, peuvent entraîner des manifestations non pas dans l'agitation…mais plutôt dans la douceur!
    1. Pour le comprendre, on peut se servir d'une comparaison, celle d'un acteur sur une scène de théâtre. Quand cet acteur est éclairé par un puissant projecteur destiné à mettre l'acteur en valeur, il en résulte la formation d'un cône d'ombre, réalisé par la rencontre de la lumière du projecteur et l'acteur lui-même. L'obstacle à la lumière que représente l'acteur varie selon sa corpulence, l'habillement, et ce que porte le personnage en question. Le cône d'ombre, c'est la "manifestation", très variable donc, résultant de la rencontre. Ce n'est pas le projecteur qui est la cause de la manifestation liée à la rencontre, mais c'est ce que la lumière a rencontré en la personne de l'acteur. De même, ce n'est pas Dieu qui est la cause directe des "manifestations" chez une personne, mais c'est tout ce que la Lumière de Dieu rencontre chez elle. Ces éléments sont :
      • soit des obstacles à l'Amour, que nous portons en notre personne, et dont le choc avec la Lumière de Dieu peut entraîner des manifestations désordonnées,
      • soit des éléments en accord avec l'Amour, éléments relationnels positifs, qu'avec l'aide de Dieu, nous y avons fait grandir. Cette rencontre avec la Lumière de Dieu entraîne alors des manifestations de douceur!

cf Suite du même article et fin

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 12:19

 

                                PROBLEME DES "MANIFESTATIONS"

                        (AU  COURS  DES ASSEMBLEES  DE  PRIERE)

 

           

 

                   SIGNIFICATION  PROFONDE  DES  MANIFESTATIONS

 

 

On voit que la survenue de manifestations signifie que Dieu agit et qu'il sollicite de notre part une réaction qui devrait aller dans le sens de notre collaboration à son action, dans le sens de notre conversion avec progrès en Amour.

Au lieu d'interprèter les "manifestations" comme des événements imposés à nous, sans responsabilité quelconque de notre part, nous voyons bien qu'au contraire, c'est de nous, de ce que nous sommes, de notre réaction, que ces manifestations vont tirer leur caractère positif ou négatif et, normalement, une incitation à progresser vers Dieu. Par leur maitrise, nous pouvons en tirer un Bien, mais par notre démission, un Mal.

En soulignant la part de ce qui relève de notre responsabilité, cette constatation nous met dans l'espérance de pouvoir agir en vue de notre guérison, au lieu de nous pousser à n'être qu'un instrument passif subissant sans réagir des "manifestations". Tout au contraire, le Seigneur nous presse de le suivre sur le chemin du Royaume, qui est d'abord chemin de conversion au BIEN!

Par contre, la répétition incessante de manifestations désordonnées chez une même personne, lors d'assemblées successives, doit évoquer une possible résistance vis-à-vis de ce que Dieu sollicite d'elle comme changements à travers ces phénomènes, qu'il faudrait analyser et traiter!

De toute façon, toute "manifestation" doit être prise en considération et non pas négligée.

On voit aussi que le Seigneur se sert même de ce qui nous apparait comme un mal…pour nous amener au BIEN. Cela est illustré par le choix des Saintes femmes qui accompagnaient Jésus (Lc 8, 1-3). Elles ne s'étaient pas seulement contentées d'être guéries (dont Marie Madeleine qui avait hébergé 7 "démons")…mais étaient devenues instruments propagateurs de la Bonne Nouvelle.

 

 

Si tous ceux et celles qui sont "guéris de manifestations" pénibles faisaient de même que ces Saintes femmes, nul doute que la Bonne Nouvelle ferait un bond en avant!

 

                                   CRITIQUE  DES  MANIFESTATIONS

 

Le processus que nous avons suivi dans l'étude des manifestations y montre le rôle de Dieu, celui de notre personne et de ce qu'elle porte en elle, le rôle des bons et des mauvais esprits, ainsi que des personnes qui nous entourent.

Il ne faudrait pas croire en effet, que les "manifestations" ont pour seule origine la personne qui manifeste! Notre comparaison avec le projecteur nous montre bien qu'il y a, d'abord, intervention de Dieu, déploiement de sa Puissance, mais non production directe des manifestations (quel que soit le caractère, agité ou calme de la manifestation en cause).

Entre Dieu et la manifestation, il y a le "maillon humain", qui va justement orienter l'aspect de la manifestation vers l'agitation ou la douceur

  1. Quand il s'agit de "manifestations agitées:

Certains, dans l'ignorance de ce "maillon humain" déterminant l'aspect de la "manifestation", attribuent la responsabilité de cette dernière à Dieu…ou plutôt refusent d'attribuer un rôle quelconque à Dieu dans ce qu'ils considèrent comme une exhibition scandaleuse à laquelle Dieu ne peut être mèlé! Ils disent: "Comment des manifestations bruyantes, pourraient-elles venir de Dieu lorsqu’il s’agit de cris, de chutes à terre avec parfois mouvements désordonnés, pouvant faire peur à ceux qui sont autour ?". Dieu ne se manifeste-t-il pas plutôt dans la douceur et ne préfère-t-il pas l’ordre à ce qui semble désordonné ?

Certes, oui, Dieu travaille dans « l’ordre », mais l’ordre qu’évoquent certains est surtout leur notion d’ordre à eux et pas forcément celle du Saint-Esprit qui, dans ce domaine nous réserve bien des surprises aussi heureuses qu’inattendues (cf sa manifestation au milieu des apôtres et du peuple, le jour de la Pentecôte  (Ac 2, 1-13) et, déjà, la manifestation de Yaweh devant les hébreux au Sinaï)!

On peut évoquer aussi la rencontre de Dieu avec le prophète ELIE à l'Horeb et constater qu'elle a comporté tout d'abord des phénomènes impressionnants (tempête, foudre, tremblement de terre), avant que ne se fasse la rencontre dans l'extrême douceur d'une "brise légère"! (1R 19, 11…).

De plus, comme on l'a vu, ce n'est pas la Lumière de Dieu elle-même qui provoque les manifestations! C'est plutôt le choc entre elle et les impuretés encombrant notre personne!

Il est évident que le "projecteur"est le premier intervenant !

C’est seulement lorsque la Toute-puissance de Dieu rencontre, en nous, certains obstacles à son accueil qu’apparaît plutôt "l’ombre que sont les "manifestations"désordonnées.

 

Quelle est, en nous, la nature de cet obstacle à la puissante Lumière de Dieu? C'est cela le plus important à connaître!S’agit-il de la présence de Satan ? Dans certains cas extrêmes, c’est bien possible, comme on l'a vu dans l'infestation maligne et le choc ne sera pas à l’avantage de ce dernier. Mais plus souvent, « la Lumière de Dieu », qui nous arrive puissamment, va se heurter à nos insuffisances, nos peurs, nos doutes, notre péché habituel, bref tout ce qui n’est pas « transparent » en nous et qui n’est pas vraiment pur ! Il en résulte des manifestations plus ou moins extériorisées, voir bruyantes, témoignant d’une résistance de notre part, mais aussi de la force déployée par le Seigneur pour faire pénétrer en nous sa Lumière et sa Vérité, malgré cette résistance, consciente ou inconsciente, de notre part! Et c'est cela qui nous rassure.

 

  1. Quand il s'agit de manifestations douces : C'est là aussi que la Puissance de Dieu se manifeste, mais elle rencontre d'autres dispositions que dans le cas précèdent vis-à-vis de la Lumière de Dieu. Le résultat, dés lors, sera un encouragement à progresser dans l'Amour, par le renforcement de la confiance en Dieu, par le passage de la simple croyance en Dieu à la Foi confiante, guidée par l'Esprit. On comprend que, dans ce cas, aucune manifestation désordonnée ne puisse intervenir et que, si manifestation extériorisée il y a, elle sera toujours dans une concordance exemplaire avec la volonté de Dieu et l'encouragement au Bien des fidèles présents! Voila ce que nous devons rechercher!

 

 

 La survenue de « manifestations » peut donc être interprétée comme un signe attestant que Dieu agit et qu’il sollicite notre collaboration, notre conversion, notre progrés en Amour!. Dès lors, la répétition incessante de ces manifestations, chez une même personne, lors d’assemblées successives serait le signe d’une résistance « psycho-spirituelle » vis à vis de l’action de Dieu, dont il faudrait analyser et traiter les causes.

 C’est dire que toute « manifestation » doit normalement être prise en considération, du fait de sa signification profonde et non pas laissée à elle-même, sans qu’il s’en suive un effort de conversion personnelle. Pour celle-ci, un accompagnement psycho spirituel est alors nécessaire!

Cet accompagnement nous aidera à revoir notre réelle position de vie ( cf à ce sujet chap 7 du Tome 1 de "Réponses chrétiennes à quelques questions", éditions "Croix du Salut" Sarrebrück RFA).

 

Certains s’autorisent à déclarer doctement que « toute manifestation est uniquement psychologique » et posent, sans appel, un diagnostic général d’hystérie, c’est-à-dire de simulation inconsciente.

C’est aller un peu vite que de coller cette étiquette sur tout le monde, sans chercher à faire la part des choses. Certes, on peut rencontrer partout des hystériques et, d’ailleurs, pas seulement dans les assemblées de prière, loin de là ! Mais il ne faut jamais généraliser !

 Et même s’il s’agit d’hystériques, l’obstacle « au passage de la lumière » est bien présent et indique vraisemblablement qu’existe un problème grave, relevant souvent de la sexualité d'après ce que nous montre l'expérience. Raison de plus pour aller "au fond des choses", sans se contenter d'explications rapides, telle que celle "d'esprit de nuit" (alias "visiteur de nuit") lors de troubles bien étiquetés par ailleurs et qui exigent un inventaire sans a priori pour une guérison sans "mystère", par une réelle conversion et non pour un faux sursis, suite à l'éviction d'un supposé "esprit de nuit" trop souvent imaginaire. D'où la nécessité d'approfondir minutieusement chaque cas.

 

 Dans d’autres cas, on décèlerait facilement un désir de se faire remarquer….et plaindre! Ainsi quand la personne est dans une "position de vie " victimale!

 

 Pour chacun, il y a là, dans ces "manifestations, une incitation à revoir sa relation avec le Seigneur, à devenir plus « transparent » à sa Lumière, bref à se convertir. Cet appel, s’il est entendu, amènera un changement au niveau du comportement lors des rassemblements ultérieurs au cours desquels la personne présentera de moins en moins de réactions bruyantes et rejoindra donc la masse de ceux qui s’offrent à la Toute-Puissance du Seigneur dans la confiance, le calme, la paix, pour le plus grand profit de leur vie spirituelle et l’élévation de tous.

C’est là-dessus qu’il est logique d’affirmer la présence de Dieu dans une « assemblée » et non sur l'importance des « ombres » que dénotent certaines « manifestations ».

 

 

DIEU  N’EST-T-IL  PAS  LIBRE  DE  SE  MANIFESTER  COMME  IL LE VEUT ?

 

Reste que certains, se référant à l’épisode d’Elie à l’Horeb croient pouvoir affirmer que Dieu ne se manifeste que « dans la brise légère » (1R19,11…). Certes, Yaweh n’était ni dans le tremblement de terre, ni dans l’ouragan, ni dans le feu, mais dans la brise légère. Cependant, il y a eu tout cela aussi, dans le même temps où Dieu s’est manifesté ! Et l'on sait combien était grande la frayeur des hébreux lors de certaines manifestations de Yaweh.

De même, lors d’une assemblée où la Puissance de Dieu se manifeste, il va y avoir aussi peut-être des phénomènes d’accompagnement de la venue de Dieu sous forme de cris, de chutes etc….pour les raisons vues plus haut.

Certes Dieu n’est pas dans les cris, dans les chutes, mais il est bien présent et agissant puisqu’il sollicite tous ceux qui sont là pour une conversion qui va débuter à ce moment-là, très calmement pour la plupart, et même pour ceux qui se débattent à terre alors que dans leur cœur profond, la « brise légère de Dieu » opère son travail de conversion…s'ils font confiance à Dieu !

Il ne tient qu’à nous que se réalise le désir de Dieu d’être pleinement et puissamment présent en son peuple : « ah ! si tous pouvaient prophétiser ! » (Nb 11, 25-29).

 

EVOLUTION  NORMALE  DES  MANIFESTATIONS  ET  DISCERNEMENT

Il faut faire le discernement qui reste indispensable en permanence afin de déceler ce qui ne vient pas de Dieu : les « contrefaçons », en quelque sorte, telles que toutes les démonstrations faites dans le seul but de se rendre intéressant et d’épater la galerie ou les manifestations relevant d'un des trois stades de l'infestation maligne, vues plus haut.

Nous devons tous demander au Seigneur la conversion qui nous rendra « transparents », pacifiés et pacifiants. Plus nous marchons dans la grâce de Dieu et moins il y a de ces manifestations accompagnant notre « opacité ».

 

CONCLUSION

 

Plus nous désirons la venue du Seigneur, plus nous exprimons fortement ce désir, dans les limites de ce qui est louange authentique sous toutes ses formes, et plus Il répond à notre demande ! Sa puissance, dans une assemblée porteuse de ce désir, se déploie soit comme une « brise légère », soit avec vigueur, provoquant, au lieu d’un accueil tranquille et du fait de nos opacités, une agitation et des manifestations qui sont alors un appel à la conversion que le Seigneur veut pour chacun de nous !

 

PS  On peut reprendre, à l'occasion de cette question, l'épisode de la guérison à la synagogue de Capharnahum dans Lc 4,31-37 et 38-39.  (Mc 1, 21-31). Le contraste y apparaît entre les manifestations violentes et ensuite la douceur et la simplicité qui leur succèdent, tout comme le caractère serein de la guérison de la belle-mère de Pierre (Mc 1, 29-31).

De même, on peut évoquer les "perturbations" survenant lors des enseignements de Jésus et ses interventions (cf l'épisode des géraséniens (Mt 8, 28-34  Mc5, 1-20  Lc8, 25-29).

 

MM ANDRE    diacre  Octobre 2017  jeannemichel.andre@gmail.com

BLOG http://puzzlebondieu777.over-blog.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 13:16

ECOUTE ET RELATION D’AIDE DANS L’EGLISE

1) POURQUOI ?

Pourquoi l’Eglise propose-t-elle une écoute et une relation d’aide, au niveau de certaines de ses structures ?

Parce que cela fait partie de la mission de l’Eglise. Rappelons que l’Eglise est :

- Peuple de Dieu

- Corps du Christ

- Temple de l’Esprit

Elle participe donc à la mission de salut du Christ qui en est la tête et elle a, de ce fait, autorité pour mener à bien sa part de cette mission par les moyens donnés pour cela par le Seigneur :

  • 1) Diffusion de la Bonne Nouvelle
  • 2) Administration des sacrements
  • 3) Célébrations liturgiques et prière
  • 4) Accompagnement des hommes vers le Royaume et, à ce titre, apporter une aide efficace pour cette progression et pour déblayer les obstacles aux quels sont confrontés les hommes.

Ces quatre volets de la mission de l’Eglise sont, bien entendu, intriqués étroitement. L’action de la pastorale sociale concerne plus particulièrement le quatrième de ces points : l’accompagnement des personnes en vue d’une progression vers le Royaume et cela à partir des problèmes qui font obstacle à cette progression. Pour cela, il est nécessaire :

- de déceler l’existence de ces problèmes au sein de la communauté humaine qui nous entoure. Chaque équipe de « Pastorale sociale » a donc comme premier rôle celui de déceler les « cas » nécessitant une aide pour lever les obstacles vers le Royaume.

- de répondre efficacement à ceux qui, pour résoudre leurs problèmes, s’adressent à une structure d’Eglise

QUELLE EST LA SPECIFICITE DE L’ACTION DE L’EGLISE ?

Le Royaume, c’est le plein accomplissement du Plan de Dieu sur la Création.

L’accompagnement réalisé au nom de l’Eglise doit donc viser à cet accomplissement qui passe par la révélation à chaque homme de ce Plan de Dieu sur tous et sur lui.

L’aide apportée à chacun vise essentiellement à la prise de conscience de ce qu’il a dans le Plan de Dieu, des possibilités : - de réaliser sa destinée de Bonheur en adhérant à ce

Plan

- de balayer, par lui-même, avec l’aide de Dieu, avec

l’aide de la collectivité, les obstacles qui constituent les

motifs habituels de la demande d’aide.

On voit bien comment l’aide proposée dépasse celle qu’est susceptible d’apporter la société à ces personnes pour la solution de leurs « problèmes ».

Prenons un exemple classique d’appel à l’aide :

Une femme d’alcoolique se trouve affrontée à : - la brutalité de l’homme – la situation matérielle de dénuement – l’ambiance de peur traumatisant les enfants – les atteintes à la dignité des membres de la famille….Pour résoudre ces problèmes, elle a déjà fait appel aux structures mises en place par la société : services sociaux, médicaux, médiateur, voir plainte à la gendarmerie….sans avoir trouvé une solution satisfaisante à ses problèmes. Pourquoi ?

Parce que la « société » ne peut envisager la solution des « problèmes » que selon le point de vue :

- de chaque personne

- et selon celui de la collectivité

mais absolument pas selon le Plan de Dieu. La société apportera une aide pouvant être très utile mais forcément limitée, partielle, controversée du fait de la divergence des intérêts des uns et des autres. Elle oeuvre dans le cadre d’une « solidarité » relevant plus de l’utilitaire que de l’amour véritable ! Pour autant, cette aide peut être importante, nullement opposée à celle que doit apporter l’Eglise et ne doit pas être négligée.

Ainsi, un psychanalyste peut aider à prendre conscience de l’origine de certains troubles, mais, du fait de sa « neutralité » de principe, il ne peut aider la personne à correspondre pleinement au Plan de Dieu. Un psychiatre ou un psychologue peut aider à lever des obstacles

par un traitement médicamenteux, une prise en charge relevant de techniques psychologiques et une assistante sociale peut trouver les solutions concrètes pour résoudre un problème matériel.

Mais ce que l’accompagnateur va réaliser dans le cadre de l’écoute et relation d’aide de l’Eglise est tout à fait spécifique de la mission de l’Eglise: fournir les moyens à ce frère, cette sœur en Christ, de réaliser ce qu’il est dans le Plan de Dieu, ce à quoi il est appelé, tout en suggérant certains moyens que l’intéressé va lui-même décider de mettre en œuvre, selon un choix librement posé afin de régler ses problèmes. Il s’agit de responsabiliser la personne et, tout en l’aidant matériellement, l’amener à comprendre, par exemple, ce qui a pu favoriser l’alcoolisme du mari dans ses propres attitudes à elle, etc… Cela est déjà, en fait, une « conversion », rendue possible par une autre « conversion », celle de l’accompagnateur !

En effet, maintenant que nous voyons l’impérieuse nécessité d’intervention de l’Eglise pour aider les hommes, il faut voir comment réaliser cela en conformité avec le Plan de Dieu. !

2) COMMENT ?

( ou : les impératifs de l’écoute et relation d’aide, dans le Plan de Dieu). !

On va donc voir :

- Ce que doit être la relation d’aide et l’écoute

- Le déroulement de la relation d’aide. C'est-à-dire : comment nous fonctionnons dans nos relations (donc dans la relation d’aide !), les causes de complexité de la relation, dont les filtres, la complexité de la personne humaine (avec l’analyse structurelle et transactionnelle), notre position de vie (c'est-à-dire comment se situe chacun par rapport aux autres et à Dieu), l’influence du regard que nous portons sur les autres et sur nous-mêmes.

- Quelques préalables à la relation d’aide. Etude des ambivalences et malentendus au cours de la relation etc…

- Les « pièges » de l’écoute et de la relation d’aide

CE QUE DOIT ETRE LA RELATION D’AIDE

L’homme est un être de relation car Dieu Lui-même est relation entre Père, Fils, Esprit. A travers la relation il va découvrir qui il est, normalement d’abord auprès de ses parents auxquels le petit enfant fait a priori confiance. Mais, à cause de leurs propres blessures, les parents ne peuvent donner à l’enfant qu’une idée déformée de ce qu’il est. Or il est un être d’amour, merveille de Dieu et pour Dieu, mais vulnérable, fragile et pécheur.

Le rôle de l’accompagnateur est, à travers son accueil et son écoute, de restituer à l’accompagné la véritable image qu’il est, celle de Dieu et donc, un être d’amour avec un besoin fondamental d’être aimé et d’aimer et les capacités pour cela !

Avec l’accompagné, je suis médiateur entre lui et Dieu, afin qu’il puisse entendre et comprendre ce que Dieu lui dit et non ce que je dis et pense.

Je dois permettre à l’autre de mettre en oeuvre la solution que lui-même va trouver et que Dieu veut pour lui, à partir de la découverte de ce qu’il est réellement, à travers la prise de conscience de son comportement et des motivations de celui-ci, à travers ses réactions au comportement de l’autre. Je ne dois pas dire ni faire à sa place, sous prétexte que « je sais et lui ne sais pas » !

L’ATTENTE DE L’ACCOMPAGNE ET NOTRE ROLE DE TEMOIN

La personne qui demande aide met en commun avec moi ses problèmes car elle a une attente qui est la résolution de ceux-ci.

La plupart du temps elle quête auprès de moi une solution qui est :

  • soit une solution « magique » : elle pense que j’ai un moyen « d’obliger Dieu » à satisfaire son désir (prière efficace à cent pour cent ou formule infaillible !)
  • soit une solution toute faite émanant de mon expérience et de mon autorité.

Dans ces deux cas, cette personne n’a pas l’intention de se remettre en cause profondément et voit mal pourquoi elle le ferait.

Cependant, cette personne a une attente qui n’est pas neutre : elle connaît mon étiquette chrétienne et pense que je puis lui fournir une solution à tonalité spirituelle !

Pour autant, je ne dois pas faire de prosélytisme (ce qui ne serait que du « donnant donnant ») ! Mais je dois, par contre, être témoin : comme Jean Baptiste, désigner l’agneau de Dieu !

Avant d’aborder l’écoute et la relation d’aide, chacun d’entre nous doit faire ce que Jésus nous recommande dans les paraboles du constructeur de tour et du roi qui part en guerre

LE DEROULEMENT DE LA RELATION

La relation est complexe car nous sommes complexes : corps, âme psycho affective, esprit.

Nous sommes modifiés par nos multiples blessures qui changent notre regard et provoquent des défenses empêchant de nous voir l’un l’autre tel que nous sommes réellement !

CAUSES DE COMPLEXITE DE LA RELATIO N

A) Les filtres entre nous :

  • L’idéal du moi : c’est le « surmoi » des obligations et interdictions qui ont façonné en moi une « grille d’appréciation » selon laquelle je « juge » l’autre, moi et même Dieu.

Je désire être selon cet idéal et je vois Dieu comme une projection à l’infini de cet idéal du moi. Par exemple, si j’ai l’ordre pour idéal au point que je ne puis souffrir le moindre désordre dans la chambre de mes enfants ….ou les affaires de mon mari ou de ma femme, je réagirai négativement, sans même m’en rendre compte, devant le désordre dans lequel la personne qui vient me voir a mis ses papiers ! (qui est le reflet du désordre de sa vie ?)

  • L’idéal parental : il correspond à l’expérience d’amour que j’ai eue avec mes parents. Positive ou négative, selon le cas et que je risque d’appliquer aux autres, voir même à Dieu, sans discernement. Ainsi, une expérience de père violent favorise la vision d’un Dieu terrible, celle d’un père « copain » induit un manque de confiance en Dieu.

Une mère captative fait voir Dieu comme castrateur…

Autant de visions déformées qui sont de véritables idoles et faussent l’examen objectif d’une situation et, par conséquent, la relation.

  • Les constructions intellectuelles : produits de mes pensées élaborés à partir

de mes « expériences » (par exemple : « tous les hommes sont coureurs, toutes les femmes sont superficielles, dépensières …etc ! »). Ces conclusions erronées vont gêner l’appréciation objective de la réalité, dans la relation.

Tous ces filtres entraînent des réactions de défense, en fait illégitimes et qui détournent de l’amour nos relations avec autrui. D’où agressivité, justification, oubli, fuite dans l’imaginaire (passé ou futur), convoitises. Toutes ces déviations du chemin qui mène au Royaume viennent d’un refus de ce qui nous est proposé par Dieu à travers les événements de notre vie et en particulier les épreuves. Tout est alors occasion d’obstacle du fait de choix malencontreux posé par nous devant les événements et qu’il convient, dés lors, de rectifier pour reprendre le chemin du Royaume ! Ainsi, dans l’exemple de la femme d’alcoolique, celle-ci aura tendance à le marginaliser et à renforcer un « sentiment de culpabilité » qui est peut-être, précisément » à l’origine de cet alcoolisme !

La prise de conscience de tout cela aidera la personne aidée….à condition que l’accompagnateur ait pris conscience, lui aussi, de ses propres filtres !

B) La complexité de notre personne :

ELEMENTS DE NOTRE PERSONNALITE INTERVENANT DANS NOS

RELATIONS

Ils nous sont révélés par :

L’ANALYSE STRUCTURELLE (cf aussi : schéma « diagramme fonctionnel »)

C’est regarder comment toute personne se comporte, dans ses relations, en fonction des composantes de sa personnalité. Nos réactions, en effet , sont sous l’influence d’une partie de nous-mêmes représentant nos parents, une autre représentant l’adulte raisonnable que nous sommes devenus et enfin une troisième représentant l’enfant qui continue à exister en nous. A chacune de ces composantes de nous-même correspondent tout un système de sentiments et un système de comportements caractéristiques de cette composante.

En chacun de nous il y a :

- un Parent, pouvant réagir selon ce que nous auraient commandé nos parents dans cette circonstance, ou selon ce qu’eux auraient fait (« fais ce que je te dis » ou « fais comme moi ! »)

- un Adulte, réagissant selon la raison, en fonction de la réalité.

- un Enfant, pouvant réagir comme enfant adapté ou comme enfant spontané. De plus, dans ces deux états distincts, notre « Enfant » peut être soit soumis, soit insoumis à l’influence des autres états de la personne en question (en principe, au « Parent »).

L’enfant adapté, c’est celui qui modifie son comportement sous l’influence parentale :

- soit dans la soumission, à laquelle il s’adapte.

- soit dans une réaction, variable (pour court- circuiter l’autorité parentale : en faisant preuve de précocité et en se dérobant, ou en la fléchissant…par exemple en pleurant !)

L’Enfant spontané, lui, s’exprime spontanément : ce peut être en ne tenant aucun compte de l’avis des parents, ou en créant des conditions favorables à la satisfaction de ses désirs.

Un exemple illustrant cela est fourni par l’alcoolique chez qui l’intoxication commence à démettre d’abord le « Parent », libérant ainsi « l’Enfant » dans sa composante « spontanée », provoquant le scandale de l’entourage (au niveau de l’Adulte et du Parent).

En l’«Enfant » résident l’intuition, la créativité, l’amusement, ….

L’ « Adulte » est indispensable pour la survie. Il traite la réalité et s’y adapte, mesure ses succès et ses erreurs…Il réglemente l’activité Enfant et Parent, objectivement.

Le « Parent » permet à la personne de remplir son rôle réel de parent et fait gagner du temps en imposant sans discussion superflue, les actions les plus courantes car « c’est comme cela qu’il faut faire ! ».

Chacun de ces trois éléments de la personnalité a son rôle effectif, réel, sa place irremplaçable en nous.

« Si vous ne redevenez pas comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » nous dit Jésus qui, par ailleurs, nous prescrit d’honorer père et mère et nous demande d’adhérer à la Vérité toute entière, celle de la raison éclairée par la grâce et qui devrait se trouver en tout humain adulte raisonnable (en tant qu’Adulte !) !

Chacun de ces éléments est également respectable. Mais entre eux il doit y avoir un équilibre dont dépend notre croissance en amour et personnalité.

COMMENT CES ELEMENTS INTERVIENNENT

Cela est étudié dans :

L’ANALYSE TRANSACTIONNELLE

Dans tout groupe, la relation entraîne tôt ou tard une « transaction », qui est une sorte d’échange entre personnes. On nomme ce phénomène un « stimulus transactionnel ». Il provient de l’une des trois composantes d’une des personnes du groupe où se passe la relation et s’adresse à une composante d’un ou de plusieurs autres membres.

Or, chacun de nous porte en lui un Parent, un Enfant, un Adulte. La transaction la plus habituelle est celle qui relie deux Adultes, puis celle entre Enfant et Parent. Il y a toutes chances pour que la réaction suivant la stimulation soit complémentaire de celle-ci et réponde donc à l’attente de la composante qui a commencé la transaction. En effet, la réaction a suivi le bon ordre naturel des relations humaines. Tant que les réponses aux stimulations sont complémentaires de celles-ci, la relation continue, quelque soit le contenu de l’échange. La réaction agissant à son tour comme un stimulus a entraîné une nouvelle réaction et ainsi de suite.

A noter que la complémentarité peut concerner deux composantes similaires (Parent-Parent, par exemple), ou deux composantes différentes (Le Parent de l’un s’adressant à l’Adulte ou à l’Enfant de l’autre et recevant de lui la réponse complémentaire attendue). On est là dans le cas de la plupart des relations interpersonnelles courantes et superficielles.

Par contre, si, au lieu de la composante complémentaire sollicitée par le stimulus, c’est une autre composante qui répond, il y a alors croisement…et rupture de dialogue. Cela se passe ainsi quand un Adulte sollicite l’Adulte de l’autre et que ce dernier, débordé par sa réaction, laisse la place à l’Enfant ou au Parent. Cette autre composante va répondre non pas à l’Adulte demandeur mais au Parent ou à l’Enfant. Or, l‘interlocuteur ne s’attendait pas à cette intervention (par exemple à l’intervention du Parent de l’autre dont le caractère possiblement autoritaire va le froisser !). En retour il va mal réagir la plupart du temps. A moins que l’Adulte court-circuité ne réactive la composante indûment sollicitée (le Parent, sollicité par l’Enfant, ou l’Enfant, sollicité par le Parent !). La question posée initialement a été, par exemple : « as-tu vu mes lunettes ? » et l’Adulte de l’autre devrait répondre soit « non »soit « oui, a tel endroit ». Mais, si l’Adulte ainsi sollicité a laissé la place au Parent, la réponse sera « pourquoi ne fais tu pas attention à tes propres affaires ! ? » et le dialogue sera bloqué. Dans le cas de réactions croisées, la véritable solution est de revenir à la complémentarité Adulte-Adulte, c'est-à-dire de se remettre en vérité (au besoin en utilisant l’humour !).

Quand les relations entre deux personnes sont superficielles, elles restent le plus souvent complémentaires et permettent ainsi de régler les problèmes faciles.

Mais dés qu’entrent en jeu des problèmes intimes, voir secrets qui nous semblent menacer nos désirs les plus chers, le risque de réactions croisées est plus grand car l’un et l’autre sont sur leur garde, souvent dans la peur ou l’agressivité qui en résultent.

QUELQUES EXEMPLES de transactions faussées entre accueilli et accueillant dans la relation d’aide :

  • PARENT de l’accueilli visant l’ENFANT de l’accueillant : « Voilà mon problème ! c’est à vous de le résoudre auprès du service qui s’en occupe puisque vous êtes de l’Eglise et que l’Eglise doit s’occuper des pauvres ! »
  • PARENT de l’accueillant visant l’ENFANT de l’accueilli : « moi j’ai eu le même problème que vous, voila comment j’ai fait et comment il faut faire dans ce cas là ! »
  • ENFANT de l’accueilli visant le PARENT de l’accueillant : « je suis débordé par ce problème et j’ai fait 3 TS, alors, je vous remets tout cela pour que vous me tiriez d’affaire » !
  • PARENT de l’accueilli visant le PARENT de l’accueillant : « De nos jours, il n’y a plus de principe ! mes enfants ne m’obéissent plus, mon mari est irresponsable !

De mon temps, avec mes parents, c’était autre chose ! ». Réponse faussée de l’accueillant s’il accepte de suivre l’accueilli sur le même terrain et parle en PARENT lui aussi: « Vous avez bien raison, rien ne va plus dans notre société et je sais ce qu’est un mari difficile ! »

La reprise d’un dialogue véritable demande de revenir à une transaction ADULTE/ADULTE, même si, pour détendre l’atmosphère, par exemple, on peut établir une transaction brève du type ENFANT/ENFANT !

TRANSACTIONS COMPLEXES

Elles mettent en jeu plusieurs composantes de la personne à qui on parle alors qu’on s’adresse apparemment à une seule. Par exemple, un vendeur habile, voyant qu’il a à faire avec une cliente qui est dans le regard des autres et cherche à « en imposer » en paraissant plus que sa véritable condition sociale, présente l’article qu’il veut lui vendre en lui disant d’abord : « voici un article d’excellente qualité ! ». Il s’adresse ainsi à l’Adulte de la cliente et continue dans le même sens en ajoutant « mais si c’est trop cher pour vous, je vais vous montrer quelque chose meilleur marché ». En réalité, il s’est adressé maintenant à l’Enfant de la cliente et cet Enfant va répondre « je prends cela ! »… alors que, raisonnablement elle n’en n’a pas les moyens ! Cette transaction est faussement complémentaire.

Même chose entre le jeune homme qui se promène seul avec une fille dans la campagne et lui déclare (Adulte à Adulte) : « comme c’est passionnant d’explorer un carreau de cannes ! » et l’entraîne dedans, consentante : en réalité, il ne s’agit pas d’une transaction complémentaire mais d’un « jeu » à tonalité sexuelle joué par l’Enfant de chacun ! Derrière l’apparente transaction Adulte- Adulte, il y a une autre transaction, cachée, Enfant-Enfant. On appelle cela : transaction double.

Nous voyons ainsi comment ces sortes de relations complexes que sont les « jeux » comportent une partie cachée, sous des apparences banales. On est alors en dehors de la Vérité et on risque de s’écarter de l’amour.

Habité par la peur, par le "sentiment de culpabilité" provenant du manque d'amour ressenti (mais non réel), l'homme va devoir se "positionner" par rapport à sa vie, par rapport à tout ce qui l'entoure et en particulier....ses semblables, avec lesquels il lui faut vivre.

On a vu que, spontanément, à cause de ses blessures, l'homme répond par l'agressivité. A cause de celle-ci, toutes les relations de l'homme vont être viciées. Même lorsqu'il croit être dans l'amour et la justice, l'individu agresse et blesse.

A plus forte raison lorsqu'il agit contre l'amour.

Et de cela, il ne se rend même pas toujours compte, car il n'est plus dans la vérité, mais dans le mensonge. Le sentiment de culpabilité, qui détermine trop souvent ses actions, est d'ailleurs lui-même un mensonge.

C) INFLUENCE DE LA POSITION DE VIE DANS LA RELATION

Habité par la peur, par le "sentiment de culpabilité "provenant du manque d'amour ressenti (mais non réel), l'homme va devoir se "positionner" par rapport à sa vie, par rapport à tout ce qui l'entoure et en particulier....ses semblables, avec lesquels il lui faut vivre en relation.

On a vu que, spontanément, à cause de ses blessures, l'homme répond par l'agressivité. A cause de celle-ci, toutes les relations de l'homme vont être viciées. Même lorsqu'il croit être dans l'amour et la justice, l'individu agresse et blesse. Encore plus lorsqu'il agit contre l'amour.

Et de cela, il ne se rend même pas toujours compte, car il n'est plus dans la vérité, mais dans l’erreur ou le mensonge. Le sentiment de culpabilité, qui détermine trop souvent ses actions, est d'ailleurs lui-même la conséquence d’une erreur.

-POSITION DE VIE

Par là, on désigne l'attitude générale de la personne dans ses relations avec les autres et découlant du choix de réaction par rapport aux blessures. Spontanément, comme on vient de le voir, nous sommes non dans la vérité, mais dans "l'illusion". Ce que nous croyons être est faux!

Nous croyons que nous ne sommes pas aimés car pas "aimables"(sentiment de culpabilité) et, dans cette "illusion" nous pouvons réagir de deux façons différentes et même diamétralement opposées.

-1) COMME SAUVETEUR :

Dans ce cas, j'ai choisi de provoquer l'amour des autres envers moi à tout prix et par mes propres forces. Je vais leur venir en aide, les "sauver". C'est cela qui devient mon seul but et j'en viens même à oublier que j'ai aussi besoin d'être aimé, d'être "sauvé". C'est moi le fort, le généreux qui donne et n'a pas besoin de recevoir! Cette attitude peut se traduire par deux façons d'être :

Le "sauveteur charitable" : serviable, toujours gentil, évitant de contrarier les autres,

(même quand il le faudrait). Mais les "oeuvres" qu'il fait, ce sont "ses oeuvres" à lui, pas les oeuvres de Dieu! Il les accomplit pour gagner des "mérites"...qu'il présentera fièrement à Dieu lorsqu'il paraîtra devant Lui...et Dieu sera bien obligé, alors, de reconnaître sa sainteté et de le récompenser. S'estimant parvenu déjà à la sainteté, il se permet de juger les autres et les condamne allégrement, méprisant leur imperfection. Se croyant "juste", il ne supporte pas l'humiliation d'être pris en défaut. Devant toute remarque qui pourrait mettre en doute sa "perfection", il se défend vigoureusement et contre-attaque: ce n'est jamais lui qui a tort!...Avouons que nous avons tous souvent cette réaction!

Enfin, il laisse entendre qu'il peut toujours se débrouiller seul : il "donne", mais n'a pas besoin de recevoir!

Le "sauveteur dictateur" agit en forçant les autres...."pour leur bien". C'est lui qui fait parce que c'est lui qui "connaît" :"laisses-moi faire : tu ne sais pas t'y prendre"! Il se passe des autres....et de Dieu et se suffit à lui-même. Il fait donc "ses oeuvres", sans même avoir à accumuler des mérites : il a en lui, croit-il, son propre salut, car il est sans péché.

Lui non plus ne supporte pas l'humiliation de se voir accusé d'une quelconque faute, voir même d'une simple erreur. Il ne perd d'ailleurs pas son temps à discuter avec ses détracteurs, mais il les brise par la force : tous les moyens sont bons pour réduire au silence les opposants. Il juge, condamne et méprise. Est-il heureux pour autant?

En réalité derrière cette façade de superbe assurance, se cache un malaise profond et même une souffrance intense chez cette personne qui prétend "donner" et n'avoir point besoin de recevoir d’autrui. Coupé de l'Amour, il est en "manque" tragique par rapport à son "besoin fondamental" et tourne le dos à ce qui pourrait le combler. A la limite, il peut sombrer dans le délire de la "paranoïa".

Que le "sauveteur" soit "charitable" ou "dictateur", il y a une absence de la composante "accueil" de l'amour et une déviation au niveau de la composante "don". Ce qu'il croit donner comme amour n'en est pas. Coupé de la source d'amour qui est Dieu, il donne aux autres, non pas ce qui est réellement nécessaire pour leur bien véritable, mais quelque chose qui les encombre et les humilie et qui ne correspond pas à ce que Dieu désire pour eux.


-2) COMME VICTIME

Dans ce cas, la personne a choisi, se croyant non aimée, d'obtenir l'amour des autres soit par la force soit par la pitié.

Par la force, c'est le cas de la "victime révoltée". Celui qui se présente avec cette "pancarte" se plaint de l'injustice dont il est victime de la part de tous. D’ailleurs, "tout le monde lui en veut". Pour se "défendre", il attaque en permanence, Dieu et les autres et revendique ce "qu'on lui doit".
Tout ce qui ne va pas est de la faute des autres et lui-même n'a aucune responsabilité là-dedans.

Si, d'aventure, on se permet de lui faire le moindre reproche, il retourne celui-ci contre le gêneur :

"et toi, donc,...tu ne t'es pas regardé!" Eternel insatisfait, insatiable, il exige que l'on approuve son combat....sous peine de devenir adversaire et d'être, par lui, persécuté.

En fait, il ne veut que recevoir (ou, plutôt, accaparer) mais jamais donner.

- Par la pitié, c'est le cas de la "victime écrasée".

Il s'agit généralement d'une personnalité dépressive, voir désespérée, sujette au remord, pensant que ni Dieu ni les autres ne lui pardonneront. Celui qui pense ainsi ne voit pas d'issue à ce qu'il pense être un rejet définitif par Dieu et par les autres...et finalement par lui-même. Victime de tous et de tout, il tente parfois de s'attacher à quelqu'un, mais toujours selon un mode "fusionnel". C'est à dire que, pour obtenir l'amour de l'autre, il entre dans une dépendance aliénante vis à vis de lui, allant jusqu'à renoncer à sa propre personnalité. Ce soi-disant amour attise en lui une très forte agressivité pour celui ou celle qui en est l'objet, tant il est vrai que nous ressentons durement, au fond de nous, toute atteinte à notre personnalité notre dignité. La réaction agressive qui en découle se déchaîne alors, tôt ou tard, contre l'autre : c'est "l'amour haine". Mais elle se manifeste aussi contre soi-même sous forme de dépression.

Que la victime soit "révoltée" ou "écrasée", il y a chez elle une absence au niveau de la composante "don" de l'amour et une déviation au niveau de la composante "accueil".

La "victime" est incapable de donner un amour véritable si elle est dans la "fusion". Et, si elle est dans la révolte, elle ne pense qu'à réclamer et ne donne jamais!

De toutes façons, il y a là une déresponsabilisation : on se retranche derrière la responsabilité des autres ou la fatalité (responsabilité de Dieu).Tout cela, en pleine illusion. Ces deux "positions de vie" opposées procèdent, en fait, de la même cause : l'homme" psychique", ou "vieil homme", parce qu'il s'est coupé de Dieu, s'est écarté du chemin qui mène de l'image à la ressemblance et ne réagit plus "en vérité" au "manque" qu'il ressent en lui et aux conséquences de ce manque.

Ces deux positions de vie, bien qu'opposées, en apparence, viennent de la même illusion :celle de croire que nous pouvons répondre à notre besoin d'amour tout en étant coupés de Dieu. Sans Lui, en dehors de Lui, nous ne pouvons vivre un véritable amour : ce ne sera qu'une imitation trompeuse!

Pour retrouver l'amour, il nous faut revenir à la vérité, c'est à dire à celui qui est "le chemin, la vérité et la vie". Ainsi pourrons nous retrouver la véritable "position de vie".

D) INFLUENCE, POUR LA RELATION, DE MON REGARD SUR MOI-MEME ET SUR LES AUTRES

La façon de me regarder et de regarder les autres, de jauger ma valeur et leur valeur, influence ma relation avec eux. Mais cette façon est elle-même en relation directe avec ma position par rapport au Plan de Dieu.

On peut schématiquement représenter mon regard sur moi-même et les autres selon quatre modalités :

  1. - dans la première, je me regarde négativement en me considérant comme nul par rapport aux autres. La cause en est essentiellement mon « sentiment d’infériorité/culpabilité ». Cela perturbe complètement ma relation avec eux. Il en résulte une non concordance entre ce que je crois être et ce que je sais devoir être, d’où dépression, désespoir, tendance suicidaire. De plus, j’envie les autres et j’ai tendance à considérer comme injuste cette situation, ce qui provoque une colère en moi. Les conditions sont alors réunies pour que je me présente comme « victime » sur le mode « déprimée ». La colère par rapport à une « injustice » débouche généralement sur deux impératifs de « justice » :

- soit la justice de Dieu, qui est le pardon qui m’est très difficile tant que je n’

ai pas remplacé le sentiment de culpabilité par la « conscience de culpabilité ».

- soit la justice des hommes : œil pour œil, dent pour dent, dans l’agressivité et

la révolte. En fait, dans cette première modalité, il y a un blocage qui risque de déboucher

- soit sur le suicide

- soit sur le passage à la seconde modalité car il s’est produit alors une réaction avec prise de conscience que, tout compte fait, les autres ne valent pas plus que moi. C’est la désillusion vis-à-vis de toute l’humanité. C’est le passage à la « victime revendicatrice ».

  1. – dans la seconde, je regarde tout et tous négativement : vision pessimiste qui débouche sur le désir de tout casser :

- la société, tenue pour responsable et qu’il faut détruire pour la reconstruire à partir d’idées chimériques. D’où refus de se plier aux obligations normales de la vie en société, récriminations accusatrices, agressivité, violence verbale et en actes allant jusqu’au terrorisme.

- ma personne elle-même, que je vais détruire, soit à petit feu par l’alcoolisme, la drogue, les excès et transgressions, sot par des attitudes et gestes suicidaires.

3) - dans la troisième, mon regard sur moi-même est favorable, indulgent, mais en fait, dénué d’objectivité. Je trouve des « explications » qui se transforment en excuses pour tous mes dérapages, mes atteintes à l’amour. Je ne vois ni mes erreurs ni mon péché. Par contre, j’ai sur mon prochain un regard lucide dénué d’indulgence et accusateur : je suis « bien », il est « nul » ! Sans m’en rendre compte, je vais l’écraser, alors même que je prétends l’aider et même l’aimer. J’ai créé un fossé entre lui et moi, plus par méconnaissance que par hostilité, comme le riche qui n’avait pas remarqué Lazare à sa porte mourant de faim, ou comme le « sauveteur » dans sa variété « dictateur ». J’en veux à tous ceux qui, par leur irresponsabilité, compromettent le bon ordre des choses tel que je le conçois et je ne leur pardonne pas. Cela m’irrite et m’agace de constater que, malgré toutes leurs insuffisances, leurs fautes (auxquelles je colle facilement l’étiquette de « péché »), ils réussissent dans la vie. Cela me fait mal ! Cette souffrance que je ressens dénote, de ma part, une jalousie (puisque je suis malheureux de voir leur apparent bonheur défier la morale et la justice que moi je respecte !

En tous cas, la relation, dans ce cas, ne peut être porteuse d’amour. Même si je me dévoue et me sacrifie pour mon prochain, cette relation, non seulement n’induit pas l’amour, mais elle peut favoriser chez l’autre une réaction agressive de protection contre le caractère envahissant, étouffant, de ma personnalité. De plus, je ne récolterai que déception auprès de ce prochain qui fait si peu de cas de mes avis, de mes conseils, de mon secours. Je l’accuserai d’ingratitude !

4) – Quatrième modalité :

Dans les trois premières modalités, je suis totalement à côté du Plan de Dieu sur moi et sur les autres. Ce Plan, c‘est l’obtention du bonheur, par tous, dans le Royaume et déjà ici, grâce à une croissance dans l’amour. Le grand commandement de l’amour, c’est d’aimer Dieu d’abord, car Il est la source de l’amour puis, dans le même mouvement, d’aimer le prochain car Dieu l’aime et désire son bonheur comme il désire le mien. Si mon « regard » sur les autres ou sur moi-même ou sur les deux n’est pas un regard d’amour, je ne puis prétendre que j’aime Dieu !

Par contre, si je calque mon regard vers les autres sur mon regard vers Dieu et que pour entrer en relation avec les autres je passe « par Dieu », c'est-à-dire par l’amour qu’Il leur porte et par son regard sur eux, alors, j’évite tout ce qui, dans la relation directe à l’autre est obstacle, difficulté de compréhension, occasion de blessures. La relation d’aide doit suivre cette modalité

Dés lors, ma façon de regarder l’autre, de le considérer, va totalement changer.

Je deviendrai capable d’une relation d’amour avec lui et mon propre changement, perçu par l’autre va l’inciter, lui aussi à changer…dans sa façon d’accueillir l’aide proposée. En fin de compte, je vais me retrouver bénéficiaire de toutes les grâces portées par l’observance du Plan d’amour de Dieu, pour mon bien et celui de tous. Reste à préciser comment chacun de nous doit acquérir ce regard sur l’autre calqué sur celui que Dieu lui porte. Pour cela, seule la vie d’intimité avec Dieu est capable de le réaliser. Jésus nous a promis de demeurer en nous si nous le recevions. C’est dans le dialogue d’intimité pratiqué avec Lui que nous pourrons nous laisser transformer par la Trinité, de l’intérieur, en vue d’une véritable « écoute et relation d’aide ».

QUELQUES PREALABLES A L’ECOUTE ET RELATION D’AIDE

CONNAITRE AMBIVALENCES ET MALENTENDUS DANS LES RELATIONS

Tant que la relation s’établit au niveau corporel et psycho affectif et non spirituel, elle est perturbée par ces réactions que l’on vient de voir. Il y a confusion entre les différents niveaux de relation, d’où malentendus et ambivalence. Ainsi, une personne peut m’être sympathique au niveau de son comportement affectif, mais je la juge insuffisante au niveau compétence technique, médicale par exemple. De même, j’aime fréquenter telle personne, mais je ressens un malaise auprès d’elle. Cela montre que la relation doit accéder au plan spirituel, niveau auquel pourra se faire un véritable discernement, faute duquel on reste bloqué !

Ce peut être le cas, par exemple, de quelqu’un qui est dans une « double pratique » sur le plan religieux et vit douloureusement une ambivalence car sa relation aux autres et à Dieu reste au niveau corporel, psycho affectif et non vraiment spirituel! On touche là à l’importance de la distinction entre foi et croyances.

DISTINGUER FOI ET CROYANCES

La foi est de niveau spirituel, les croyances sont au niveau psycho affectif, donc parasitées.

Nos croyances viennent du travail de notre intelligence, de l’observation, des déductions, associations, réminiscence, souvenirs, jugement de notre raison…C’est à ce niveau qu’on peut parler, par exemple, des « preuves de l’existence de Dieu », débouchant sur une « croyance en Dieu ». Par contre, la foi, qui comporte, outre les croyances, la confiance, se situe au niveau spirituel.

Nos croyances sont mises à l’épreuve de nos relations aux autres qui vont les confirmer ou les infirmer, et cela toujours sur le plan psychologique et psycho affectif.

Ainsi, si je « crois » que je ne suis pas aimable (sentiment d’infériorité/culpabilité), ma relation avec l’autre aura volontiers une tonalité agressive car je suis dans la crainte du « regard de l’autre » et je crois volontiers qu’il me regarde de travers. Mon agressivité risque d’entrainer une réaction similaire chez l’autre, me confirmant ma non-amabilité. Or, cela est faux : je suis aimable (puisque Dieu m’aime et qu’il demande avec insistance à mon prochain de m’aimer), mais mon erreur sur moi-même m’amène à une attitude agressive vis-à-vis de l’autre. Cette attitude va entraîner de sa part une réaction envers moi confirmant que l’on ne peut m’aimer ! Pour briser ce cercle vicieux, il me faudrait accéder à la vision spirituelle de ce que je suis réellement et chercher pourquoi je me sens agressé, au niveau psycho affectif, alors qu’en réalité je ne le suis pas, sans doute.

Notre foi, au contraire, fait certes une place « raisonnable » aux déductions de notre intelligence, de notre « psycho affectif », mais elle comporte, sur le plan spirituel, la confiance totale en Dieu, communiquée par l’Esprit à notre esprit, sans même le concours de l’intelligence psycho affective (cf Rm 8, 15-17). Grâce à cela, elle est capable de nous fournir le sens spirituel de notre vie, de notre identité véritable. Elle nous fait accéder à la miséricorde et à la compassion, expression de l’amour de Dieu pour nous, que nous pourrons alors exercer vis-à-vis de nos frères dans une relation globale où le spirituel a sa part.

La foi, c’est la croyance plus la confiance ! Seul le passage de la croyance (niveau psychologique, niveau de la Loi) à celui de la foi (niveau spirituel) peut débloquer la relation et la rendre conforme au Plan de Dieu.

SITUER L’ACCUEILLI DANS L’ENSEMBLE DONT IL FAIT PARTIE

C’est déjà le rôle de l’anamnèse, c'est-à-dire l’examen de ses antécédents, de son histoire.

Mais c’est aussi le resituer dans le plan qui englobe avec lui l’accompagnateur.

Il faut considérer l’ensemble de la personne qu’on accueille et non les seuls « symptômes » qu’elle a tendance à déballer devant nous ! Il faut nous « dégager » des symptômes.

LES SYMPTOMES

C’est tout ce dont va se plaindre l’accueilli dans les secteurs corporel, et psycho-affectif de sa personne : « tête vide, palpitations, douleurs à tous les niveaux, insomnie, agitation, malaises variés….. » pour lesquels la médecine n’offre aucune explication satisfaisante (« le médecin ne comprend pas » !). C’est avant tout la disparition de ces symptômes que demande la personne. Il est nécessaire d’endiguer fermement le déballage de cet écran que l’accueilli interpose entre lui et nous et qui empêche d’accéder au niveau où se situe la véritable solution.

Les « symptômes » disparaitront d’eux-mêmes quand le véritable obstacle sera levé.

Rester centrés l’un et l’autre sur les « symptômes », c’est en quelque sorte employer une « technique » pour éviter d’aller au fond des choses, rester sur un plan superficiel (comme le soignant qui appliquerait un médicament sur la peau pour une infection profonde).

NECESSAIRE OBJECTIVITE

Elle est importante et nécessaire dans la relation d’aide.

-Elle est compromise quand existe une trop grande attirance ou intimité, il y a alors mise en commun des zones sensibles de l’accompagnateur et de l’accompagné et l’objectivité devient impossible

Il est donc très difficile d’accompagner un proche.

De même, dans une relation de type « fusionnel » dans laquelle la personnalité de l’un se fond littéralement dans la personnalité de l’autre, où chacun n’existe plus que par l’autre, la relation d’aide est impossible. L’accompagné ne peut se passer, comme « Enfant »,du « Parent » de l’autre. Il n’y a plus de liberté, plus de distance minima entre les deux.

Bien au contraire le « Parent-accompagnateur » doit permettre à « l’Enfant » de l’accompagné de s’exprimer, pour ensuite établir un échange d’ « Adulte » à « Adulte ». Quand l’accompagné a une position de « Parent », par lui-même où par la considération que lui porte l’accompagnateur, cela peut entraîner un blocage.

L’accompagnateur n’est ni supérieur ni inférieur. Il ne doit pas se demander quoi dire ou faire, dans un mouvement de lui vers l’autre. Il doit se demander comment être et comment écouter.

Le but est de permettre à l’autre de prendre conscience des choix antérieurs qu’il a faits et qui sont à l’origine de ses problèmes actuels, pour ensuite poser des choix nouveaux, bénéfiques, en fonction d’une option spirituelle conforme au Plan de Dieu.

La démarche à faire dans ce sens par l’accompagné est favorisée par la capacité d’écoute et d’accueil spirituels perçue par lui chez l’accompagnateur.

Il est important de se rendre compte du niveau dans lequel se situe spontanément l’accompagné : émotionnel, sensible, intellectuel, spirituel….afin de pouvoir le rejoindre à ce niveau dans un premier temps, pour, en temps voulu, atteindre le plan spirituel au niveau duquel s’effectuent les choix profonds !

NECESSITE DE CONVERSION

Chez l’accompagnateur d’abord, qui doit laisser agir l’Esprit, dans la prière afin d’avoir, outre l’écoute psychologique, une écoute spirituelle dans laquelle il n’y a plus ni filtre ni défense.

Ecouter l’autre, c’est d’abord écouter Dieu dans l’oraison afin d’établir le contact par l’intermédiaire de Dieu. En entrant dans le regard de Dieu sur moi pour découvrir que je suis « merveille et pécheur » j’aide l’autre à réaliser pareillement qu’il n’a plus besoin de défenses ni de filtres puisqu’il est aimé, en dehors même de l’utilisation de ceux-ci. Il peut alors opérer sa propre conversion à partir du regard de Dieu qu’il voit désormais sur lui.

L’écoute se fait alors dans une relation trinitaire : - l’accompagné

- Dieu qui l’habite ainsi que moi-même

- moi

La vision, par moi, de la relation d’amour de Dieu avec l’autre, va me permettre de lui montrer le caractère sacré de son histoire afin qu’il puisse y accorder foi ! La « technique » n’est, ensuite, qu’un instrument complémentaire.

PIEGES MAJEURS DANS L’ECOUTE ET RELATION D’AIDE

Dés le départ, il y a piège absolu si l’on considère qu’il y a un fort et un faible, représentés par l’aidant et l’aidé dans une situation de déséquilibre.

L’aide en question permet simplement à l’autre de comprendre ce qu’il est véritablement, ce qu’il vit à travers ses problèmes et de trouver en lui les ressources nécessaires pour poser

de nouveaux choix, conformes au Plan de Dieu. Ses solutions ne seront pas les miennes : je ne suis qu’un « serviteur inutile ».

Il y a, pour moi, une tentation de prise de pouvoir sur l’autre, surtout si la relation me procure des satisfactions affectives !

Il y a danger si la situation de l’autre, ses problèmes rejoignent mon propre passé ou mon présent. Je me trouve alors confronté à ma propre angoisse, vis-à-vis de laquelle je me défendrai, au détriment de l’autre.

Je dois être « avec » l’autre, pas à sa place. Je le « prends par la main », mais c’est lui qui conduit !

QUELQUES ECUEILS A EVITER

  1. Le désir de rassurer trop vite : Cela nous empêche déjà d’écouter suffisamment et attentivement, sans accueillir l’angoisse et l’anxiété de l’autre, mais en nous rassurant d’abord nous-même. Il est vrai qu’en tant que personne extérieure, nous avons un jugement plus objectif sur les problèmes de l’autre. Mais il est essentiel de laisser l’autre s’exprimer sur le terrain où il est en souffrance, afin de pouvoir l’y rejoindre.

En réalité, notre propre anxiété est provoquée par la mise en danger de notre « idéal », quand le problème de l’autre vient semer le doute en nous à propos de nos convictions.

Par exemple quand l’autre est dans un malheur a priori « immérité » et qu’il montre une certaine révolte ! (cf la réaction de Pierre devant l’annonce, par Jésus, de sa passion et de sa mort !). Il nous faut accepter notre incapacité à soulager totalement la souffrance de l’autre ! Il nous faut aussi réfréner notre envie de faire partager tout de suite notre « idéal » du moi et notre idéal tout court.

  1. Conseiller et donner des solutions trop vite : j’aurai tendance à cela, comme les amis de Job, quand je ressens la même impuissance, la même vulnérabilité que l’autre.

Il nous faut accepter la perte de nos « croyances » rassurantes pour parvenir à la « foi » dans le « saut sans élastique » de la confiance !

  1. Consolations stéréotypées et trop précoces, sans laisser à l’autre le temps de réaliser

son travail de deuil. Présence, écoute, attitude compatissante doivent, au contraire, favoriser la progression du travail de deuil.

  1. Argumenter, alors que l’autre est en pleine émotion et, par conséquent

imperméable à tout argument logique. Par exemple, quand l’autre est dans un énorme sentiment d’infériorité provoqué par le mépris d’autrui, lui dire qu’il doit, pour son soulagement, pardonner à ses détracteurs. C’est vrai, mais il faut d’abord liquider au maximum les réactions émotionnelles. De même dans les fréquentes situations vécues comme injustes.

  1. Moraliser : en particulier en se permettant de donner « de la part du Seigneur » des

ordres qui ne viennent, en fait, que de moi-même et reflètent mes réactions personnelles non encore converties ! C’est aller à l’encontre de la volonté de Dieu qui veut, à travers l’accompagnement, ma conversion personnelle d’abord !

  1. Juger et blâmer : c’est encore plus grave et souvent notre réaction en face de

l’agressivité de l’autre, ou, au contraire en face de sa fragilité face aux souffrances provenant de son entourage, nous fait perdre l’objectivité nécessaire. Parfois au point de « prendre parti » pour ou contre, ce que nous n’avons pas à faire, même si c’est dans l’intention de consoler. Il nous faut rester objectif !

  1. Infantiliser, se permettre une attitude PARENT/ENFANT vis-à-vis de l’autre, une

familiarité excessive qui favoriserait, chez l’autre, une perte de l’estime de soi.

Il nous faut, au contraire « redevenir petit enfant » nous-même et prendre conscience de notre état de pécheur pour le supporter chez l’autre !

  1. Esquiver les questions embarrassantes par un faux humour : par exemple, à

quelqu’un qui déclare ne pouvoir survivre à son problème, répondre qu’on mourra peut-être avant lui !

  1. Souligner à l’autre ses contradictions : on peut être tenté de cela, pour le « ramener » à la réalité. Ce serait ignorer l’ambivalence qui l’habite, la ligne de crête sur laquelle il chemine avec l’appréhension de chuter d’un côté ou de l’autre. Il ne faut pas, chez lui, tuer l’espoir …ni l’appréhension qui, l’un comme l’autre, lui permettent de « tenir ».

C’est particulièrement vrai chez le malade qui se débat entre la vie et la mort !

10) Questionner ou agir alors que l’autre est dans une phase de silence : le respecter !

Lui laisser l’initiative de reprendre le dialogue.

11) Céder au désir fusionnel : Soi-disant pour être plus proche de l’autre, je veux vivre

ce qu’il vit ! Sa peur devient ma peur et, en fin de compte, ce n’est plus lui que j’écoute, mais mon ressenti que j’entends !

A l’opposé, si je prends trop de distance, je ne réponds plus au besoin d’être écouté !

CONSEQUENCES DE LA RELATION D’AIDE

A travers la relation d’aide, Dieu attend la réalisation de son Plan : un progrès pour l’autre, mais aussi ma propre conversion.

Je vais découvrir ce qui m’habite, à travers les réactions qui montent en moi lors de l’écoute, car celle-ci ne peut être « neutre » ! Je ne dois pas ignorer ces réactions et les nier. Je dois accepter d’en ressortir interpellé, changé, converti et émerveillé !

Cette interpellation et ce changement sont, pour moi, une grâce de conversion.

Je dois accueillir ce cadeau, comme les autres cadeaux que celui que j’aide désire me faire. Ainsi se rétablit l’équilibre entre nous : j’évite de me considérer « sauveteur ».

Rien n’est plus significatif de l’établissement d’une relation juste avec l’autre, « l’aidé », que l’insistance de ce dernier pour me faire un cadeau « d’adieu » quand approche la séparation : je dois l’accepter, normalement, dans l’humilité.

Comme disait Saint Vincent, nous avons à « nous faire pardonner » l’aide que nous apportons à l’autre.

NECESSITE D’UNE SUPERVISION

Tout cela montre à l’évidence que nous ne pouvons entreprendre une relation d’aide tout seul.

Nous devons, nous aussi, nous faire aider. C’est le rôle de la supervision.

Cette supervision, effectuée avec d’autres écoutants partageant notre souci d’opérer dans le Plan de Dieu, porte sur :

  1. L’analyse des obstacles vécus par celui que l’on aide, le discernement de leur origine des choix erronés qui ont amené la survenue de ces obstacles, leur retentissement, la recherche de solutions.
  2. Mais aussi l’analyse fraternelle de mon propre comportement dans cette aide. Il est donc nécessaire que je fasse part de mes réactions, de ce que cette aide fait remonter en moi et dont les « frères » et « sœurs » qui me supervisent ont une vision plus objective que la mienne. C’est dire que cela ne peut se faire que dans la prière, tout comme le travail d’écoute et d’aide lui-même !

Août 2015

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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 02:44

                                                                                                                                   

                                 ACCOMPAGNER  LES  SOUFFRANTS



Tous les hommes sont confrontés à la souffrance. Directement et personnellement par celle que chacun ressent, mais aussi par celle des autres qui nous atteint d’autant plus qu’il s’agit d’êtres qui nous sont chers. Mais même quand ceux qui souffrent sont plus éloignés de nous, la solidarité qui nous lie à eux dans le Plan de Dieu nous invite à les « accompagner » en vue de leur soulagement. Parlant de ceux qui exercent cette solidarité découlant de l’amour, le Christ déclare (Mt 25,34-36) : "Venez les bénis de mon Père....car j'étais malade et vous m'avez visité...ce que vous avez fait à ceux-ci, c’est à moi-même que vous l’avez fait" !

 

Pour avancer dans ce monde de la souffrance marqué, pour les chrétiens, du sceau de la souffrance du Christ, il nous faut trouver des repères solides. Ceux-ci doivent nous guider dans un accompagnement dont le but est de soulager, d’aider vraiment à traverser l’épreuve pour trouver le bonheur.

 

 

    REPERE n°1 La souffrance est un SCANDALE.

                         Elle doit provoquer en nous une COLERE

                         (une "sainte colère"...et non une REVOLTE)

 

    REPERE n°2 Ne pas confondre SOUFFRANCE et DOULEUR.

                         La douleur est "naturelle".

                         La souffrance est contre-nature.

                         Combattre la DOULEUR, accompagner la SOUFFRANCE.

 

     REPERE n°3 Ne pas confondre SOUFFRANCE et MAL.

                          Ne pas confondre MAL et mal.

                          Le MAL est un être, le mal est de l'ordre de l'agir.

 

     REPERE n°4 La SOUFFRANCE se manifeste à tous les niveaux de notre être:

                          corps, âme psychique, âme spirituelle.

                          Elle est en lien avec le DESIR.

 

     REPERE  n°5 La SOUFFRANCE est augmentée par notre "sentiment de

                           culpabilité"( qui est une fausse culpabilité) et soulagée par la prise de

                           conscience et la reconnaissance de notre véritable culpabilité.

 

     REPERE n°6 - Ou bien la SOUFFRANCE a un SENS....

                           - Ou bien elle est absurde.

                           Le Christ nous indique un SENS possible à la souffrance,

                           une ouverture à terme sur le BONHEUR.

 

      REPERE n°7 Nous ne sommes plus désarmés, mais responsables dans la

                           lutte contre la DOULEUR et dans le soulagement de la

                           SOUFFRANCE par un accompagnement efficace.


                             (1) Premier repère : La souffrance est un scandale.

                                  
                          Elle doit provoquer en nous une "sainte colère", et non une révolte!

 

              La souffrance nous fait horreur! En cela, nous sommes comme Jésus, qui à Gethsémani, a demandé au Père d'en être débarrassé. Nous voulons fuir la souffrance, et c'est normal, car la souffrance est un scandale, c'est à dire quelque chose qui est, et qui ne devrait pas être. La colère qu'elle provoque en nous est un cri contre le scandale, donc positif et respectable. Cette colère est une force qui nous mobilise, et nous interroge aussi, quant à son sens : la souffrance a-t-elle un sens, et alors lequel? ou bien n'en-a-t-elle pas, ce qui signifierait qu'elle relève de l'absurde?

Personne n'échappe à cette interrogation sur le sens, mais c'est à chacun d'y apporter réponse, une réponse aussi claire que possible, dégagée des confusions, et entièrement libre. Cette colère, il est nécessaire que celui qui souffre se sente autorisé à l'exprimer et donc que nous l'aidions pour cela au lieu de montrer une incompréhension, voir même une réprobation! En effet, l'expression de la "colère" est indispensable au bon déroulement du "travail de deuil "que toute personne se doit d'accomplir pour maîtriser une situation de souffrance. C'en est une étape essentielle!

 

                             (2) Second repère : Ne pas confondre la souffrance avec ce qui

                                l'occasionne et d'abord avec la douleur!

 

 On confond, en effet, souvent, la souffrance avec ses différentes causes, qu'elles soient physiques, psycho-affectives, ou spirituelles. Une blessure à ces différents niveaux peut, en effet, entraîner une souffrance, très différente selon le niveau intéressé. Ainsi, une gifle reçue en public entraîne une souffrance relevant de la douleur physique survenue, généralement minime et brève, d'ailleurs. Mais la blessure psycho-affective, elle, va entraîner une souffrance résultant du désarroi, de la honte etc.....beaucoup plus durable et intense. Enfin, sur le plan spirituel, cette gifle a frappé de plein fouet le besoin d'être aimé et d'aimer que tout homme porte en lui-même. A ce niveau, l'insatisfaction est profonde, durable, renforcée éventuellement par la rancune et la haine qui ferment alors la porte à l'amour et au pardon.

                             Parmi les causes physiques de la souffrance, la douleur occupe une place de premier plan. Elle fait partie de notre nature humaine, mais elle n'est pas propre à l'homme, puisqu'on la trouve chez tous les êtres qui ont atteint un certain niveau d'évolution. Elle ne devrait être qu'un signal véhiculé par les voies nerveuses de conduction de la douleur, et destiné à avertir d'un danger menaçant l'intégrité physique. Bref, à l'origine, elle se présente plutôt comme bénéfique....Mais elle peut rapidement dépasser ce rôle, et avoir alors un effet destructeur. Ce renversement de l'effet normal d'un phénomène au niveau de notre corps est quelque chose de bien connu, que l'on retrouve, par exemple, dans l'allergie. Celle-ci, elle aussi, a normalement un effet protecteur, mais qui, rapidement va devenir destructeur.

La douleur, bien que phénomène "naturel", est donc à combattre efficacement dès qu'elle menace l'individu dans son intégrité. C'est déjà ce que préconisait le pape Pie XII dans son célèbre discours aux sages-femmes. Or, les progrès de la médecine sont tels, en matière de traitement de la douleur que, si l’on s'en donne vraiment la peine, on peut obtenir un soulagement efficace dans la quasi-totalité des cas. Encore faut-il déjà y croire et s'accrocher à l’obtention d‘un résultat, en luttant contre les préjugés autant qu’efficacement contre la douleur elle-même!

En totale opposition à la douleur-phénomène "naturel", la souffrance, elle, est "contre nature", résultant d'une déviation au niveau de la création que Dieu voulait initialement réaliser. La souffrance s'est constituée en opposition au projet de Dieu, et à la nature même de ce projet, dont le but est le bonheur (cf l’article : « souffrance et plan de Dieu » dans la catégorie « anthropologie »).


                          (3) Troisième repère : ne pas confondre souffrance et mal.

                      
Au niveau spirituel, il y a confusion fréquente entre souffrance et mal, entre Mal et mal.

Le Mal est une "puissance", personnifiée par Satan, ange de lumière déchu, dont les "pouvoirs" sont tout à fait limités par rapport à la Toute-Puissance de Dieu-Amour et même par rapport à notre capacité de résistance à la tentation, pour peu que nous accueillions la grâce de Dieu.

Satan est l'adversaire de Dieu car adversaire de l'amour qu'il a librement et définitivement rejeté.

C'est l'anti-amour. Il a un certain pouvoir de séduction sur l'homme qu'il peut donc entraîner dans un choix libre de rejet de l'amour, c'est-à-dire dans le péché. . . qui est un mal, qui est le mal en ce qu'il s’oppose à l’amour et entraîne, par le biais des blessures qu'il provoque à tous les niveaux, de la souffrance.

Le Mal avec un M est donc de l'ordre de l'être, mais le mal avec un m, est de l'ordre de l'action : on fait du mal, c'est un acte qui provoque de la souffrance, mais ce n'est pas la souffrance. Cette dernière est la conséquence. Et quand le mal est fait délibérément, il y a péché parce que c'est contre l'amour.

Ce n'est pas Dieu qui a créé le mal. Dieu a créé les anges et les hommes pour leur faire partager sa vie de communion d'amour trinitaire, vie de bonheur en plénitude.

Dans ce but, il les a créés à son "image", c'est-à-dire, portant en eux un besoin d'amour infini, un désir d'être aimé et d'aimer dont la croissance les amène à pouvoir parvenir à la "ressemblance" à Dieu Lui-même. Ce chemin de croissance est, pour l'homme, la voie normale vers le bonheur. C’est cela le Plan de Dieu. Mais, usant de la liberté, octroyée par le Créateur en vue de l'amour (car on ne peut aimer que si l'on est libre!), l'homme s'en est servi pour se réaliser lui-même, en opposition à l'amour. Ce faisant, il a suivi une trajectoire l'éloignant de plus en plus de Dieu, de l'amour, donc du Bonheur.

Dans cet écartèlement entre la voie proposée par Dieu et celle suivie par l'homme,  pour son malheur, s'est inscrite la souffrance. Cette réalité, bien que n'étant pas le mal lui-même, est donc néanmoins en relation étroite avec lui et avec ceux qui sont adonnés au mal, à savoir, le Mal et ses complices (que nous devons éviter d’être).

 

            (4) Quatrième repère : La souffrance se manifeste à tous les niveaux de notre être:
corps, âme, esprit(ou âme psychique et âme spirituelle
Elle est en lien avec le désir.

 

            La souffrance est un vécu, désagréable, agressant, résultant de blessures reçues au niveau physique (corporel), psycho-affectif (âme psychologique), spirituel (âme spirituelle).

Ces blessures  proviennent de l'insatisfaction de nos désirs.

Tout manque survenant en nous, entraîne un besoin compensatoire correspondant. Pour combler ce besoin, il naît en nous une démarche qui est le désir  dont la satisfaction produit un plaisir. Chaque niveau de notre être exprime des besoins et des désirs qui lui sont propres, et occasionne soit le plaisir de leur satisfaction, soit la souffrance de leur insatisfaction.

C'est au niveau spirituel que se manifeste le désir essentiel de l'homme, désir fondamental d'être aimé et d'aimer. Sa satisfaction donne ce plaisir fondamental qu'est le Bonheur. Sa satisfaction en plénitude n'est autre que le partage de la Vie trinitaire à laquelle Dieu nous appelle. Son insatisfaction c'est la vie de malheur de la séparation vis à vis de l'Amour, et à l'extrême, la damnation.

Les différents plaisirs, non plus fondamentaux mais secondaires, occasionnés aux différents niveaux de notre être, sont bons s'ils vont dans le sens de la satisfaction du désir fondamental, néfastes s'ils la contrarient. De même, de l'insatisfaction de nos désirs "secondaires" vont naître des souffrances. Celles-ci seront néfastes si elles nous détournent de la satisfaction du désir fondamental. Mais si nous les gérons en conformité avec ce désir fondamental d’être aimé et d’aimer, elles peuvent alors constituer des « épreuves » dont la traversée devrait nous fait progresser vers le bonheur.                  


5°) Cinquième repère :La souffrance est augmentée par notre "sentiment de culpabilité". Elle est soulagée par la prise de conscience de notre culpabilité réelle.

 

                 Au niveau de notre "âme psychologique" (niveau psycho-affectif), nous réagissons au manque d'amour que nous ressentons, de la part des autres, par le « sentiment de culpabilité ». C’est le sentiment que nous ne sommes pas « OK ». C'est comme s'il y avait en nous une "malfaçon" de notre être qui empêcherait que nous soyons aimables et donc aimés. C'est tout à fait faux : aux yeux de Dieu, c'est à dire dans la vérité, nous sommes "merveilles quoique pêcheurs". Mais, à nos yeux, nous avons besoin d'être sans cesse rassurés sur notre "valeur", et nous quêtons, dans le regard des autres, tout signe attestant notre amabilité et propre à nous rassurer. Si nous lisons dans ce regard des autres la suspicion, les reproches, alors nous nous défendons vigoureusement, souvent même avec agressivité, tout en souffrant terriblement du fait de ce sentiment de culpabilité. C'est souvent ce qui se passe chez certaines personnes, persuadées qu'elles ont perdu leur valeur, et parfois renforcées dans cette conviction par l'attitude de soignants impatients ou d'entourage qui les culpabilise. Parfois, ce sentiment de ne plus rien valoir se traduit par une demande d'euthanasie.

Or,  le sentiment de culpabilité est un mensonge, soigneusement entretenu par "l'ennemi" et qui, de plus,  camoufle notre véritable culpabilité. Cette dernière est en relation non pas avec ce que nous sommes, mais avec ce que nous avons pu faire en complicité avec le mal, c'est à dire dans l'ordre du pêché. Prendre conscience de notre véritable culpabilité va nous permettre d'entrer dans la miséricorde de Dieu, et de retrouver le chemin de la satisfaction du désir fondamental, donc du Bonheur. Par là-même s'amoindrira, pour disparaître enfin, l'écartèlement décrit plus haut dans lequel s'inscrit la cause première de la souffrance. Ici, le rôle de l'accompagnement est donc essentiel!

Celui-ci devra faciliter l'accès au repentir, cette "douloureuse joie du pêcheur pardonné".

L'examen de ces différents repères nous a permis déjà de nous dégager de la confusion entre:

                          - douleur et souffrance

                          - souffrance et mal (induit par le Mal)

tout en soulignant les relations entre ces différents éléments, qui font que les choses ne sont pas simples.
Elles le sont d'autant moins qu'il existe des coexistences troublantes:

                          - ainsi, celle de la douleur et du plaisir (au lieu de la souffrance que l'on attendrait plutôt). On le constate sur le plan physique, dans le syndrome de Lesh Nyan, au cours duquel les mutilations physiques n'entraînent aucune souffrance, mais au contraire une tolérance"! On le constate sur le plan psycho-affectif, dans le masochisme, où la douleur subie peut mener à l'orgasme.

                          - de même,  la coexistence de la souffrance avec la joie est tout à fait possible.

                            Là,  c'est dans le cadre de l'amour que cela se situe, et non plus dans celui d'une déviation perverse comme dans le masochisme.  Une souffrance peut alors être acceptée pour procurer le bien d'autrui, et entraîner ainsi de la joie, avant-goût du bonheur. Ainsi, par exemple, l'acceptation de souffrir pour tirer quelqu'un que l'on aime d'une situation difficile.

 

(6) Sixième repère : ou bien la souffrance a un sens, ou bien elle est absurde

      Le Christ nous indique un sens possible à la souffrance, une ouverture

       possible sur le Bonheur !

La souffrance est un scandale. C'est un "non-bien", quelque chose en négatif, une sorte de trou dans la "tapisserie" de la création. Ce n'est pas une malfaçon du tapissier, mais un sabotage de la part du Mal. Celui-ci, en provoquant la chute de l'homme selon la trajectoire l'écartant du chemin proposé par Dieu, a introduit chez cet homme la souffrance. C'est un écartèlement entre l'avoir et l'être, entre le sens et le non-sens.

Cette souffrance qui, donc, ne faisait pas partie du projet de Dieu, elle est là, bien présente dans toute vie, fille d'une liberté détournée de l'amour proposé par Dieu, dans l'opposition à Celui-ci, dans ce rejet de l'amour qu'est le pêché.

La souffrance n'est nullement une punition inventée par Dieu, mais plutôt une conséquence du mal qui s'est retournée comme automatiquement contre l'homme, complice du mal, mais aussi . . . contre Dieu qui, Lui, n'a rien à voir avec le mal, mais en a subi les conséquences, en la personne du Christ.

L'innocence ne préserve donc pas de la souffrance!

Encore faut-il avoir à l'esprit, lorsque l'on parle d'innocence chez l'homme (en particulier à propos de l'enfant, le plus souvent, présumé innocent par définition), la responsabilité de certains choix posés très tôt, par l'individu, au niveau de la "conscience d'amour".

Celle-ci, beaucoup plus précoce que la tardive "conscience de raison", permet à l'enfant, dés même le sein de sa mère, de percevoir, dans ce qui l'affecte, si cela relève de l'amour ou du non-amour. Elle lui permet également d'exercer un choix libre de réaction par rapport à l'auteur de ce qui l'a touché, soit en bien, soit en mal!

Dans cette affaire, en fin de compte, le seul, parmi ceux qui sont atteints par la souffrance, et qui soit entièrement innocent, c'est le Christ. Or, que nous dit-il de la souffrance?

Tout d'abord, Il n'est pas venu nous "expliquer" la souffrance, il n'est pas venu, non plus, nous « prêcher la souffrance ». . . mais l'amour, un amour qui , en allant jusqu'à la croix,  nous a montré sa véritable dimension. Pour le chrétien, par conséquent, "porter sa croix"(Lc14, 27), ce n'est pas rechercher la souffrance par masochisme, mais suivre Celui qui a accepté de souffrir par amour des hommes.

Cela débouche donc sur l'amour, à travers l'offrande.

Or, l'offrande est justement l'étape ultime de ce fameux "travail de deuil" auquel tout malade est affronté, dans la souffrance. Sur le plan psycho-affectif, tout le monde s'accorde sur les différentes étapes de ce travail, à quelques détails prés. Mais si l'on se contente de ce seul plan, sans tenir compte du plan spirituel, on aboutit à la seule "résignation". Le Christ nous montre qu'en acceptant d'offrir une souffrance, dans la "communion des saints", c'est-à-dire, pour le bien du prochain, et dans l'amour, alors nous pouvons participer à l'oeuvre du salut, en communion avec Lui. C'est ce que nous dit St Paul, dans Col. 1, 24 :". . Ce qui manque aux souffrances du Christ, je l'accomplis dans ma chair pour son corps qui est l'Eglise. "

Jésus est venu non seulement nous dire le sens à la souffrance, mais le vivre. Il nous fait déboucher sur la gloire de la résurrection pour nous associer à celle-ci (Col. 2, 12-15).

Dés lors, nous pouvons donner un sens nouveau à notre souffrance, afin que non seulement elle ne soit plus un obstacle absolu au Bonheur, mais même afin qu'elle nous aide, en y parvenant, à accomplir le projet de Dieu sur nous. Ce nouveau sens, c’est celui-là même que lui a donné Jésus.

 

                        (7) Septième repère et conclusion : nous ne sommes plus désarmés dans notre    lutte personnelle contre la douleur et pour le soulagement de la souffrance.

Il nous est possible, également, d’apporter une aide efficace, solidaire, au prochain, par la thérapeutique et l’accompagnement psycho spirituel. Et même de participer à l’œuvre de salut du Christ pour l’humanité toute entière !
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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 15:01

                                     CHAPITRE  QUATRIEME

 

13) - L'EMPLOI

 Au sens large, c'est l'insertion des hommes dans le projet de Dieu sur l'humanité : "allez, vous aussi, travailler à ma vigne!".De façon plus précise, c'est leur insertion dans l'économie en tant qu'elle est un des éléments essentiels de ce projet....insertion active s'entend!

S'insérer dans l'économie, c'est, pour chaque homme, remplir un emploi, c'est-à-dire, consacrer une partie au moins de ses activités à la satisfaction des besoins légitimes de l'humanité.

Un véritable emploi doit donc correspondre à un véritable travail, tel que défini plus haut et non à des activités indifférentes ou nocives. Ainsi, des activités consistant en des contrôles excessifs et freinateurs sur la production des biens indispensables à l'économie, ne sauraient être considérés comme des emplois véritables : ce sont plutôt des obstacles à une saine économie.

Les "créations d'emplois" ne sont donc pas automatiquement bonnes ni légitimes en elles-mêmes.

Tout dépend de la finalité dudit emploi.

L'emploi n'est pas une fin en soi : il vise à la satisfaction des besoins légitimes de l'humanité (selon le plan de Dieu), qui est le but même de l'économie. En conséquence, il doit viser aussi la satisfaction du besoin d'être co-créateur. Ce dernier besoin apparait actuellement d'autant plus évident que les progrès de l'homme sur tous les plans, même accompagnés de certaines régressions, ouvrent des perspectives enthousiasmantes dans ce domaine de la co-création. Ces perspectives

 débouchent, d’ailleurs, sur des travaux colossaux, générateurs d'emplois réels.

Dans le même temps, les besoins de subsistance, bien que très loin d'être satisfaits dans l'humanité actuelle, voient leur satisfaction "à portée de la main" de la communauté internationale du fait des progrès réalisés au niveau de la co-création sur le plan "matériel" (scientifique et technique en particulier).Ceci à condition que le progrès spirituel soit là également.

Rien d'étonnant, dés lors, à ce que l'emploi s'oriente de plus en plus vers les activités de co-création au détriment des activités de subsistance. Faut-il, à tous prix, conserver l'importance donnée jusqu'ici à ces dernières activités?.....Sur le plan de l'emploi, en tous cas la réponse est négative!

Ainsi, refuser l'utilisation des machines pour améliorer la production, quand c'est nécessaire, en vue d'une meilleure "subsistance", sous prétexte de conserver des emplois devenant alors inutiles, c'est s'opposer à l'orientation inéluctable vers un travail qui soit de plus en plus "co-créateur", donc de plus en plus en accord avec le projet de Dieu.

Bien entendu, si cette utilisation des machines n'était pas assortie de cette orientation vers un travail de plus en plus co-créateur, elle serait alors néfaste.

Elle ne répondrait plus, alors, en effet, au critère essentiel qu'est pour une véritable économie la satisfaction des besoins légitimes (et non seulement matériels) de toute l'humanité.

Sous cette réserve, le machinisme n'est donc pas, en lui-même, un adversaire du travail et de l'emploi, mais il nécessite, au sein de l'économie, de nouvelles orientations et adaptations.

Lorsque la machine est capable de produire aussi bien, voir mieux que l'homme, la refuser entrainerait une distorsion dans l'économie Celle-ci ne serait plus "en vérité", deviendrait de plus en plus artificielle, et s'écarterait donc de sa finalité. Par contre, si la machine n'est pas capable d'apporter dans la production quelque chose que seul le travail de l'homme peut fournir, alors elle perturbe l'économie.

 

LES SECTEURS  D'ACTIVITE  ECONOMIQUE

Une saine économie, au sens large, vise à assumer les besoins de l'humanité sur tous les plans :

matériel, psycho-affectif et même spirituel, puisque l'homme est un être global!

C'est par le travail, tant de subsistance que de co-création, que ce résultat peut être obtenu.

Cela s'effectue au niveau de différents secteurs d'activité correspondant aux différents besoins des hommes. Dans ces différents secteurs, l'idéal serait que les besoins suscitant les offres de travail soient satisfaits par les demandes des travailleurs susceptibles de répondre à l'offre et cela de telle façon que l'offre et la demande correspondent exactement. Il faudrait que l'emploi satisfasse la production pour couvrir les besoins des hommes et que les travailleurs trouvent dans l'emploi la satisfaction de leur besoin de travail. L'emploi est à la jonction de deux demandes légitimes qui doivent être adaptées l'une à l'autre dans chaque secteur d'activité économique.

Cela est bien illustré par l'exemple de la main et du gant présenté par Alfred Sauvy (dans son allocution au C.E.P.E.C.,le 2-3-77).

L'économie, c'est la main. Les besoins sectoriels de la population sur le plan économique sont représentés par les doigts, inégaux entre eux et qui figurent l'offre de travail. Le gant, c'est la réponse de la population de travailleurs. Normalement, le gant doit s'adapter exactement à la main. Ainsi, dans chaque secteur d'activité, correspondant à chaque secteur de besoin, le doigt de gant (demande de travail par les travailleurs), doit être adapté à l'offre d’emploi (le doigt de chair représentant les besoins de la population)...et non le contraire!

Si cette adaptation est correcte, cela veut dire que tous les travailleurs ont un emploi correspondant à leurs capacités et que les besoins légitimes de la population pourront être satisfaits. L'économie tend alors vers son but.

Mais pour qu'elle arrive totalement à son but, il faudrait que les besoins exprimés soient vraiment légitimes, c'est-à-dire qu''ils correspondent aux besoins réels, optima, des hommes...ceux dont la satisfaction les amènera à la "ressemblance".

Sans aller si loin, si l'économie tendait seulement vers son but, de sorte que le gant s'adapte parfaitement à la main, ce serait déjà pas mal !

Or, force est de constater que le gant ne s'adapte pas à la main, même si le volume du gant  correspond exactement à celui de la main en centimètres cubes.

Supposons que le marchand de gants dise à l'acheteuse : "Madame, ce gant doit vous aller très bien, car son volume est globalement égal à celui de votre main"....!

Ce marchand ferait rire de lui à juste titre.... et pourtant, bon nombre d'économistes, d'hommes d'état, de syndicalistes de tous bords... raisonnent exactement comme lui !

La réalité, c'est que le gant doit avoir la forme exacte de la main. Il suffit qu'un doigt de gant soit trop court pour qu'au bout des autres doigts il y ait un espace inoccupé : cet espace, c'est un manque au niveau de l'emploi, c'est à dire du "chômage". Actuellement, le reflexe de la plupart des "responsables" de l'économie, devant ce gant inadapté, c'est de couper les doigts de gants vides à leur extrémité pour les mettre à la même dimension que le ou les doigts de gant qui s'adaptent au gant de chair... ou même le serrent car à ce niveau les besoins, donc l'offre de travail sont supérieur à la demande de travail.

Couper les doigts de gant qui paraissent trop longs (parfois injustement), c'est, par exemple avancer indéfiniment l'âge de la retraite: par ce moyen, tout à fait artificiel on déséquilibre complètement l'économie.

Certains responsables vont même jusqu'à préconiser des opérations de chirurgie sur les doigts pour les allonger en les déformant : ils créent ou favorisent des besoins anormaux, pour les satisfaire  

ensuite par des emplois qui seront tout aussi anormaux, déséquilibrant la société et l'économie...alors même que les besoins les plus élémentaires et indispensables de toute une classe d'exclus resteront insatisfaits. Cette véritable perversion ,sur le plan économique, correspond bien à la perversion générale d'une certaine "intelligenzia" relayée par les médias.

En fait, dans cette offensive médiatique, ce qui est suggéré, c’est :

        -d'abord l'indépendance de l'homme par rapport à Dieu, l'opposition au projet de Dieu sur l'homme. Et, comme corollaire, l'accès à la plénitude, pour l'homme, par lui-même et en lui-même.

        -ensuite, une opposition farouche à la vie, en développant une culture de mort,dont la base est un malthusianisme forcené.

 

Or, en matière d'économie, le malthusianisme entraine une attitude restrictive basée sur l'idée que moins nombreux seront ceux qui partagent le gâteau et plus grosses seront les parts : d'où une politique anti-nataliste et une politique favorisant dans la pratique sinon dans la théorie, l'exclusion du plus grand nombre...rejetés, pratiquement de l'accès au gâteau!

Il est bien évident qu'un "natalisme" tournant au "lapinisme" est contraire au projet de Dieu. Les hommes ont la responsabilité de mettre au monde , non pas des êtres matériels livrés à leurs seuls instincts, mais des êtres humains globaux dont les besoins sur tous les plans doivent être équilibrés.

Pour reprendre l'image du gant et de la main, celle-ci, dans le projet de Dieu, figure une humanité en croissance, "de l'image à la ressemblance", donc appelée à un développement équilibré.

Or, cet équilibre ne peut être obtenu que dans une perspective dynamique et non pas restrictive.

                                                                                                                                                                                         

14) Les goulots d'étranglement                                                                                                                                                                              Ce que beaucoup de responsables ne voient pas, c'est que certains doigts de chair butent actuellement dans leurs doigts de gant. Il y a, à ce niveau, des goulots d'étranglement qui constituent une cause de non-correspondance des autres doigts de chair aux autres doigts de gant. Dés lors, plus rien n'est adapté!

Si l'obstacle était levé au niveau de ces "besoins sectoriels" animés d'un dynamisme certain, c'est à dire si l'on allongeait le doigt de gant correspondant et qu'on levait ainsi l'obstacle, cela changerait tout. Malheureusement, on applique trop souvent, à ce doigt dynamique la même législation restrictive et tatillonne qu'aux autres doigts qui, eux, sont effectivement "trop longs".

En fait, si le ou les doigts qui butent pouvaient aller plus loin (c'est à dire se développer davantage), les autres doigts de chair pourraient aller jusqu'au bout des autres doigts de gant, résolvant ainsi le problème du chômage!

Ces goulots d'étranglement sont une réalité de tous les temps, mais qu'on ne veut pas voir...ou laisser voir (dans la crainte que l'état-contrôleur vienne renforcer les réglementations restrictives ou taxer encore plus les bénéfices.  Sauvy estimait, en 77 et alors que le chômage commençait à préoccuper les responsables clairvoyants, que 20% seulement des entreprises travaillaient à plein rendement de leurs possibilités.

Pour différentes que soient les conditions économiques actuellement, par rapport à 77, l'affirmation de Sauvy est toujours valable! Il existe des secteurs d'activité dans lesquels il y a des goulots d'étranglement.  Dans ces secteurs, l'activité pourrait être beaucoup plus développée.

Ce qui empêche un tel développement, ce sont :

    -des équipements insuffisants, voir obsolètes. Cette situation résulte d'une insuffisance d'investissements, tant sur le plan humain que matériel et se trouve renforcée par la vision malthusienne restrictive, ainsi que par les charges excessives supportées par la production.

    -des réglementations décourageantes par leur complexité, freinant toute expansion.

C'est ainsi que des entreprises florissantes, ne manquant pas de débouchés pour leur production, préfèrent modérer celle-ci. Ainsi elles évitent, en restreignant le nombre de leurs employés, de passer dans une catégorie d'entreprises soumises à des réglementations plus contraignantes. Pensant protéger les travailleurs, le législateur a fragilisé indirectement l'emploi, ce qui a priori n'était pas le but recherché.

Cet exemple est loin d'être unique. Il est évident, par exemple, qu'une protection de l'emploi freinant excessivement les possibilités d’un licenciement, même légitime, dissuade les employeurs d'embaucher dans le but d'une expansion. Cette dissuasion de l'embauche est encore plus forte, bien entendu, si les goulots d'étranglement freinent la production et que les prix montent du fait d'une demande forte à la consommation. Le chef d'entreprise préfère alors, évidemment, écouler sa production à prix fort, sans prendre les risques d'une expansion.

    -une formation inadéquate des employés, demandeurs d'emploi, arrivant sur le marché du travail   

C'est le problème de la formation professionnelle. La  responsabilité de celle-ci devrait être assumée par de véritables professionnels, au moins au niveau des orientations et de l'encadrement. Par véritables professionnels, on entend ceux qui assument de réelles responsabilités au niveau des entreprises. Ceux-ci ont, en effet, l'expérience du retentissement automatique, au niveau des résultats, de toute erreur ou négligence commises. On ne peut attendre d'une structure sans responsabilité directe, qu'elle forme des employés compétents dans les activités où l'économie les réclame.

Ceci concerne aussi bien les futurs employés, qui déboucheront sur le marché du travail, que les employés qui y sont déjà mais qui doivent "changer de doigt de gant". Pour ces derniers, il s'agit de s'adapter à un nouveau secteur d'activité qui a besoin de main d'oeuvre. Cette adaptation nécessite, évidemment, une formation. Encore faut-il que cette formation soit orientée vers les secteurs d'activité répondant aux besoins réels de l'économie, donc aux besoins réels de l'humanité.

Ce sont les besoins de l'homme global (corps, âme, esprit), accordé au projet de Dieu sur l'humanité, qui déterminent les besoins réels et déterminent le développement des secteurs d'activité correspondants.

Or, dans le concret, ce ne sont pas toujours les besoins réels qui se manifestent, mais plutôt des besoins illégitimes, voir néfastes. C'est ainsi qu'actuellement, dans une bonne partie du monde occidental, on privilégie les besoins découlant d'une vision matérialiste et non spiritualiste. De ce fait, la consommation prime par rapport à l'investissement. Cette vision, matérialiste de fait, coïncide avec le vieillissement de la population, non seulement au niveau de l'importance numérique des tranches d'âge avancé, mais aussi au niveau de la mentalité des jeunes.

De fait, la majorité des citoyens adhère à un conservatisme peureux, défenseur forcené des "avantages acquis".

Cette vision, décollant totalement du réel, a pour conséquence une situation économique artificielle

et donc très fragile, basée sur des postulats complètement faux, comme celui du malthusianisme.

La politique conservatrice des "avantages acquis"(retraites trop précoces, avantages autrefois mérités mais devenus privilèges indus, hypersécurité de l'emploi induisant des négligences), empêche, entre autres une saine mobilité de l'emploi.

Si l'on ajoute à cela la sur-rémunération des emplois intellectuels par rapport aux emplois manuels, la sous-rémunération de la responsabilité et de l'initiative, par rapport à la sur-protection d'emplois n'exigeant ni l'une ni l'autre, le mélange détonant social se trouve réalisé. On assiste alors à une véritable destruction de l'emploi et à l'envol du chômage.

Contre celui-ci, on propose des "formations". Certes, il y a quelques résultats...mais à quel prix!

A la limite, il y a même une certaine incitation au gaspillage, aux formations inutiles car inappropriées.

Derrière tout cela, on retrouve cette idée fausse que tout "emploi" est bénéfique, même s'il ne correspond nullement à un besoin réel de l'économie et qu'il contribue ainsi à la détraquer.

En fin de compte, ce sont la pérennité des goulots d'étranglement et la vacuité concomitante d'autres doigts de gant qui sont les causes principales du chômage.

 

15) LE  PLEIN  EMPLOI

On doit remédier aux causes du chômage, mais, pour autant, est-il possible d'arriver au "plein emploi"?

Ce terme veut dire que tout individu doit trouver, à tout moment, dans l'endroit où il est, dans la profession qu'il désire et dans les conditions qu'il souhaite, le travail correspondant à tout cela!

En outre, tout individu souhaite la sécurité de son emploi, c'est à dire sa conservation en dépit des aléas de l'économie mondiale, des caprices des phénomènes naturels et politiques, des innovations techniques...et des changements de goût des consommateurs.

Vouloir réaliser cela pour tous et pour tous les temps est complètement illusoire!.....

d'autant plus que les hommes sont de plus en plus exigeants par rapport à leurs conditions de

travail, en fonction du progrès.

Le plein emploi absolu est donc une utopie. Cependant dans l'intention de s'en rapprocher, les hommes disposent de deux moyens, en apparence opposés :

      -la contrainte exercée sur les hommes : c'est la planification. Elle peut porter sur les travailleurs ou sur les consommateurs, ou sur les deux. La contrainte a tendance à se renforcer sans cesse et va de pair avec un régime totalitaire, avéré ou larvé, qu'elle favorise et qui l'entretient.

     -Le second moyen est la souplesse ...qui n'est autre que la contrainte libérale.

Celle-ci doit être très souple pour s'adapter aux changements de plus en plus profonds et complexes des techniques, des relations etc...Or, la tendance des dirigeants est d'introduire toujours plus de rigidité....sous forme de réglementations de plus en plus compliquées, lourdes et de moins en moins applicables.

Souplesse ne signifie pas anarchie!

Or, il existe des risques d'anarchie au niveau de l'économie mondiale. Par anarchie, il faut entendre l'inadéquation entre les véritables besoins des hommes, tels qu'ils procèdent du projet de Dieu et

certains besoins qui, eux, sont nocifs ou qui, sans l'être à proprement parler, sont plutôt "indifférents", mais concurrencent les besoins bénéfiques.

Si l'on reprend la comparaison de la main et du gant, l'anarchie correspond à une croissance exagérée de certains doigts, croissance qui déséquilibre les fonctions essentielles de la main et qui aura une répercussion automatique au niveau de l'adéquation du gant par rapport à cette main.

Pour éviter cette anarchie, qui menace l'économie dés lors que l'on a opté pour la souplesse, il faudrait que les "besoins bénéfiques" l'emportent sur les besoins indifférents et, surtout, sur les "besoins nocifs". Malheureusement, c'est le contraire qui se produit actuellement.

Le système éducatif laxiste en cours et la pression de médias manipulés par des groupes de pression économiques créent des "besoins nocifs". La démission de beaucoup "d'autorités morales "fait le reste et achève ainsi le dérapage de la "souplesse" vers « l’anarchie ».

Un certain "libéralisme", en fait dévoyé et devenu "sauvage" se retourne contre l'emploi.

 

16) LE  PARTAGE  DU  TRAVAIL

Dans la perspective de promouvoir l'emploi, certains ont préconisé le "partage du travail".

(cf le document publié par le comité des affaires sociales des évêques du Quebec le 1.5.94

n°2096 de la Documentation catholique p.585-589 ).

Certes, les auteurs de cette proposition précisent bien que l'idée de partager le travail invite à plus que le partage du temps de travail. En effet, le manque d'emplois n'est pas dû au manque de "besoins". Beaucoup de besoins ne sont pas comblés. Mais cette idée débouche pratiquement sur une limitation de travail de toute une population. Il en résulterait une baisse de production, donc une insatisfaction encore plus grande de ces besoins légitimes et bénéfiques dont il est affirmé qu'ils ne manquent pas! La solution proposée n'est donc pas adéquate sur le plan de l'économie globale.

Ce qu'il faut, c'est diminuer le temps de travail dans les secteurs de l'économie qui se consacrent à satisfaire des besoins nocifs ou "indifférents" et, par contre, augmenter le temps de travail dans les secteurs qui se consacrent à la satisfaction des besoins bénéfiques.

Là encore, certains ont voulu traiter le problème du chômage globalement.....alors qu'en réalité il n'y a pas un problème global de chômage, mais des dysfonctionnements sectoriels économiques, dont nous avons vu les causes...et le caractère totalement artificiel!

Sans la correction préalable de ces dysfonctionnements, le "partage du travail" ne peut être qu'une illusion pour la solution du chômage.

 

RÔLE  DE  LA  SOLIDARITE

 

17) – Si, par rapport à cette question du "partage du travail", on se place sur le plan de la solidarité, cette solution pourrait être efficace, bien que, sur le plan économique elle soit néfaste. Cela veut dire qu'à terme il y a danger qu'une telle solution se retourne contre tous....solidairement touchés par une distorsion de l'économie.

C'est tout le problème du subventionnement de la "solidarité"! Qui doit payer la note de cette dernière? Est-ce le travail, l'emploi, la production?...ou bien la consommation (et alors, laquelle? : celle des "besoins bénéfiques"? ou celle des "besoins nocifs"? ).Autant de questions qui réclament une réponse claire pour éviter que "solidarité" devienne synonyme d'injustice.

 

LA RECESSION  N'EST  PAS  UNE  FATALITE

Actuellement règne une sorte de résignation par rapport aux difficultés de trouver des solutions aux problèmes soulevés par le travail.

Une proposition comme celle du "partage du travail", telle qu'elle a été présentée, dénote cette résignation, comme si l'on avait renoncé à l'expansion pour accepter une récession inéluctable.

Une telle attitude est lourde de conséquences fâcheuses sur le plan psychologique.

Cette sorte de démission collective empêche d'accomplir la mission qui découle, pour l'homme, du projet de Dieu sur lui. Elle contrarie la vocation co-créatrice de l'homme et lui fait tourner le dos au salut!

 

CONCLUSION

19) - Au terme de cette réflexion sur le travail et du survol de quelques-uns des problèmes qu'il pose, on peut conclure à la nécessité d'une clarification au niveau du public .C’est un préalable à toute proposition de solution sérieuse.

On peut ainsi formuler quelques affirmations de base :

      -Le travail n'est pas un but en soi.....c'est un moyen.

      -Certaines "activités laborieuses" sont souvent confondues avec le véritable travail. Or, contrairement à celui-ci, elles ne sont pas bonnes!

      -Le but de l'économie n'est pas le travail, mais la satisfaction des besoins réels des hommes, ceux qui sont prévus dans le plan de Dieu.

      -L'emploi n'est pas un but en soi. La création de certains emplois peut être néfaste pour l'économie.

      -Le plein emploi relève de l'utopie.

      -Il n'y a pas un problème global de chômage, mais des distorsions sectorielles entre les besoins réels des hommes et les moyens matériels et humains propres à les satisfaire.

      -La satisfaction des besoins légitimes ,réels, de l'humanité, nécessite, sur le plan économique, une expansion continue, qui doit s'inscrire dans les mentalités.

      -La résignation à la régression, corollaire d'un malthusianisme affiché ou sournois, est un produit de cette "civilisation de la mort" dans laquelle nous baignons.

      -"Tu choisiras la vie"...tel est le conseil de Dieu (Dt 30,19).Ce choix est celui de la vérité :en matière d'économie, toute méconnaissance de la vérité se paie cher. Dire, par exemple que le chômage est dû à un excédent global d'hommes, est une stupidité. Il peut, certes, par contre, dans certains secteurs, relever d'un excédent d'inadaptés.

Dire aussi que le progrès technique est facteur de chômage, parce qu'il supprime certains emplois, c'est confondre progrès technique et avancée technique mal maitrisée, en méconnaissant les nouvelles possibilités d'emploi développées par un progrès bien intégré.

      -Mais le principal, dans toute cette question, c'est la nécessité de considérer l'homme comme un être global, revêtu de sa dignité de fils de Dieu et non comme une mécanique à produire et à consommer.

            

                                                                                       

 

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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 14:48

                                TRAVAIL   (PREMIERE  PARTIE)
 

 

                                REFLEXION  SUR  LE  TRAVAIL

 

Eléments tirés de la Parole de Dieu et de la tradition de l'Eglise catholique, destinés à la compréhension des problèmes posés par le travail humain dans le monde actuel.

                                                                             

                                                  PLAN

 

                                 CHAPITRE  PREMIER

 

1) Projet de Dieu sur l'homme.

2) Place du travail dans ce projet comme moyen de réalisation de celui-ci.

3) Caractère objectif et subjectif du travail.

4) Lien entre la dignité du travail et celle de l'homme.

5) Conditions pour que le travail corresponde au projet de Dieu.

 

 

CHAPITRE DEUXIEME

 

6) Les "biens" produits par le travail. Evaluation de ces "biens" et donc du travail correspondant.

7) Biens de consommation et de production. Leur utilisation immédiate ou différée.

   Les investissements.

8) Le capital. Son rapport avec le travail.

9) Rétribution du capital.

 

CHAPITRE  TROISIEME

 

10) La propriété- origine- vraie et fausse propriété.

11) La rémunération.

12) L'économie dans le projet de Dieu.

 

CHAPITRE QUATRIEME

 

13) L'emploi. Adaptation entre économie et emploi. Le chômage.

14) Les goulots d'étranglement. Leurs causes. Liens avec le chômage.

     Obstacles au développement.

15) Le plein emploi. Son caractère illusoire. Les moyens d'y tendre. Souplesse et anarchie.

      La résignation et son poids.

16) Partage du travail.

17) La solidarité et son subventionnement.

18) La récession n'est pas une fatalité.

19) Quelques "principes" en vue d'une solution.

 

 

                                          CHAPITRE  PREMIER

 

1) -  L'homme a été créé pour participer à la vie même de Dieu, vie trinitaire en communion d'amour.

   Pour cela, l'homme a été créé image de Dieu et appelé à une ressemblance à Dieu telle qu'il puisse, une fois arrivé à cette ressemblance, participer à la vie trinitaire.

Ce cheminement de "l'image" à la "ressemblance", rendu possible par la réalisation du salut en Christ, comporte une croissance en amour et en personnalité, dans une vie relationnelle.

Cette vie relationnelle met en jeu un certain nombre d'éléments à travers lesquels va s'exercer, dans le sens qu'il lui imprime à son gré, la liberté de l'homme. Ceci selon ses choix.

 

2) - Parmi ces éléments, on connait l'importance de la sexualité, mais aussi celle du travail.

Ainsi apparait-il clairement que Dieu a voulu faire du travail humain un moyen d'atteindre ce but qu'est la "ressemblance". Le projet de Dieu sur l'homme comporte donc bien l'utilisation du travail comme moyen efficace de faire aboutir ce projet.

 

3) - Le travail va accomplir ce rôle, d'une part en assurant la subsistance (au sens large) de l'homme et d'autre part en rendant l'homme co-créateur.

-Assurer la subsistance de l'homme relève surtout de l'aspect "objectif" du travail (cf "Laborem exercens" 5 ).On entend par là tout ce que fournit à l'homme son activité physique, intellectuelle

( prolongées et développées par la technique), pour assumer ses besoins élémentaires divers. Cette nécessité du travail pour la vie et la survie de l'homme est évoquée dans la Genèse au chapitre 3 (17-19): "c'est dans la peine que tu te nourriras tous les jours de ta vie....à la sueur de ton visage tu mangeras du pain!"

-Par contre, assumer un rôle de co-créateur, pour l'homme, relève de l'aspect "subjectif" du travail (cf Laborem exercens 6). L'homme est "sujet" du travail en tant que personne. Le travail tire sa dignité du fait que l'homme, son sujet, a lui-même une dignité essentielle de par sa qualité de fils de Dieu appelé à la ressemblance à Dieu et cela justement, en partie au moins, à travers ce rôle de co-créateur assumé dans et par le travail.

 

4) - De cela, il découle que la valeur du travail humain n'est pas, avant tout, tirée du genre de travail  accompli, mais bien de la dignité de celui à qui Dieu a confié de l'accomplir dans sa création, pour l'aboutissement de son projet.

Dans son aspect objectif, comme dans son aspect subjectif, le travail n'est nullement un but en lui-même, mais un moyen voulu par Dieu pour réaliser son projet sur la création en général, et sur l'homme en particulier

 

5) - Le travail n'est donc pas bon en lui-même, mais seulement dans la mesure où il est en conformité avec le projet de Dieu. S'il est en opposition avec celui-ci, il est néfaste, mauvais. On peut même alors s'interroger sur la légitimité d'appeler "travail" une activité contraire au projet de Dieu. Et, si l'on tient compte de la relation traditionnellement favorable établie entre le travail et la volonté de Dieu sur l'homme au point d'admettre a priori une certaine valeur du travail sur le plan moral, il faut se garder fermement de toute idolâtrie à son égard.

Dans le concret, toute activité humaine tendant au développement physique, psychique, spirituel, des personnes, dans une relation d'amour, est un travail au plein sens du terme. Par contre, toutes les autres activités sortent du cadre du travail : ainsi, par exemple, les activités de guerre, autres que défensives et légitimes, les activités anti-écologiques, anti-éducatives ou destructrices de la santé physique, psychique ou spirituelle des hommes. Ces activités ne sauraient être assimilées au travail et, en fait, elles s'y opposent même catégoriquement.

 

                                          CHAPITRE  DEUXIEME

 

6) C'est donc par l'analyse des "biens" que produit une activité que l'on peut juger si celle-ci correspond au projet de Dieu (dans l’affirmative, il s'agit bien, alors, d'un travail, mais dans le cas contraire, c'est un obstacle au travail).

Dans son projet Dieu veut qu'à travers le travail les hommes:

 

-assurent leur subsistance globale

-soient co-créateurs.

-Assurer la subsistance globale, c'est répondre aux besoins légitimes sur tous les plans :

physique, psychique, spirituel. Il faut donc bien distinguer, parmi les "besoins", ceux qui  sont vitaux, essentiels, importants, utiles.....ou ceux qui sont superflus, inutiles, voir nuisibles!

-Assurer un rôle de co-créateurs nécessite un approfondissement des connaissances, une maîtrise             des phénomènes naturels, mais toujours dans un sens conforme au projet de Dieu sur l'homme(progression vers la ressemblance).Toute activité tendant à arracher des "pouvoirs", même "naturels"...pour les utiliser contre le projet de Dieu sur l'homme, est, au contraire, un obstacle au travail de co-créateur.

Sortent donc du cadre du véritable travail certaines activités scientifiques actuelles (car attentant à la dignité de l'être humain), ainsi que toutes les activités qui, par exemple, sous prétexte d'organisation de la production, imposent des contrôles superflus, abusifs, à celle-ci, la décourageant par un "dirigisme" excessif qui contrarie le véritable travail.          

Les "biens" produits par les activités humaines ne sont donc pas toujours "bons", et sont même parfois franchement mauvais. Ce n'est donc pas l'activité en tant que telle qu'il faut rechercher, mais les "biens" produits par un véritable travail. Ces "biens" sont alors de vraies richesses au sens noble du terme.

 

7) Selon leur destination, les "biens" produits par le travail servent :

           -soit pour la consommation

           -soit pour l'équipement.    

           Mais cette distinction est artificielle dans la mesure où les biens d'équipement actuels serviront, plus tard, pour satisfaire la consommation future.

Mieux vaudrait, sans doute, différencier les "biens" destinés à une consommation immédiate de ceux destinés à une consommation différée. Ces derniers comportent les provisions et les investissements au sens large (matériels, mais aussi "humains"),tels que tous les outils de production, les infrastructures, les efforts dans la recherche(scientifique, technique...etc.).

L'amélioration de la production passera en partie par un investissement suffisant dans ces moyens de multiplication des richesses. Cet investissement se fera, forcément, au détriment, au moins en partie, de l'affectation immédiate à la consommation des biens produits.

Il y a donc une sorte de concurrence entre production et consommation immédiate. Mais surtout, il y a nécessité d'un juste équilibre entre consommation immédiate et investissements, afin que la subsistance des hommes ne soit pas compromise dans l'immédiat, mais aussi afin que la production future ne soit pas, à l'inverse, compromise.

Un des moyens d'assurer les investissements et d'assurer l'avenir, est la constitution du capital.

 

8) Le capital. A ce terme, il faut donner sa signification initiale, à savoir, la mise en réserve du produit du travail. Sans travail préalable, il n'y a pas de capital. Il n'y a pas d'opposition véritable entre capital et travail au niveau de leur relation à la production : ils sont tous deux, mais différemment, facteur de production.

C'est l'erreur de l "économisme" de les opposer. L'économisme commet  cette erreur, car il se trompe sur la nature et le sens du travail. Procédant d'un matérialisme pratique, sinon théorique, il professe que le travail est au service de l'économie, alors qu'il est, en réalité, au service de l'homme (en raison de la dignité de ce dernier).

La mise en réserve du produit du travail sous forme de capital,  nécessite l'emploi de la monnaie, l'acquisition de "parts de sociétés" par les particuliers ou les collectivités, bref, l'usage des différents rouages du capitalisme.

9) La constitution du capital, sous quelque forme qu'elle s'effectue, nécessite aussi de prendre des risques, comme dans toute constitution de réserves : risque de dépréciation, de destruction, de vétusté etc....Ces risques méritent une rétribution juste. Mais, si cette dernière est trop forte, les résultats de la production auront tendance à se réfugier dans cette structure hyper-rentable.

Ce mouvement se fera, bien évidement, au détriment des investissements générateurs, pour le futur, d'un accroissement et d'une amélioration de la production. Il se fera aussi au détriment de la consommation légitime, voir même de la subsistance élémentaire des hommes.

Si cette rétribution des risques encourus par le capital est par contre trop faible, la production s'écoulera au niveau de la consommation ou d'investissements à court terme, voir superflus...donc, finalement dans un certain gaspillage.

 

                                         CHAPITRE  TROISIEME

 

 10) - La propriété

 Issu du travail, le capital est, comme le travail, fait pour l'homme et non l'inverse.

 Un capitalisme en harmonie avec le projet de Dieu se doit d'éviter toute rigidité, tout détournement de son but....qui reste l'homme. Il doit favoriser la destination universelle des biens, et le droit à leur usage commun. Pour cela, il faut qu'à la base même de l'économie soit défini le terme de propriété.

La propriété se justifie par son lien avec le travail (qu'il s'agisse de propriété des biens de consommation ou de production). Elle doit résulter du travail, au moins indirectement (comme dans le cas, par exemple, d'un héritage)...que ce travail ait été effectué pour la "subsistance", ou en tant que "co-créateur"(ainsi pour la propriété scientifique sous forme de brevet). Elle constitue une mise en réserve du produit du travail en vue d'être, à son tour, soit moyen de subsistance, soit moyen de co-création. Si telle n'est pas son orientation, elle sort alors du cadre du projet de Dieu et ne se justifie plus.

La propriété suppose la libre disposition du bien dont on est propriétaire. L'absence de cette disposition est une atteinte à la propriété, qui nécessite alors un dédommagement. A l'inverse, on peut avoir la disposition de certains biens dont on n'est pas propriétaire : c'est un usufruit, qu'on pourrait qualifier de propriété incomplète et qui est accordé, par exemple, en échange de certains services (ainsi pour certains employés de l'état, des collectivités, ou des sociétés).

Les biens dont on est propriétaire sont :

     _soit de consommation

     _soit de production

     _et, en fait, souvent mixtes, destinés aux deux(comme une voiture, servant pour la détente ou pour le travail ).

 

11) Rémunération  

    Le lien entre travail et propriété est particulièrement net au niveau de la rémunération du travail. Tout travail mérite salaire et le salaire est propriété du travailleur. La rémunération du travail doit être envisagée au sens large : pour être juste, elle doit tenir compte de la subsistance de celui qui fournit le travail...et de ceux dont il a la charge légitime .Elle doit tenir compte également de sa qualité de co-créateur.

Pour ce dernier point, la rémunération ne saurait se contenter d'être monétaire, mais elle doit aussi apporter une certaine considération, au sens large et une possibilité de progrès vers la "ressemblance", ce qui suppose des conditions de travail de plus en plus adéquates, ainsi qu'une incitation à participer au véritable progrès de l'humanité.

 

12) L'économie, dans le projet de Dieu, a un rôle de premier plan. Elle doit favoriser le cheminement de "l'image à la ressemblance" en assurant la subsistance de l'homme et en lui permettant de jouer son rôle de co-créateur.

Par les biens qu'elle produit elle assure et développe la vie humaine, la santé, les capacités

physiques, mais aussi les connaissances de tous ordres, les progrès scientifiques, techniques, relationnels.

Le travail est, pour l'économie, un moyen de remplir ce rôle de production de biens pour la satisfaction des besoins légitimes des hommes....et non pour leur régression, stagnation ou destruction.

Ce n'est donc pas le travail qui est le but de l'économie, mais plutôt cette satisfaction des besoins légitimes des hommes contenue dans le plan de Dieu. Le travail est au service de ce but, donc de l'économie. Une saine économie vise à réaliser son but avec la quantité et la qualité de travail les mieux adaptées. A savoir, pas forcément le "moins de travail possible", ni le "plus de travail possible", mais plutôt avec une qualité de travail toujours mieux orientée vers la dignité de l'homme co-créateur. Ces réflexions sur le travail introduisent au problème de l'emploi.

 

                                  

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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 12:51

                      LES  EMPRISES

 

 

 

OBSTACLES  A  NOTRE  MARCHE  VERS  LE  ROYAUME : LES  EMPRISES

 

Dieu nous veut libres car c’est la condition indispensable pour aimer et donc pour entrer dans le Royaume. Toute atteinte à notre liberté est un obstacle pour aller vers le Royaume.

Or, nous acceptons, souvent sans même nous en rendre compte des privations de liberté, des soumissions injustifiées à des « pouvoirs ». Ce sont des « emprises », qui nous freinent dans notre vie spirituelle.

L’emprise, sur nous, de ces pouvoirs peut être subie, contre notre volonté, mais elle peut venir de notre acceptation. Par faiblesse, par calcul, par une confiance excessive en nos capacités de résistance, en nous croyant plus malins…que le Malin, nous nous laissons parfois « piéger » et nous le payons par la privation de notre liberté et de notre véritable identité, celle que Dieu veut pour chacun de nous !

Comment cela est-t-il possible, chez des êtres aussi intelligents que nous et a priori tellement jaloux de notre liberté ? C’est à peine croyable….et pourtant c’est bien ce qui nous arrive à tous ! Tout simplement parce que nous négligeons certains « clignotants » chargés de nous avertir du danger de tomber sous la coupe de ces « pouvoirs » de mort qui nous retirent la vraie vie. Or, Dieu nous demande de choisir la vie ! ( Dt 30,15-20 ).

 Tous les degrés existent dans l’emprise de ces pouvoirs de mort, mais leur gravité n’est pas toujours apparente.

 

ORIGINES  DES EMPRISES

 

1° Celles provenant de nos proches (parents, entourage) :

-          Nos parents, nos ascendants,  sont très bien placés pour exercer leur emprise, d’autant plus qu’il est légitime qu’ils aient, pendant un temps, une autorité sur nous. Mais cette autorité peut se faire excessive, néfaste, destructrice. Elle peut s’exercer aussi au-delà de la durée légitime et par des exigences qui ne sont plus de mise, vis à vis d’un enfant marié par exemple.

-          Le chantage affectif qu’exercent certains de nos proches en jouant sur notre sentiment de culpabilité, peut être une emprise énorme. L’accusation d’abandonner nos proches relève parfois de la mauvaise foi la plus notoire de leur part.

-           Certains ont l’art de manier le chantage au suicide, le chantage au départ et ont , de ce fait, une emprise sur toute la famille. Ceux qui font ce genre de chantage se posent souvent en victimes et il peut arriver qu’ils l’aient été eux-mêmes, effectivement, mais de la part d’autres personnes, longtemps avant et sans avoir pu liquider le problème initial : (exemple de la femme qui avait subi le départ inopiné et brutal de sa mère ).                -Ce n’est pas toujours de la part des plus forts que nous aurons à craindre le plus une emprise.

-          Ma situation dans la famille, dans ma fratrie, peut menacer ma liberté : si on m’interdit d’être moi-même pour ne pas porter ombrage, soit-disant, à un frère ou une sœur plus faible, moins intelligent, en moins bonne santé que moi. On peut aller jusqu’à me faire regretter d’être garçon ou fille et d’avoir, par ce seul fait, déçu mes parents qui « me  font payer » la déception que je leur ai apportée !

-          Ma seule venue dans la famille a pu « gêner » et il s’exerce alors sur moi une emprise de mort : on me reproche de vivre ! (exemple de l’homme qui se disait « nul… »).

-          Enfin, c’est la plupart du temps à cause de l’attitude et des propos de nos proches envers nous que notre sentiment de culpabilité / infériorité se développe et prend des proportions incroyables.

 

2° Emprises venant de notre conjoint : Le conjoint, outrepassant son rôle, exerce une emprise sur l’autre. Parfois, nous subissons les conséquences désastreuses d’une inversion des rôles dans notre couple : le berger veut être prophète et ce dernier veut être berger, si bien que personne ne tient vraiment son rôle, celui que Dieu veut ! Chacun « tire la couverture à lui » et c’est la bagarre où tous se disent victime tout en exerçant chacun une emprise ! Ce n’est pas cela la paix de Jésus, mais plutôt un équilibre instable des forces, une guerre larvée où chacun « veille » l’autre et n’est donc plus libre ! (exemple de la femme qui, ayant à subir un mari autoritaire, se rattrape en édictant des « règlements intérieurs » excessifs dans le domaine où elle garde encore une part d’autorité : la maison ! )

Parfois l’un des deux, le plus fort ou le plus malin, tient l’autre sous son entière domination, l’empêchant d’être lui-même, le traitant comme un paillasson. Accepter une telle situation, c’est tomber sous emprise. (Exemple de la femme dont le mari rentrait à n’importe quelle heure, sans prévenir et qui exigeait qu’elle l’attende !).

 

3°) Emprise venant de nos ascendants :

Tout ce qui s’est passé avant nous, dans notre famille a de l’importance. Nous sommes, en tout, héritiers de nos ascendants. Mais , de même que l’on peut refuser un héritage en raison d’un « passif » trop lourd, de même on doit refuser l’emprise  que constituent les fautes de nos ancêtres présentées comme une malédiction inéluctable.

Oui, il peut y avoir des « faiblesses »  transmises dans les générations successives, sur le plan santé entre autres, à cause de mauvaises habitudes de vie, d’alimentation etc…. Nous les recevons, comme nous le faisons pour toutes les forces positives et bénéfiques dont nous héritons. Nous restons libres de les accepter ou de les rejeter. Elles ne doivent en aucun cas nous ligoter, nous priver de notre liberté, nous rendre impuissants sous l’effet d’une sorte de malédiction fataliste ! Ce n’est pas parce que les parents ont mangé des raisins verts que les descendants jusqu’à la septième génération auront les dents agacées !

Il ne faut pas confondre le « péché de lignée », qui est un état de moindre résistance dans notre constitution humaine, entretenu par les générations successives, avec une « malédiction ». Attention à ne pas enchaîner les victimes de ce genre d’emprise par des « liens » imaginaires.

D’ailleurs, il faut dénoncer comme soumission volontaire à une emprise, le fait de croire au pouvoir du Mal manié par une personne quelconque à notre égard sous forme de malédiction alors que nous sommes sous la protection du Père, à l’abri dans la main de notre « Abba » dont aucun pouvoir adverse ne peut nous retirer (Jn 10, 29). Malheureusement, certains restent sous l’emprise d’une malédiction, brutale ou larvée,  dont ils se font les esclaves durant toute leur vie !

 

4°) Emprise venant de nos « convoitises » (cf l’article sur ce sujet, dans le blog).

Nous pouvons tomber, en effet, sous l’emprise de l’envie ou de la jalousie !

  Dans le dixième commandement, Dieu dénonce l’envie comme un danger pour notre liberté.

L’envie nous fait désirer avoir ce que nous n’avons pas et qui n’est pas vraiment nécessaire pour notre bien, ou être autrement que ce que nous sommes, sans véritable nécessité.

Ainsi, je vais désirer de toutes mes forces être grand si je suis petit ou moyen, être gros si je suis mince et mince si je suis gros, avoir le teint clair si je suis bronzé et bronzer à tout prix sur la plage si je suis pâle !

Dieu veut que j’assume l’identité qu’il a prévue pour moi comme étant la meilleure dans mon cas : être moi-même, tel que Dieu veut, donc en accord avec son Plan sur moi. Cela nécessite de me dégager de toute « envie ». Par contre, il m’est demandé de progresser toujours, avec les capacités que Dieu m’a données pour les mettre au service de l’amour.

A plus forte raison, je dois rejeter la jalousie qui est une méfiance vis à vis de « l’autre » dont le bonheur, la réussite me font souffrir : au lieu de m’en réjouir, comme Dieu s’en réjouit, je m’en désole et refuse ainsi d’entrer dans le plan de Dieu sur les autres (cf le fils aîné qui ne veut pas entrer pour festoyer avec son frère et son père – (Lc 15, 28-30).

 

5°) – Emprise spirituelle

En voulant à tout prix devenir ce que nous ne sommes pas et que nous n’avons nul besoin d’être, nous nous exposons à tomber sous l’emprise de ceux  dont nous avons fait nos modèles un peu trop vite ! Notre admiration pour eux risque de devenir idolâtrie.

C’est ce que l’on appelle l’emprise spirituelle, beaucoup plus dangereuses que l’emprise intellectuelle ou physique puisqu’elle caractérise les fondateurs de sectes !

Il est légitime que certains exercent des pouvoirs, dans des conditions bien déterminées et sous contrôle. Mais dans toute structure où ces pouvoirs sont exercés, il y a toujours un danger possible d’emprise.

Paradoxalement, ce danger vient parfois des faibles et non des forts. C’est ce qui se passe   parfois dans certaines structures orientées vers la charité fraternelle et particulièrement la compassion telles que les groupes de prière.

Ainsi, on  voit parfois des personnes, dans un groupe de prière qui profitent de leur faiblesse chronique, de leurs problèmes difficiles, pour imposer au groupe de se pencher sans cesse sur elles, de prier sur elles lors de chaque séance, de monopoliser l’attention de tous sur leur état de victime chronique : Il y a là une véritable emprise d’un faible sur les autres….qui ne devraient pas se faire complices !

L’emprise affective peut aller jusqu’à  la passion, faussement confondue avec l’amour avec lequel elle est incompatible puisqu’elle supprime toute liberté chez celui qui en est victime.

 

A l’opposé, mon aversion envers quelqu’un peut me pousser à ne lui ressembler en rien et à rejeter tout ce qui vient de lui ou lui ressemble, même ce qui est bon et que je devrais imiter !

C’est ainsi que certains enfants refusent de ressembler en quoi que ce soit à l’un des parents dont ils ont eu a souffrir et n’acceptent rien de lui, y compris le sexe masculin ou féminin qu’ils se doivent pourtant d’assumer s’ils sont du même sexe que ce parent.

Dans toutes ces emprises, nous ne sommes plus ce que Dieu veut que nous soyons !

 

6°) Emprises venant des « interdits » :

Dans notre vie, il y a une multitude de panneaux « sens interdit ». Certains sont invisibles :

Nous ne savons pas ou ne savons plus que ce sont eux qui nous empêchent d’être nous-mêmes. Ainsi, l’interdiction d’être gai parce que certains sont tristes, ou de pleurer quand on a du chagrin, d’être faible à certains moments ou forts à d’autres, l’interdiction de réussir,ou celle d’échouer, de chuter, alors qu’il y a de bonnes raisons pour cela, l’interdiction de se plaindre à juste titre, de faire de la peine en accomplissant pourtant ce qui est juste et nécessaire….etc.

Pourquoi acceptons-nous ce qui est inacceptable aux yeux de Dieu ?, cette privation de notre liberté? Sans doute trouvons-nous,  dans ce genre d’emprise, des « bénéfices secondaires ».

Tout interdit qui va à contre-courant du désir de Dieu sur nous est une idolâtrie : c’est préférer un idéal humain à Dieu et se prosterner devant les hommes et non devant Dieu !

 

 

7°) Emprise de la honte :

                                                      A) Honte devant les hommes-

C’est une soumission au regard de jugement des autres. Elle nous détourne du regard compatissant et miséricordieux de Dieu. Certes, nous devons tenir compte de l’avis des autres, mais non pas en devenir les esclaves inconditionnels. Nous devons user de discernement par rapport aux paroles qu’on nous adresse.

 Certaines sont des paroles mensongères que nous devons rejeter comme des slogans qui ne viennent pas de Dieu. Par exemple « Tous les hommes sont des salauds, toutes les femmes sont des p… ! »..

 Nous ne devons pas avoir honte de tenir un autre discours et affirmer notre conformité au regard que Dieu pose sur chacun. La soumission aveugle au regard des autres sur nous est dangereuse. Mais pour autant, nous ne devons pas rejeter leurs remarques, leurs critiques positives et fraternelles et nous croire au-dessus des autres sous le prétexte que nous serions en branchement direct sur l’Esprit Saint ! L’obéissance à l’Esprit ne dispense pas de la soumission aux règles légitimes de la société civile et religieuse.

Nous n’avons pas à accepter certaines « culpabilités » (mort d’un proche, échecs, malheurs de la famille) que certains  voudraient mettre sur notre dos en nous faisant honte sans raison ou par méchanceté. C’est ainsi que certains pervers ont une emprise sur leurs victimes qu’ils peuvent pousser jusqu’au suicide !

 

Très fréquente et venant de la honte est l’emprise des « abuseurs sexuels » sur leurs victimes.

Il ne s’agit pas seulement de la « honte » d’avoir été « sali(e)» si fréquente chez les victimes,

mais d’un sentiment profond de dévalorisation. Elles doutent désormais de leur capacité, en tant que personne sexuée normale puisqu’une partie de leur valeur a été foulée aux pieds par l’agresseur. D’ou une tendance :

-          à ne pas se plaindre à qui de droit, à ne rien dire et, par conséquent, à continuer à subir cette emprise de l’agresseur.

-          à renoncer (inconsciemment) à être une personne normale, à part entière, avec toutes ses capacités sexuelles normales.

Les conséquences en sont parfois un comportement de crainte devant l’exercice normal de la sexualité dans la vie de couple, ultérieurement. Parfois c’est un dérapage vers l’homophilie ou l’homosexualité qui peut advenir, sorte de renoncement à la normalité, résultant de l’emprise d’un agresseur homosexuel.

Le remède à cela est d’abord et avant tout le rejet formel de la honte. L’accompagnateur doit exprimer avec conviction, devant la victime de ce genre d’emprise, son admiration devant « la merveille » pour Dieu  et pour lui qu’est celui qui vient le voir et que Dieu veut rétablir dans toutes ses capacités d’homme ou de femme.

La victime doit être formellement délivrée de toute accusation de connivence avec son agresseur qui renforcerait la « honte ».

 

                                                    B)   Honte devant Dieu-

Notre éducation est parfois responsable d’une vision de Dieu tout à fait fausse et qui est en contradiction avec la Parole. Nous éprouvons alors une certaine honte vis à vis d’un Dieu

      -qui se réjouirait de voir son Fils Jésus souffrir

      -dont la « justice » exigerait le châtiment des coupables que nous sommes en tant que pécheurs et qui chercherait toujours à nous « coincer ».

Vis à vis de Dieu, nous ne devons pas avoir honte de nous être trompés en faisant des promesses imprudentesEn aucun cas, il ne faut ajouter à l’imprudence d’une promesse illégitime, le mal qu’il y aurait à l’accomplir. Ne faisons pas comme Hérode après son serment stupide à la fille d’Hérodiade (Mt 14, 7-11), ni comme Jephté (Jg2 11, 30-31). Dieu est juste ! Ce faux dieu que nous suggère notre honte est une idole….à laquelle, malheureusement, nous offrons parfois encore des « sacrifices » dans la mesure où, au lieu d’une véritable ascèse positive et libératrice, nous pratiquons des « pénitences expiatoires » pour apaiser le soi disant « courroux » de Dieu ! qui deviennent des emprises, surtout si nous avons scrupule à ne pas les tenir.

 

LA  PERSISTANCE  DE  L’ EMPRISE

 

Il faut savoir que l’emprise peut persister longtemps après que sa cause ait disparu.

Elle évolue alors par elle-même, coupée de toute cause repérable, mais, en fait, toujours rattachée à cette cause initiale.

C’est par exemple l’emprise de la brutalité d’un père durant l’enfance. L’enfant est devenu adulte, à l’abri désormais de cette brutalité, mais toujours sous l’emprise d’une peur panique, irraisonnée, qui oblige, par exemple, cette personne à se barricader tous les soirs et à ne même pas répondre au téléphone.

 

LES  EMPRISES  SONT  DES  OBSTACLES  AU  SALUT

 

Jésus les a vaincues par sa passion, sa mort, sa descente aux enfers et sa résurrection. Avec son aide, nous avons à voir quelles sont les emprises qui nous dominent encore.

Certaines de ces emprises sont évidentes pour nous-mêmes, nous avons conscience de leur présence et des dégâts qu’elles occasionnent dans notre vie. Nous désirons nous en débarrasser !

Mais d’autres emprises nous concernant sont beaucoup plus évidentes pour notre entourage que pour nous-mêmes. Il s’agit alors d’être attentif aux avertissements qu’on nous donne et d’avoir l’humilité de reconnaître ce que nous n’avons pas été capable de saisir,pour de multiples raisons !

Très souvent, ce seront les difficultés rencontrées dans notre vie qui nous inciterons à rechercher les emprises qui peuvent nous tenir sous leur dépendance.

Dans cette recherche, nous serons guidés par des signes avertisseurs, sortes de clignotants nous indiquant à nous-mêmes ce que nous prenons comme direction sans toujours nous en rendre compte.

C’est dire qu’il faut être attentif à tous les « avertisseurs », à tous les « clignotants » qui, dans notre vie de tous les jours, témoignent d’une emprise qu’il faut vaincre pour parvenir au Royaume.

 Il s’agit là, pour chacun de nous, d’une descente, en profondeur, dans « nos enfers » où Jésus vient nous rejoindre (comme il est dit dans le credo) pour nous prendre par la main (comme nous le voyons sur l’icône de la résurrection) afin de nous faire ressusciter avec lui !

Nous allons voir comment nos émotions peuvent constituer d’excellents avertisseurs pour déceler nos emprises.

 

                                                    LES   EMOTIONS

 

L’émotion est un ressenti qui se manifeste au niveau des différents composants de notre personne que sont le corps, l’âme psychique et l’âme spirituelle.

L’impact peut porter sur la globalité de la personne, ou plus spécialement sur un ou deux de ses composants.

Nous réagissons à nos émotions et ces réactions nous entraînent :

   -soit vers la vie

   -soit vers la mort

On peut donc déjà classer nos émotions d’après leur orientation vers la vie ou vers la mort.

On peut aussi les classer selon qu’elles :

    -favorisent l’amour et, par conséquent le plan de Dieu

    -détruisent l’amour, donc favorisent le mal et sont en relation avec le péché.

A vrai dire, ces deux classifications se recoupent, car Dieu nous demande de choisir la vie

 ( Dt 30, 15-20) et l’amour.

-Emotions liées à la vie, à l’amour :

  - Gaîté, joie, compassion, miséricorde, douceur, confiance, attirance amoureuse, paix, respect, repentir, colère, humilité, liberté, bienveillance, zèle.

-Emotions liées à la mort, au mal :

     -peur, angoisse, honte, répulsion, dégoût, tristesse, morosité, découragement, fausse culpabilité, impuissance, agressivité, violence, haine, rancune, jalousie, envie, orgueil, révolte, méfiance, indifférence, intolérance, enfermement.

 

Les unes et les autres de ces émotions convergent vers deux sortes de ressenti qui intéresse toute notre personne et qui résulte :

-          1) soit de la satisfaction du désir : c’est le plaisir

-          2) soit de l’insatisfaction du désir : c’est la souffrance

Mais il y a, en fait, deux niveaux de désir

 -Celui du désir fondamental d’être aimé et d’aimer, débouchant sur bonheur ou malheur

selon qu’il est satisfait ou insatisfait.

     -Celui des désirs secondaires, plus immédiats ou intercurrents, débouchant sur plaisir ou 

       souffrance, selon qu’ils sont ou non satisfaits.

Le ressenti peut alors être différent à l’un et l’autre niveau, expliquant qu’on puisse ressentir à la fois souffrance et bonheur, par exemple, ou, à l’opposé, plaisir et malheur.

Cela nous montre que l’on ne peut classer la souffrance catégoriquement dans les émotions liées à la vie et à l’amour ou dans celles liées au mal et à la mort.

   

On peut dire que toute émotion vient du besoin fondamental d’être aimé et d’aimer et du désir correspondant. Mais le lien entre eux n’est pas d’emblée évident. Ainsi, la violence est-elle définie comme un rendez-vous d’amour manqué ! Elle est une réponse ( mauvaise ) à la souffrance qui en est résultée.

 

EN  QUOI  LES  EMOTIONS  SONT- ELLES  DES  AVERTISSEURS  DES  EMPRISES 

Les émotions surviennent souvent en réaction par rapport à un événement, de façon immédiate ou rapide : peur lors d’un accident, par exemple. Elles n’ont pas, alors, de signification particulière par rapport à notre personnalité profonde. Par contre, lorsque nos réactions émotives vont toujours dans le même sens, elles nous avertissent de ce qu’il y a dans nos profondeurs et que nous ignorons ! Ainsi, si j’ai ressenti une grande peur lors d’un accident, cela est peu significatif. Mais si j’ai une peur inexpliquée chaque jour à la tombée de la nuit, il est probable qu’il y a une emprise dans ma vie !

 

 

AVERTISSEURS  ET  CLIGNOTANTS

 

Les emprises que nous subissons et qui nous empêchent d’aller vers le Royaume ne sont pas toujours évidentes et sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont cachées à nos yeux.

L’Esprit-Saint, seul, peut alors nous les montrer. Mais Dieu veut que nous fassions tout, de notre côté, pour en prendre conscience à partir de ces « clignotants » qu’il nous donne afin de nous avertir du danger….et de nous le faire éviter !

 

QUELQUES  CLIGNOTANTS :

 

1)- Un péché tenace, qui colle à ma vie, dont je n’arrive pas à me débarrasser malgré tous les efforts jusqu’ici déployés.

 Exemple : Cet homme qui, avant sa « conversion », se gavait de porno. Il a renoncé à acheter ses anciennes revues et louer ses vidéos favorites. Mais, lorsqu’une publication porno traîne devant lui (ce qui arrive souvent, hélas, dans son milieu de travail), il ne peut s’empêcher de la déguster en long et en large, même s’il s’en désole après et se promet de ne plus recommencer ! 

Autre exemple : Ces personnes (sans précision de sexe) qui se livrent à la médisance à longueur de journées, et plus intensément encore à la sortie de la messe !

 

2)-Les attitudes contradictoires :

Exemples : -J’aime me retrouver avec les frères et sœurs de mon mouvement auxquels je ne manque pas de faire la bise….mais que je ne puis m’empêcher de les critiquer en toutes occasions et durement.

-          J’aime mon conjoint…mais il (elle) m’agace, ou bien j’en ai peur. Et avec Dieu, c’est pareil, mais je n’ose pas le dire !

-          Je loue Dieu d’une voix forte….mais je refuse son plan sur moi, sa miséricorde pour les méchants, c’est à dire pour les autres, tout en la réclamant pour moi. (Jonas 4, 1-11 )

-          Je proclame la Toute-puissance de Dieu, mais j’admets et respecte des « pouvoirs » concurrents (sorciers, mages, devineurs….).

-          Je déclare que Dieu est Amour, mais les « sacrifices » que je lui offre laisseraient à penser qu’il aime me voir souffrir !

Tout cela montre à l’évidence qu’il y a, en moi certaines complicités avec le mal, qui sont autant d’emprises occupant mon coeur et me rendant impur (Mc 7, 20-23 )…alors que j’ai tendance à accuser un « esprit de critique de médisance, de discorde ...etc…. » pour m’innocenter !

 

3)- Les « manifestations » qui surviennent lorsque la Toute-Puissance guérissante de Dieu est invoquée dans nos assemblées. Les parties de ma personne qui sont encore sous emprise sont alors un obstacle à la Lumièrela Lumière. Des zones d’ombre se dévoilent, sous forme de cris, d’agitation, qui n’ont rien à voir avec le repos dans l’Esprit. Les personnes qui manifestent ainsi doivent comprendre qu’il s’agit là, tout simplement, d’un clignotant allumé par le Seigneur . En effet, elles vivent un appel du Seigneur à se délivrer, avec son aide, des emprises qui gênent leur avancée vers le Royaume. Nous devons prier avec elles pour qu’elles prennent conscience des emprises qu’elles ont encore à combattre, qu’elles aient le courage de les regarder en face et de se faire aider pour les résoudre avec le Seigneur. Il n’y a pas lieu, dans ce cas, de chasser de quelconques « esprits mauvais » en passant à côté de l’avertissement du Seigneur ! éclatante de Dieu qui veut se manifester en moi par la paix, la joie, la douceur, la force spirituelle etc. ….La force de Dieu vient percuter ces obstacles à

 

4)-Les préoccupations excessives : Elles occupent la place principale dans ma vie, passent devant tout ce qui devrait être important à mes yeux. Il y a un « déplacement des valeurs »

qui me fait consacrer mon énergie à des choses sans véritable importance.

Par exemple, la préoccupation de ne pas vieillir, de paraître plus jeune que les jeunes, le besoin de faire l’important, de faire rire mon auditoire,la préoccupation de l’argent, la peur de manquer !…..

 

5)-Les passages à vide qui se répètent et deviennent continuels, un état dépressif inexpliqué, un découragement qui font sans cesse demander la prière aux frères qui finissent, eux aussi, par se décourager !

6)-Les émotions qui ne sont pas simplement en réaction à un événement qui les explique, et qui vont donc persister, voir envahir ma vie, sans que s’explique cette importance qu’elles prennent. Ce sont alors des avertisseurs efficaces d’une emprise si elles vont du côté du mal et de la mort.

Les émotions se répartissent en effet en deux catégories :

 

BIEN   AMOUR  VIE

MAL  HAINE  MORT

 

GAITE

JOIE                                                                                

COMPASSION

MISERICORDE

DOUCEUR

CONFIANCE

ATTIRANCE  AMOUREUSE

PAIX

RESPECT

REPENTIR

COLERE

BIENVEILLANCE

HUMILITE

LIBERTE

ZELE

 

TRISTESSE

MOROSITE

REPULSION

RANCUNE

VIOLENCE

MEFIANCE

INDIFFERENCE –DEGOUT

AGRESSIVITE- PEUR- ANGOISSE

INTOLERANCE

ENFERMEMENT

REVOLTE

HAINE- ENVIE- JALOUSIE

ORGUEIL

HONTE- FAUSSE  CULPABILITE

 

NB La souffrance est aussi une émotion, mais elle a une place à part car, même s’il est vrai que c’est le « mal » qui, initialement, est à son origine, elle peut, par contre, à partir du sens qui lui est donné, déboucher sur le bien.

C’est ainsi que,  du fait de l’amour de Jésus, les souffrances qu’il a traversées librement ont débouché sur le salut.                                  

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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 09:21

                                                  NOTRE  JUSTE  PLACE

 

Jésus aborde le problème de notre juste place à l’occasion d’un repas auquel il était invité, un jour de sabbat, en voyant les invités rechercher les « meilleures places » (Lc 14, 7-14).

En conseillant alors de choisir la dernière place, c’est le problème de notre juste place qu’il soulève.

 

Quelle est ma juste place ?

- C’est celle qui est prévue pour moi dans le Plan de Dieu

- Celle pour laquelle Dieu me donne les capacités et grâces nécessaires pour l’obtenir et la tenir .

 Ce n’est pas :

- Celle à laquelle j’aspire en fonction de mes convoitises (par exemple,la place du chef que mon orgueil me fait désirer).

- Ni celle que « le monde » veut m’attribuer, dans le plan des hommes, mais qui est :

                       -soit trop « haut » (comme quand les parents poussent trop leur enfant                 sur le plan scolaire afin d’obtenir, à travers ses succès, la gloire qu’eux  n’ont pas eue.

                       - soit trop bas, du fait de la jalousie et de la crainte des autres qui visent à me maintenir dans une place médiocre.

 

Alors, comment connaître quelle est ma juste place dans le Plan de Dieu ?

Par le discernement !

Comment obtenir ce discernement ?

        -Par l’écoute de Dieu dans le silence, dans la prière d’intimité, avec un cœur débarrassé des préoccupations, des rancunes, de la méfiance !

        

       -Par l’humilité : en se mettant d’abord à la dernière place, dans une attitude de respect, d’écoute, afin que, quand le Maître viendra nous chercher pour « monter plus haut », nous ayons la bonne réaction, qui est l’acceptation dans la simplicité, sans triompher en disant : « je savais que vous finiriez par reconnaître ma vraie valeur !

Tout au contraire, prendre conscience que la valeur de ma nouvelle place n’est pas dans « l’honneur » qu’elle me procure, mais dans les responsabilités que je devrai y assumer, au service du Plan de Dieu. Je dois accepter à l’avance les critiques, les calomnies, la fatigue, la perte de ma tranquillité, de mon confort et parfois de ma réputation, du fait de la jalousie, de  la méchanceté  etc…

 

CAR  MA  JUSTE  PLACE  DANS  LE  PLAN  DE  DIEU,  C’EST  CELLE  DU  SERVICE, dans l’imitation de Celui qui a dit « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir » !(Mc 10, 45)

 

Nous voyons bien, dés lors, la différence entre :

1)- ma « place » dans la reconnaissance de la part des autres (les marques de gratitude, les remerciements que je gagne, les honneurs….). Je dois me contenter d’attendre, à cette « dernière place » où je me suis mis, qu’il me soit demandé de « monter plus haut »….pour recevoir tout cela. Je dois même, comme nous le dit jésus, être heureux de ce que l’on ne me rende rien en récompense de ce que j’ai donné, mais attendre cette récompense « à la résurrection des morts » (Lc 14, 14). Je dois donner gratuitement (d’autant plus que j’ai reçu gratuitement !), en sollicitant des autres une aide pour m’améliorer et non des privilèges pour passer avant eux (le privilège étant une récompense devenue sans justification !).

 

2)- ma place de service dans le Plan de Dieu : c’est moi qui dois prendre cette place, sans même attendre qu’on m’y invite. Je dois, spontanément et avec joie discerner les  services que je puis rendre pour correspondre au désir de Dieu sur moi et sur les autres, que ce soit au niveau de mon couple, de ma famille, de ma profession, de l’Eglise, de la société. Je ne dois pas obliger les autres à mendier auprès de moi ce que je devrais leur donner spontanément et joyeusement. Je dois m’engager dans le service !                                                   

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6 avril 2008 7 06 /04 /avril /2008 15:29

 

ACCOMPAGNEMENT  EN  FIN  DE  VIE

 

Pour aborder ce problème, il faut définir :

-          ce qui caractérise la fin de la vie

-          ce que l’on entend par « accompagnement »

Il nous faudra aussi voir pour quelles raisons on intervient, dans quel but, donc, aussi, comment mener cet accompagnement, comment le gérer, en fonction de ce qui précède.

 

LA  FIN  DE  LA  VIE

Elle se situe à des âges bien différents car la vie peut être menacée aussi bien par l’usure d’une longévité prolongée que par une maladie mortelle survenant à tout âge. Les conditions sont alors très différentes, entre, par exemple, un jeune plein de dynamisme et de projets et un vieillard fatigué de vivre.

Quels éléments vont intervenir, par contre, dans tous les cas ? Ceux qui sont liés à la perspective de la mort et ceux qui influencent le vécu de la personne, tels que la perte de ses capacités d’agir, de penser, de s’exprimer, entraînant une souffrance par « privation », mais aussi une souffrance liée aux douleurs d’origine physique, telles que les douleurs cancéreuse parfois intenses.

La fin de vie est tout à fait différente entre quelqu’un terrassé par une maladie inattendue qui va l’emporter en quelques jours et quelqu’un qui n’en finit plus de quitter une vie qui l’abandonne. On voit tous les intermédiaires entre la personne qui se laisse « glisser » vers la mort et celle qui lutte farouchement contre elle. L’accompagnement devra donc s’adapter à toutes ces circonstances dont un bilan clair doit être dressé avant d’intervenir !

 

ACCOMPAGNEMENT

C’est cheminer avec quelqu’un, donc être non seulement présent, mais aller dans le même sens, tout en sachant que le but à atteindre dans un avenir plus ou moins proche, concerne l’un et non l’autre, ce qui crée une différence entre eux que rien ne pourra combler.

Cependant, cet accompagnement a des conséquences importantes pour l’accompagnateur, qui doit le savoir et l’accepter.

Ce cheminement suppose l’établissement d’une relation car il n’est pas simple juxtaposition de personnes, comme dans les transports en commun. Il doit y avoir une volonté délibérée de relation ou tout au moins une acceptation, des deux côtés : l’accompagné ne saurait être forcé, non plus que l’accompagnateur ! 

Nous étudierons : ce qui pousse à l’accompagnement, des deux côtés (les motifs), le but recherché. Puis nous verrons en quoi consiste l’accompagnement (réalisation, déroulement) et enfin les obstacles qui peuvent l’empêcher d’atteindre « son but ».

Dans tout cela va jouer la personnalité de l’un et de l’autre et dont on ne peut faire abstraction : il n’y a pas de relation neutre ! Pour chacun, entrent en jeu sa relation avec lui-même, les autres et Dieu et c’est de cet ensemble complexe que résultera le genre d’accompagnement qui sera pratiqué !

 

LES  MOTIFS  DE  L’ACCOMPAGNEMENT

 

Si l’on considère l’accompagnement comme quelque chose d’important, on en recherchera les motifs profonds et pas seulement des raisons certes valables mais secondaires par rapport à l’attente profonde des personnes. Par exemple, le désir, exprimé, de ne pas être seul, dénote, en fait, une difficulté à affronter ce que l’on porte en soi-même et que la présence d’un tiers permet d’occulter…mais sans aider à le résoudre !

Le premier motif d’un accompagnement c’est d’accéder à la vérité de ce qu’il y a en nous. Pour cela, il faut, bien entendu, être libre ! Or, il y a de multiples emprises qui bloquent le libre accès à cette vérité que nous portons en nous !

Tout être humain doté de la conscience de lui-même porte en lui la question primordiale : qui suis-je ?assortie de l’interrogation sur son origine et sa fin. C’est librement qu’il donne sa propre réponse qui va être révélatrice de sa relation profonde avec le Divin et, par voie de conséquence, avec lui-même et avec les autres !

La connaissance de notre relation au Divin va nous permettre d’approcher la vérité de ce qu’il y a en nous. Un premier travail consiste donc à étudier les diverses formes de relation des hommes avec le Divin (relation religieuse). Il faut préciser que cette relation est inexistante (du côté de l’homme !) si la personne est réellement athée. Ce n’est pas le cas, par contre, chez l’agnostique. Cette relation présente grosso modo trois types :

 

1)      Religiosité : On entend par là une disposition pour les « sentiments religieux », surtout en dehors de toute religion bien définie.

-Quelle structure de la personne est intéressée ? La personne manifeste essentiellement, sa relation au Divin par le biais de son corps et de son âme psycho affective, c'est-à-dire d’une façon très « sensible ».

-Qu’est-ce qui l’habite au niveau de son jugement ? Ce sont des « convictions », volontiers changeantes au gré des réactions de sa sensibilité.

-Quelle est sa piété ?c’est à dire, l’expression, dans le vécu concret, de sa relation au Divin. Dans la religiosité, une tonalité affective forte, avec manifestations gestuelles et vocales souvent bruyantes exprime la piété. La personne est très sensible à l’environnement et aux « forces »invisibles de l’univers, bénéfiques ou maléfiques. Elle désire se concilier ces forces afin de juguler les peurs qui souvent l’habitent et peuvent la pousser vers les pratiques magiques. La magie représente en effet une tentative pour « forcer le Divin » dans le sens désiré, avoir prise sur lui !

 

2) Croyance : c’est l’action de croire à la vérité ou à la possibilité d’une chose. Ici, il s’agit de ce qui concerne le Divin auquel on accède alors par la raison.

- C’est le psychisme qui est à la base de la croyance. Un travail d’analyse et de synthèse aboutit à l’élaboration de systèmes de pensée que l’intelligence de la personne estime vrais ou possiblement et logiquement vrais.

- Au niveau du jugement, il s’agit de « convictions » intellectuelles. Cela va de paire, en général, avec un esprit critique dont l’exacerbation peut entraîner une intolérance envers qui n’adhère pas à ces systèmes de pensée. C’est l’intelligence qui est garante de la croyance.

- La piété de ces personnes est généralement très réservée, sans manifestations physiques ni affectives. Les sentiments sont souvent refoulés par ce que « non raisonnables » et leur expression met mal à l’aise. Il y a une suspicion à l’égard de tout ce qui ne relève pas de la stricte raison, en particulier de ce qui vient du culturel car comportant un risque  d’extériorisation intempestive de ce qui doit raisonnablement rester caché.

 

 

2)      Foi :

-Structure concernée : l’esprit. La foi comporte, outre la croyance, la confiance dans le Divin et ceci dans le cadre de l’amour.

- Au niveau du jugement : Il ne s’agit plus de convictions basées sur le raisonnement. Ce n’est plus une  adhésion intellectuelle. C’est une certitude, d’ordre spirituel (tout comme la « certitude d’exister, qui est la certitude princeps de l’homme), entraînant une adhésion au Divin relevant de cette confiance en Dieu qui est le « premier pas » d’un véritable amour envers Dieu ! Cela dépasse tous les systèmes de pensée élaborés par l’intelligence psychique, sans les méconnaître, mais en les transcendant dans « l’intelligence de la foi ».

- Au niveau de la Piété : La conséquence de ce qui précède, c’est que peut alors s’établir une relation de dépendance, librement acceptée car elle relève de l’amour et non d’un désir de fusion : c’est une dépendance d’amour ! Elle crée des obligations pour la personne qui est dans cette situation, non seulement vis-à-vis de Dieu, mais vis-à-vis des autres, envers qui il n’est plus question d’être indépendant comme le prônent certaines « attitudes thérapeutiques ».

Cette foi, elle peut concerner l’accompagnateur, l’accompagné, ou les deux, ou aucun !

 

Mais on voit tout de suite qu’une discordance entre la relation au Divin de l’accompagnateur et celle de l’accompagné va poser quelques problèmes pour l’accompagnement. C’est d’abord à l’accompagnateur de prendre en compte les aspirations de l’accompagné découlant de la relation au Divin de ce dernier et non l’inverse. Plus encore qu’une question de tolérance, c’est le respect de la liberté découlant de la dignité de l’un et de l’autre.

Comme tout cela exige d’être « en vérité », on ne peut demander pas plus à l’accompagnateur qu’à l’accompagné, de renoncer à sa personnalité, laquelle comporte sa relation personnelle au Divin dont il ne peut faire abstraction et qui est généralement à l’origine de la relation nouée avec l’autre !

 Ce qui fait entrer en relation avec l’autre lors de cette fin de vie est variable.

Selon le cas, c’est une solidarité affective, ou culturelle, ou une solidarité « raisonnée », ou encore l’amour du prochain et jusqu’à l’amour spirituel, l’agapé, qui poussent à l’accompagnement. Les motivations sont donc très diverses. Cependant, l’un et l’autre doivent rester libres, et cela implique respect et tolérance.

Quelle est la source de ce respect et de cette tolérance?

Elle se trouve dans la dignité des personnes humaines ! Mais qu’est-ce qui fait cette dignité ?

La réponse à cette question dépend étroitement de la relation de chacun au Divin.

1) Si nous sommes dans la « religiosité », la dignité humaine viendra de la capacité à ressentir des sentiments, à « communier » avec la nature, à exprimer des sentiments forts et pas forcément accordés à l’amour, voir même, à l’opposé, orientés vers la domination, la cruauté. Si la culture dans laquelle s’exprime cette religiosité est imprégnée de violence, de peurs, d’agressivité réactionnelle, la « dignité » des faibles, des « pauvres » sera méconnue. C’est alors la « loi de la jungle » : le plus fort dicte sa volonté, change l’énoncé des « droits de l’homme » au gré de l’évolution de ses désirs et des fluctuations de sa morale personnelle érigée en valeur absolue.

IL en résulte un caractère aléatoire des « droits de l’homme » ! Exemple:

- La traite et l’esclavage où la dignité humaine est refusée au faible, l’esclave.

- La libéralisation de l’avortement où la dignité humaine est refusée à celui qui a pourtant, en lui, en puissance, toutes les capacités caractérisant un être humain.

2)Par contre, si nous sommes au niveau de la croyance ou de la foi, les « droits de l’homme » découlant d’une croyance en Dieu avec subordination de l’homme à la Parole révélée de Dieu offrent une stabilité. Mais s’il y a stabilité dans le temps, il y a variation entre les différentes « Paroles révélées » quant à l’origine de la dignité de l’homme et par conséquent aux droits qui en découlent.

- Ainsi, si la Parole de référence est celle de l’Islam, le Coran, la dignité de l’homme se trouve dans la soumission à Dieu. Les droits et devoirs de l’homme offrent une stabilité dans la soumission à Dieu, à travers le Coran, mais dans une relation dont le moteur est la crainte plus que l’amour.

- Si la Parole de référence est la Bible, accueillie dans la perspective d’une révélation progressive mais pleinement accomplie dans le Christ, la dignité de l’homme est dans sa filiation  par rapport à Dieu dont il est l’image. En bref, c’est l’amour, porté à l’homme par Dieu en premier qui fait la dignité irréductible de l’homme. Dans cette vision des choses, l’amour se traduit, au niveau de Dieu par :

- la compassion envers la faiblesse de l’homme

- la miséricorde envers ses refus d’amour.

Au niveau de l’homme, l’adhésion au Plan de Dieu sur chacun et sur tous, Plan de bonheur, se traduit là aussi par le pardon et la compassion. Ces deux dernières démarches sont à l’origine d’un désir d’accompagner basé sur la relation à Dieu et, par voie de conséquence, à l’accompagné. Ce dernier, dans sa liberté pleine et entière, accepte la compassion et la miséricorde de l’accompagnateur, lequel sollicite pour lui-même la compassion et la miséricorde de l’accompagné. On passe alors de la simple solidarité à la réciprocité de l’amour. C’est un peu ce qu’évoquait la recommandation de saint Vincent à ses disciples, d’avoir à se faire pardonner le pain procuré !

Cet approfondissement des motivations de l’accompagnement va mieux nous permettre d’en comprendre les exigences


LES  EXIGENCES  DE  L’ACCOMPAGNEMENT

 

Nous nous situons du côté de l’accompagnateur et aussi de l’accompagné, dans le souci du respect de cette dignité humaine reconnue par la foi chrétienne.

Alors que la psychologie offre des solutions élaborées et pertinentes pour résoudre les problèmes des relations humaines, par contre, elle n’a pas vocation à répondre à l’attente d’amour qu’exprime directement ou indirectement l’accompagné. Elle a toujours difficulté à gérer la distance entre les interlocuteurs dans la neutralité qu’elle affecte et qui est d’ailleurs une illusion, car l’humain n’est jamais neutre !

Nous envisageons donc l’accompagnateur se situant dans la foi et considérant l’accompagné à partir de celle-ci, quelque soit la relation au « divin » de cet accompagné.

 L’accompagnement doit être échange, à égalité de dignité. Il n’y a pas un assisté et un assistant. On ne peut ni ne doit se mettre à la place de l’autre.

 

                            EXIGENCES  POUR  L’ACCOMPAGNATEUR

Elles tournent d’abord autour de l’exigence première qu’est celle de la vérité.

1)      Connaître l’autre en vérité :

- Qui est-t-il ? Dans la discrétion, on accueille avec reconnaissance ce que l’autre va livrer de lui-même, selon son désir et à son rythme. On chemine à ses côtés, pas devant lui ou en lui « tirant les vers du nez » !

-A quel stade est-t-il du travail de deuil ? (dont les différentes étapes sont bien connues : qs). Pour chacune de ces étapes, il s’agit de la vivre « en vérité » !

Etre en vérité, par exemple, dans l’appréciation des raisons d’espérer raisonnablement et des raisons de ne pas attendre d’amélioration. L’accompagné chemine, en effet, sur la crête étroite qui sépare espoir et désespoir. L’accompagné demande, ouvertement ou indirectement, que l’on confirme la tendance quotidienne de son humeur.

Nous avons le devoir de résister à cette attente et de garder ainsi une objectivité qui servira de référence fiable.

- Etre en vérité, c’est aussi voir clair dans les réactions et sentiments qui montent chez l’accompagné et déceler l’attitude profonde qui est en cause. Ainsi peut-il survenir une réaction de colère. Nous devons l’accueillir en tant que légitime cri de scandale contre la souffrance. Nous devons même faciliter l’expression concrète de ce cri, en sachant que l’accompagné peut lui donner différentes significations. Ce peut être la révolte, avec haine destructrice !ce peut être, par contre, l’amorce du pardon envers le ou les responsables de ces malheurs, hommes ou Dieu ! Par cette amorce de pardon, la personne redevient maîtresse d’elle-même, de son « histoire ». Elle peut choisir de pratiquer la « justice de Dieu » qui est folie de la miséricorde, au lieu de celle des hommes qui n’aboutit qu’à la haine destructrice.

- Au stade du « marchandage », être en vérité, c’est reconnaître qu’on n’a pas encore renoncé à conduire les événements …tout en laissant croire qu’on a accepté ce qui nous arrive !  

-Etre en vérité, c’est aussi réaliser, à toutes les étapes du deuil, que rien ne peut remettre en cause notre dignité d’enfants de Dieu, malgré toutes nos blessures physiques, psychiques, spirituelles.

 

2)      Aider l’autre à dresser le bilan de sa vie.

      C’est, en effet, une préoccupation de cette fin de vie que d’en faire le bilan. Là aussi, il      

      s’agit d’être en vérité.

Pour cela, il convient d’aider la personne à discerner sa « position de vie » habituelle, dont on fera comprendre qu’elle se situe plus souvent dans l’un des deux registres  sauveteur ou victime, que dans celui de « pêcheur pardonné, ni sauveteur, ni victime » qui est notre position véridique.

 

Ce bilan doit faire ressortir :

     - non pas les réussites illusoires, les satisfactions passagères

     -mais les véritables œuvres d’amour, sans ignorer l’indifférence et les refus !

                     Il ne s’agit plus de juger selon les critères du « monde », mais selon ceux de l’amour (cf Mt 25) et faire le compte :

                      - des valeurs vraies, mises en œuvre au cours de l’existence

                      - des contre-valeurs, reconnues comme contraires au véritable but de la

                       vie tel qu’il se dévoile ou se confirme à l’accompagné, pour arriver, si possible, à l’adoption de la position de vie idéale définie ci-dessus.

 

3) Se livrer soi-même à l’accompagné. C’est peut- être encore plus difficile ! On doit éviter les pièges de la comparaison, de la dépréciation de soi, où, au contraire, de la tentation de se faire exemplaire.

Tout ce qui sonne faux dans notre attitude d’accompagnateur sera vite repéré, par l’accompagné, comme autant de contre témoignages de l’amour.

Par contre, l’aveu discret, en temps voulu, de nos faiblesses permettra à l’accompagné de vivre, à notre égard, compassion et miséricorde et de devenir ainsi notre partenaire et non notre assisté. Cela doit aller jusqu’à l’acceptation de la « mise en boite » !

 

4) Avoir toujours en vue la réalisation du Plan de Dieu sur soi, sur l’accompagné, sur tous. Ce Plan, c’est la pleine participation au bonheur même que Dieu connaît dans sa Vie trinitaire d’amour. La démarche de l’accompagnateur va dans ce sens. Elle rejoint celle de l’accompagné qui est de trouver ou retrouver le bonheur, auquel il aspire et qui, la plupart du temps lui échappe !

Il faut donc découvrir, avec l’accompagné, tout ce qui fait obstacle à ce bonheur et tout ce qui y conduit par le biais d’une correspondance à ce pour quoi il est fait, c'est-à-dire à l’amour !

Pour que cette correspondance soit effective, il faut écarter les obstacles que représentent certains manques ou certaines oppositions qui, en empêchant la satisfaction de désirs légitimes qui procèdent   du besoin fondamental d’être aimé et d’aimer, créent une souffrance.

 

LA  SOUFFRANCE

 Elle se présente a priori comme un obstacle au bonheur, donc au Plan de Dieu et à la réalisation de ce Plan à travers l’accompagnement. Elle doit être appréhendée méthodiquement.

a)      – La souffrance d’origine « physique » vient de l’intégration, par la personne, de la douleur ressentie en son corps. Cette souffrance varie selon le stimulus douloureux, son intensité, sa constance, son caractère et selon la personnalité de celui qui la ressent. Elle peut menacer l’intégrité de la personne et doit alors être combattue énergiquement et efficacement. Le but de la thérapeutique est de prévenir cette douleur, de la rendre tolérable sinon inexistante. Combattre la douleur physique, c’est combattre la souffrance qui en résulte.

b)      – La souffrance «morale » vient, elle, de l’insatisfaction du désir fondamental d’être aimé et d’aimer.

L’insatisfaction du désir d’être aimé engage la responsabilité des tiers.

   Elle résulte d’événements qui sont objectivement des atteintes à l’amour. Mais parfois il s’agit d’interprétations inadéquates d’événements, d’actes, d’attitudes, qui, en réalité, ne portaient pas atteinte à l’amour ! L’erreur vient alors de nous !

L’insatisfaction du désir d’aimer engage la propre responsabilité de chacun et se manifeste par la conscience de culpabilité qui est prise de conscience de nos actions, pensées et manquements contraires à l’amour et des dégâts qui en résultent, pour le prochain, pour nous-mêmes et pour Dieu !

Cette conscience de culpabilité est à distinguer formellement du sentiment de culpabilité, car leur confusion, fréquente, est un obstacle au bon déroulement de l’accompagnement. Aussi, les choses doivent-elles être mises au point clairement :

          Le sentiment de culpabilité s’élabore à partir de notre inconscient, très précocement dans notre existence. Il porte sur ce que nous sommes et non sur nos actes. Il procède des blessures reçues au niveau de notre désir d’être aimé, toujours insatisfait. C’est une réponse inadéquate et perturbante de notre inconscient dont nous devons nous débarrasser au maximum. En effet, il entraîne des réactions qui sont grosso modo de trois types, tous aussi dommageables pour l’amour ( cf Anthropologie chrétienne chap 3) !

La conscience de culpabilité, au contraire, nous permet, par le biais du repentir, d’arriver à la paix du pardon. C’est cette paix que nous pouvons souhaiter et peut-être favoriser chez l’accompagné en clarifiant ces notions si importantes et en amenant à réaliser que la seule solution véritable du sentiment de culpabilité se trouve dans le pardon donné !

                     

La souffrance «  morale » de l’accompagné exige le respect de ces réactions de sa liberté que sont la colère, voir la désespérance nées de sa conviction de ne pas être aimé ! Il se croit souvent abandonné à son triste sort, sans pouvoir trouver d’explication satisfaisante à ce qui lui arrive. Ce respect comporte le renoncement à tout discours « moralisateur » sur la souffrance et, par contre l’accueil dans l’amour de toutes les réactions nées de cette souffrance, quelles qu’elles soient, pour peu qu’elles n’entament pas la dignité indestructible de celui qui les manifeste !

          La souffrance peut représenter un obstacle à la réalisation du Plan de bonheur de Dieu

            si elle en vient à saper la confiance et l’espérance de l’accompagné.

 

                               EXIGENCES  DU  COTE  DE  L’ACCOMPAGNE

 

Confirmer, retrouver ou trouver un sens à sa vie qui satisfasse le désir fondamental, en lui, d’être aimé et d’aimer. Quelle que soit sa philosophie, sa religion, c’est quelle que chose dont il a encore la maîtrise…..et la responsabilité ! Donner un sens à tout ce qu’il a vécu et vit encore confirme sa dignité !

Dresser le bilan de sa vie. Cela exige une aptitude à changer son regard sur les événements, les actions, les idées, les pensées.

Ce qui a été le moteur de sa vie autrefois n’offre peut-être plus aucun intérêt et peut même entraîner dégoût ou remord. Les fausses valeurs apparaissent dans leur vanité, créant comme un vide, la conviction d’une vie gâchée pour rien. Le doute s’installe vis-à-vis de l’échelle des valeurs et le désespoir est au rendez-vous.

Mais il ne faudrait pas sombrer dans une dépréciation systématique de soi entretenue par un fort sentiment de culpabilité.

Avec, au besoin, l’aide de l’accompagnateur, il faut tout à la fois discerner ce qui a été obstacle à l’amour ou conforme à lui, et croire, avec Saint Paul que, pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt à leur bien (à la réalisation, pour eux, du plan de Dieu !), en particulier leurs bonnes actions, également leurs épreuves, mais même aussi leurs dérapages!

Evaluer tout par rapport à l’amour exige d’avoir bien compris ce qu’est celui-ci :

- d’une part, don de ce qui est nécessaire au bonheur véritable de l’autre

- d’autre part, acceptation de dépendre de l’autre pour notre propre bonheur, dans une libre dépendance d’amour.

Ainsi sera dressé un bilan véritable de la vie, par rapport à l’amour, différenciant :

- ce qui vient du sentiment de culpabilité, dont il faudra se débarrasser pour réaliser quelle merveille nous sommes aux yeux de Dieu malgré notre situation de pêcheurs,

- ce qui vient de la conscience de culpabilité et qui, par la « douloureuse joie » du repentir, nous introduit dans la miséricorde de Dieu et la paix. Bien entendu, demeure la nécessité de la « réparation » qui consiste à entamer la conversion nécessaire pour ne plus retomber dans les mêmes erreurs et pêchés.

Le bilan de sa vie réalisé par l’accompagné, devrait normalement déboucher sur la miséricorde. La miséricorde est une réalité « à double entrée » et implique donc :

-la remise de la « dette » que nous avons contractée du fait de nos atteintes à l’amour, (que ce soit la remise par Dieu pour le croyant, ou par autrui),

- mais aussi la remise à ceux qui nous ont offensé. Or, c’est un dur travail de deuil que celui du pardon donné ! Il comporte toutes les étapes bien connues du travail de deuil, mais ne s’arrête pas à la résignation. Au lieu de celle-ci, dont le caractère négatif ne porte pas à l’espérance, il est proposé, dans le cadre du Plan de Dieu, une participation au salut du monde ! Pas moins ! Il s’agit d’accepter la proposition de Dieu de suivre le Christ dans son œuvre de rédemption. Comme « celui qui déclare demeurer en lui doit lui-même marcher dans la voie ou lui a marché » (1 Jn 2, 6). Il s’agit d’offrir sa vie librement, avec lui, pour le salut du monde. Cette réalisation, incompréhensible pour la raison et seulement accessible dans l’amour, elle se concrétise dans l’eucharistie. Il ne s’agit plus de simple solidarité, mais de communion d’amour !

 

Le bilan de la vie, pour faire accéder à la LIBERTE, doit, on vient de le voir, déboucher sur la miséricorde. Il doit aussi révéler les EMPRISES et comporter leur élimination : cf le document « obstacles-emprises ».

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